Céphalopodes- fossiles du Muschelkalk
Publié le 5 Mai 2021
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- Quelques mots au sujet de la fossilisation
Si le terme de fossile désigne les restes conservés d’organismes vivants, la plupart du temps, il s’agit des parties dures à savoir la coquille dans le cas des Mollusques (animaux à corps mou protégé par une coquille). Mais à l’origine, la coquille des Céphalopodes (Mollusques à coquille cloisonnée, à tête entourée d’une couronne de tentacules) est composée d’une variété de calcite instable, l’aragonite. Cette dernière finit par se dissoudre au sein du sédiment qui l’emprisonne et ce n’est que son contenu en boue calcaire ayant occupé les vides laissés par le corps de l’animal qui trahit l’existence d’une forme vivante au départ. Nous sommes en présence de l’empreinte interne de la coquille (et des cloisons) comme dans le cas d’un kougelhopf dont le moule aurait disparu en cours de cuisson. Lorsque la coquille a été recouverte de boues argilo-calcaires, le dégagement du fossile est grandement facilité, mais pris dans une gangue calcaire, il demande des heures de préparation et peut réserver des surprises (cassures)... A noter que la coquille a pu servir de support à des êtres marins fixés dont la coquille a pu se conserver : c’est le cas des encroûtements assez fréquents par une petite huître Placunopsis ostracina.
- Céphalopodes du Muschelkalk local
Les fossiles de Mollusques sont bien présents sur tout le pourtour vosgien, dans les terrains du Muschelkalk (= calcaire coquillier). Ils témoignent de l’existence d’un régime marin à l’époque du Trias moyen. Parmi les nombreux groupes rencontrés, les Céphalopodes sont sans aucun doute les plus curieux et les plus souvent ramassés, voire collectionnés. Deux groupes voisins appartenant à deux lignées évolutives sont présents : les Nautiloïdés et les Cératites (: une page prochaine leur sera réservée). Les Nautiloïdés sont un groupe ancien apparu à l’ère primaire (- 500 millions d’années) qui possède encore des représentants actuels dans l’océan indien. Les Cératites se sont épanouies au Trias et forment avec les Ammonites un groupe éteint.
Deux espèces de Nautiloïdés se retrouvent dans les terrains du Muschelkalk : (Germano)Nautilus bidorsatus et Nautilus tridorsatus (suevicus).
Pour les Cératites et selon les auteurs, ce sont une quinzaine d’espèces ou zones qui ont été identifiées au sein des Couches à cératites. L’espèce la plus commune est Ceratites nodosus.
3) Caractères distinctifs (au niveau des fossiles)
Les nautiles
Ils sont souvent de taille respectable (Ici, exemplaire non complet, h = 24 centimètres). Le bord de la coquille de Nautilus bidorsatus possède deux crêtes séparées par un sillon et visibles sur le haut. L’aspect externe de la coquille recouverte localement de précipitations secondaires calcaires et de petites valves rondes de l’huître Placunopsis ostracina est globalement lisse. Le corps de l’animal occupe la cavité externe la plus développée. Le reste de la coquille est cloisonné en loges remplies à l’origine par un mélange liquide-gaz. Ces cloisons sont simples et incurvées. Les loges communiquent par un siphon situé au centre des cloisons (coupe).
Beaucoup des caractères du nautile actuel sont prêtés aux formes fossiles. La locomotion, grâce à une propulsion par jet d’eau à travers un entonnoir orientable. Le déplacement vertical au sein de la colonne d’eau grâce au système des loges qui fonctionnent à la manière de ballasts. Les formes hydrodynamiques des coquilles anciennes suggèrent que les nautiles fossiles étaient des organismes nageurs, chasseurs des fonds marins.
Ce dernier élément est corroboré par l’existence de pièces fossiles (2cm) reconnues secondairement comme appartenant aux nautiles. Il s’agit de “becs de nautile” à savoir les mâchoires cornées qui ont fossilisé (photo ci-dessous) .
Représentants actuels
Coquille de Nautile actuel (photo Magnus Manske)
Nautilus in the water goodfree_ photos_public domain
Remarque : une vue 3D de Nautilus bidorsatus orientable existe sur le net
Luftbild Rohde sketchfab.com
Les cératites
fossile de Ceratites nodosus. (diamètre environ 10 cm). On note les cloisons à tracé sinueux, la présence de reliefs sous forme de côtes (1) et de nodules (2).
Vue sur le rebord de la coquille. En A, la trace du conduit ou siphon reliant entre elles les loges.
En fonction des espèces, la taille peut varier de quelques cm à quelques décimètres . La forme extérieure de la coquille présente des reliefs sous forme de côtes (1), de nodosités ou tubercules (2). Là aussi, c’est la dernière loge (partie claire à gauche) qui était occupée par le corps de l’animal relié aux loges d’accroissement par un siphon situé contre le rebord de la coquille et dont la trace est visible sur certains fossiles (A). Les cloisons présentent une particularité qui fait l’originalité du groupe à savoir la ligne de suture caractérisée par une succession de selles et de lobes ces derniers étant dentés. L’effet de ces replis tant externes que internes a sans doute un rôle protecteur rendant la coquille plus résistante face aux prédateurs. Des traces de « morsures » fossilisées et réparées ont pu être retrouvées. On attribue aux cératites un déplacement de type marcheur sur le fond marin. Elles auraient eu une fonction de chasseurs et de détritivores.
Photos (sauf mention) textes, recherches, schémas et bibliographie
Étienne Feuchter (Anab)