Le Coucou gris
Publié le 18 Avril 2021
Il existe des abeilles et des guêpes parasites dénommées abeilles-coucou et guêpes-coucou.
Roland
Nom scientifique :Cuculus canorus Linnaeus, 1758
Origine du nom : « cuculus» est l’onomatopée en latin de son chant et « canoris » signifie mélodieux en latin.
Nom allemand : Kuckuc
Observation : le 14 avril à Oermingen
Famille : des Cuculidae (les coucous) qui comprend 146 espèces sur notre planète. Une des particularités de cette famille est la disposition des doigts des pattes de type zygodactyles comme celles des pics : deux doigts dirigés vers l’avant et deux doigts vers l’arrière.
Dimensions et poids : 32 cm avec la queue, envergure environ 60 cm, poids 125 g. (100/150)
Longévité : 12 ans
Description : c’est un oiseau de la taille d’un faucon crécerelle, de couleur grise avec un bec gris et des yeux cerclés de jaune.
La queue est arrondie et les plumes ponctuée de blanc. Le ventre est blanc rayé de gris.
La femelle est d’aspect semblable même s’il existe des formes roussâtres.
Chant : le chant du coucou, tout le monde le connait ! « coucou », « coucoucou ». Il est émis par les mâles en quête de femelles ou par ceux défendant leur territoire. Les femelles émettent des gloussements en réponse.
. (Écoutez ci-dessous).
Habitat : oiseau présent dans tous les milieux ouverts, semi-ouverts, forêts et montagnes jusqu’à 2000m.
C’est un oiseau migrateur qui se reproduit en Europe mais retourne au sud, en Afrique australe en hiver à plus de 7000 à 9000km.
Vers fin mars, il est de retour chez nous.
Remarquez qu’en Afrique le Coucou est un inconnu pour la quasi-totalité de la population. Pas étonnant : il est muet pendant cette période et ressemble à d’autres oiseaux.
Nourriture : le Coucou gris est un insectivore qui consomme des criquets, chenilles y compris les plus velues souvent dédaignées par les autres oiseaux, mais aussi des vers de terre.
Comportement : la période de reproduction commence mi-avril. Le mâle est présent 1 semaine avant la femelle sur la zone de reproduction où il marque son territoire (30 hectares en moyenne). Il n’est pas confirmé qu’un mâle et une femelle donnés forme un couple stable toute leur vie comme d’autres espèces.
Nidification : la femelle ne construit pas de nid mais dépose ses œufs à partir de fin avril, jusqu’à 20 œufs en une saison, dans les nids des autres oiseaux pendant leur absence.
Les espèces parasitées ne s’aperçoivent pas toujours de ce nouvel œuf, semblable en couleur et en motifs. La femelle coucou gobe un œuf ou le jette hors du nid, avant de déposer le sien pour ne pas éveiller les soupçons de la femelle parasitée.
Les coucous peuvent parasiter plus de 100 espèces différentes, en particulier les bergeronnettes, rousseroles, rouges-queues, Troglodyte mignon.
Si vous regardez bien le plumage et les dessins du dessous, ils ressemblent à ceux de l’épervier. Ce mimétisme du Coucou provoque à son approche la fuite des parents qui couvent des œufs dans leur nid. Ce départ lui permet ainsi de commettre son « affreux forfait. »
La femelle Coucou s’attaquera volontiers aux œufs d’une couvée d’un oiseau qu’elle veut parasiter. C’est le cas si la couvée est trop avancée et donc en échec dans sa stratégie d’y ajouter un œuf qui se développe avant les autres. Le nid vide va déclencher une couvée de sauvegarde et améliorer les chances du Coucou de parasiter le nid.
Le bébé coucou est un « tueur né »
Le jeune coucou va sortir de son œuf 24 à 48 heures avant les oisillons contenus dans les œufs du nid. Une zone hypersensible de son dos nu au contact d’un œuf (ou de n’importe quel objet) va déclencher une poussée réflexe de ce dernier jusqu’à l’éjecter hors du nid. Il va le pousser de toutes ses forces même si l’œuf pèse presque le même poids que lui.
Cet instinct est inscrit dans ses gènes si bien que notre jeune Coucou se retrouve au bout d’un moment seul dans le nid.. Les parents auront cet unique oisillon à nourrir. Guidés par leur instant maternel et paternel, les parents vont tout faire pour nourrir cet oisillon souvent deux fois plus gros qu’eux après 12 jours.
A ce moment là, il ne tient plus dans son nid. Il réclame sa pitance depuis une branche à proximité du nid. Ce comportement va aussi faciliter sa prédation par des petits carnivores, fouines, belettes, renards et rapaces. (40% meurent ainsi)
Prédateurs : rapaces, corneilles, écureuils, fouines, renards.
Protection protégé par la loi selon l’arrêté du 29/10/2009. L’estimation du nombre de couples nicheurs dans notre pays est de 130 000 à 200 000 couples. Ce nombre est en amélioration ces dernières années. Dans les autres pays d’Europe occidentale il est en net retrait.
L’agriculture intensive avec ses mauvaises pratiques d'arrachage des arbres et haies et d’utilisation abusive de pesticides affectent sévèrement les populations hôtes dépendantes des insectes que parasite le Coucou.
Contes et légendes très nombreuses, difficile de les citer toutes :
la plus connue, « quand il faisait entendre son premier chant, il fallait avoir de l’agent en poche ». Dans ce cas on avait de grandes chances de finir riche !
En Suède la croyance était liée à la situation géographique du chant du Coucou vers lequel on pointait le doigt.
Au nord, il annonçait des souffrances, à l’Est un réconfort, au Sud la fin d’une attente, à l’Ouest un événement heureux.
Au Pays de Galles, un dicton bien connu lié au coucou disait ceci :
quand le coucou arrive avec les arbres nus vends la vache et achète le grain, mais s’ils sont en floraison, vends le grain et achète un mouton.
Sens des mots : les termes « cocu » et « cocufier » dérivent tout droit du nom de notre oiseau du jour. Le coucou utilise sans vergogne le sens parental et le nid d’autres espèces. Le parallèle est à faire avec l’idée que le « cocufieur » est perçu comme un intrus profiteur même si la partenaire est consentante. Cette interprétation peut varier selon les lecteurs, chacun restant libre de penser autrement. Ces expressions se retrouvent dans de nombreuses langues (italien, anglais…) toujours en allusion au Coucou.
Article illustré par Claudie Stenger,talentueux photographe naturaliste de notre région, d’autres photos d’oiseaux et animaux sauvages sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab) et Bernard Weinzaepflen (Anab)
Webographie :
https://www.monaconatureencyclopedia.com/cuculus-canorus/?lang=fr
Wikipédia,
https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/3465/tab/fiche