Droit d’accès à l’information environnementale : la France persistera-t-elle dans l’illégalité ?

Publié le 26 Avril 2021

Droit d’accès à l’information environnementale : la France persistera-t-elle dans l’illégalité ?

paru sur FNE le 31/3/2021

En réponse à une plainte déposée par un bénévole de France Nature Environnement auprès de la Commission européenne en 2017, la France a été mise en demeure, en mai 2020, d’améliorer l’accès à l’information environnementale. Peu d’avancées depuis de la part du gouvernement, mais, grâce à la mobilisation de France Nature Environnement et de Greenpeace, un amendement a été déposé dans le cadre du débat sur la loi dite "Climat & Résilience" pour permettre un accès rapide aux informations environnementales devant les juges. Il est urgent pour le Gouvernement et le Parlement de réagir, car sans mesures convaincantes de la France, la Commission pourrait rendre un avis motivé enjoignant à la France de se mettre en conformité avec le droit européen.

Faire valoir le droit à l’information des associations de protection de l’environnement

“La transparence est la première condition de la démocratie participative” clamait François Hollande lorsqu’il était chef de l’État. Or dans les faits, concernant les informations relatives à l’environnement, c’est plutôt l’opacité qui règne. Les exemples ne manquent pas : Notre-Dame des Landes, Arkema sur le bassin industriel de LacqCigéo, Caussade, Lactalis… Documents dissimulés, refus de communiquer par l’administration, appréciation extensive du secret, rapports caviardés, saisines répétées de la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) et des juridictions... Voilà le vrai quotidien des associations de protection de l’environnement, dont le droit à l’information est trop souvent bafoué. 

Face à cette situation, France Nature Environnement avait décidé de soutenir la plainte déposée à l’encontre de la France auprès de la Commission européenne le 6 décembre 2017, et la pétition au Parlement européen adressée le 19 mai 2018 par un de ses bénévoles. 

C’est sans grande surprise que la plainte a abouti : le 14 mai 2020, la France a été mise en demeure par la Commission européenne d'améliorer l'accès des citoyens à l'information en matière d'environnement, et ce dans un délai de quatre mois. En réaction à cette mise en demeure inévitable, le ministère de la Transition écologique et solidaire a publié le jour même une circulaire relative à la mise en œuvre du droit d’accès à l’information environnementale.  

Néanmoins, France Nature Environnement déplore le double discours du Gouvernement. Sur le terrain, les associations ont encore essuyé des refus injustifiés cette année. Faute de mesures concrètes facilitant l’accès aux informations environnementales et d’explications convaincantes de la part de la France, la Commission européenne pourrait franchir une étape supplémentaire et délivrer un avis motivé

France Nature Environnement lanceur d’alerte

Le droit d’accès à l’information environnementale est consacré par de nombreux textes au niveau international, européen et français[1]. Toutefois, malgré sa consécration par les plus hautes instances, ce droit, très souvent bafoué, est vidé de sa substance, tant par l’absence culturelle de transparence des administrations que par l’insuffisance des moyens de la CADA[2], qui est censée donner son avis rapidement en cas de refus. 

Depuis plusieurs années, les associations du mouvement France Nature Environnement n’ont de cesse de souligner les difficultés rencontrées concernant l’accès à l’information sur l’environnement, et ce notamment dans le cadre des rapports d’exécution de la Convention d’Aarhus transmis périodiquement par la France au Secrétariat de la Convention. 

Depuis 2008 et à plusieurs reprises[3], l’alerte est donnée concernant l’inertie et la réticence « culturelle » à la transparence qui existent au sein de l’administration, dissimulées sous une appréciation trop extensive des exceptions permettant de s’opposer à la communication. À cette culture de l’opacité s’ajoute le manque de moyens des administrations pour connaître et favoriser l’accès à l’information élargi en matière environnementale. La CADA n’est pas en mesure de traiter le nombre important de demandes d’avis qui lui sont adressés (près de 5 000 par an), les délais de réponse s’allongent année après année et, sans ces avis, les associations sont souvent dans l’impasse. Enfin, France Nature Environnement a toujours dénoncé les régressions concernant l’information du public et les sites SEVESO en demandant une réelle conciliation entre les intérêts de sécurité et d’information du public[4].

On espère certainement que les citoyen·ne·s se découragent d’obtenir des informations concernant les pollutions et les risques engendrés par les industries proches de leur domicile. Pourtant ce droit est très important pour quiconque veut en savoir plus, comme cela a été le cas à Rouen après l’explosion sur le site de Lubrizol par exemple : l’administration contrôle-t-elle régulièrement ce site ? Les règles préventives sont-elles respectées ? Ce sont des informations indispensables pour les riverains, et nos associations de protection de l’environnement. 

Trop souvent, les associations doivent ainsi saisir la CADA pour avis, les tribunaux ou même les instances européennes, et perdent ainsi des années. Ces constats relatifs à la culture du secret au sein d’administrations peu diligentes, voire de mauvaise volonté, découragent les citoyen·ne·s – un rapport d’information du Sénat[5] en a d’ailleurs fait explicitement état il y a plus de six ans.

Et maintenant ? France Nature Environnement exige le jour d’après pour la démocratie environnementale

Parce que le droit à l’information est au fondement de toute société démocratique et qu’il contribue, en matière environnementale, à garantir le droit de chacun·e à vivre dans un environnement sain et préservé, France Nature Environnement demande :

  • Que le Gouvernement français applique et fasse appliquer effectivement le droit de tou·te·s à accéder aux informations relatives à l’environnement ;
  • Qu’un référé communication devant le juge administratif soit créé, afin d’accélérer l’obtention des informations environnementales et de contribuer à mettre le droit français en accord avec le droit européen et international[6]. Cette demande a été reprise par un amendement sur le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique : nous demandons aux parlementaires d’adopter cette mesure contre le climat d’opacité français, pour plus de transparence et un meilleur accès à l’information environnementale.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Consommation

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J
C’est malheureusement toujours le même problème de cette mentalité politicienne médiocre et néfaste visant à dissimuler ce qui prouve les nuisances d’un système pro fric et méprisant de la vie sous toutes ses formes.
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A
Le constat est là et la conclusion que tu fais Jpl s'impose d'évidence...<br /> <br /> Roland<br />