Trop de cours de récréation goudronnées et bétonnées, la "renaturation" est lancée
Publié le 24 Août 2021
paru sur France info le 6/6/2021
Donnez-nous, donnez-nous des jardins, des jardins pour y faire des bêtises... les galipett’s sur le ciment c’est pas d’ la crème", chantait Pierre Perret.
Depuis des décennies, le ciment, le goudron ont été choisis pour les cours d'écoles, les arbres sont rares, survivant dans leur petit rond de terre. Les jeux en plastiques complètent le tableau.
Ces cours déprimantes sont des "ilôts de chaleur" et l'eau de pluie ruisselle sans pouvoir s'infiltrer. De nombreuses villes, comme Lille sont suivies par d'autres pour y créer des jardins adaptés aux enfants.
"Ce seront des lieux refuges en période de canicule. Ces espaces seront ouverts aux habitants du quartier lorsqu'il y aura de fortes températures. Ce sera vital pour continuer à vivre ensemble", rappelle Jean-Michel Bérégovoy adjoint au maire de Rouen.
La ville de Rouen lance cette opération. Elle a fait le compte sur un premier "échantillon" dans cinq écoles.
- école maternelle Balzac : 3 arbres (6% de la cour végétalisée)
- école élémentaire Pépinière : 3 arbres (24% de la cour végétalisée)
- école élémentaire Pottier : 3 arbres ( 22% de la cour végétalisée)
- école élémentaire Pasteur : 4 arbres ( 52% de la cour végétalisée)
- école élémentaire Debussy : 16 arbres (63% de la cour végétalisée)
Exemple à l'école Pépinière de Rouen

Les travaux ont débuté dans cette école élémentaire qui ne comptait que 3 arbres et qui en aura bientôt 14. Au sol, les couches d'enrobés ont été enlevées pour que l'eau puisse s'infiltrer dans les sols. La terre a également été creusée pour créer un amphithéâtre et une mare devrait voir le jour prochainement avec des plantes hautes et pourquoi pas des grenouilles.
Plus étonnant encore, la terre du stade Diochon, en chantier à quelques kilomètres de là, a été utilisée. "La terre du stade est par nature très fertile, elle pousse déjà. Nous avons pu également l'utiliser pour créer des buttes ici et là", précise Peter Grant, ingénieur paysagiste pour le bureau d'études "Cocottes Urbaines".
A la rentrée, enseignants et élèves pourront s'approprier les lieux, même si tout n'aura pas poussé. La plupart des arbres seront plantés à la Toussaint et en novembre en respectant les cycles de croissance.
Chaque école pourra réfléchir au projet végétal qu'elle souhaite développer sur place. L'entretien des lieux devrait être partagé par les classes et les équipes de la Ville.
Exemple de l'école Balzac, actuellement

Première étape : reverdir les cours de 5 écoles soit 1,7 hectares
Durant l'été, 47 arbres vont être plantés dans ces 5 cours. A l'école Pasteur, il y aura 23 arbres au lieu de 4.
Des potagers, arbustes fruitiers, allées fleuries avec des plantes aromatiques, zones humides, poulaillers font partie des aménagements prévus (avec l'association "cocottes urbaines") dans les cours de récréation. Cabanes et nichoirs aussi.
Exemple de l'école maternelle Balzac après les plantations

Ces nouveaux espaces naturels font partie des actions contre le réchauffement climatique : "Les cours des écoles et des crèches ont été identifiées comme des leviers importants : elles représentent une surface importante et sont réparties de manière homogène sur le territoire." (source : ville de Rouen).
Il est aussi question du bien-être et de la santé des enfants et du personnel éducatif. Ces jardins "stimuleront les sens" des élèves et apporteront un plus à tous ceux qui grandissent en appartement et aussi aux riverains.
La ville et la métropole investissent une somme d'environ 700.000 euros. Les 50 autres cours de récréation de Rouen bénéficieront de ce retour de la nature. Chaque année une dizaine d'écoles devraient faire ainsi peau neuve. Elles seront suivies par les centres de loisirs et les crèches publiques.