Enquête mycologique, épisode 23, Inocybe cookei (Inocybe à odeur de miel)
Publié le 11 Septembre 2021
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel.
Lorsque l’enquêteur de la brigade d’identification des champignons a interpellé la dernière fois le rhodocybe, il a rencontré également un autre suspect qui ne fait pas partie du gang le plus facile.
Scène du crime
Nous sommes le 30 août 2021, toujours dans la forêt dite du Frohnerwald, une belle forêt de feuillus sur sol calcaire, qui se trouve sur le ban de Woelfling. Après avoir quitté le Tiefe Pfuhl et son atmosphère pesante, l’enquêteur n’allait pas tarder à croiser un autre gang de champignons.
Arme du crime
Le champignon pousse au sol et la base de son pied n’agglomère pas de débris organiques. Il s’agit donc vraisemblablement d’un champignon mycorhizien.
Profil du suspect
La morphologie du champignon est classique, avec un pied et un chapeau. Il possède des lames, non libres et adnées. Le chapeau présente une belle coloration ocre jaune assez vif, des lames gris ochracé et son chapeau est couvert de fibres. Avec son chapeau en forme de cloche, l’enquêteur soupçonne immédiatement un membre du gang des inocybes. Les membres de ce gang présente souvent une odeur distincte dite spermatique, la couleur de sporée est brun tabac et le chapeau est fibrilleux (inocybe d’ailleurs signifie littéralement chapeau fribreux). C’est un groupe avec lequel il faut être prudent, surtout quand on le collecte. Il faut éviter de trop manipuler le pied car il présente des structures microscopiques souvent déterminantes et il faut aussi observer s’il y a un bulbe à la base du pied. En résumé, un inocybe se manipule avec délicatesse et, sauf exception, il faudrait souvent passer par le microscope pour affiner la détermination. Mais heureusement, notre spécimen a une caractéristique particulière.
Son odeur n’est pas spermatique, indifférente presque. Il présente un léger bulbe à la base du pied et surtout, si on gratte ce dernier, on sent une délicieuse odeur sucrée de miel. Il y a peu de doute que notre spécimen est l’inocybe à odeur de miel (Inocybe cookei)
On va quand même vérifier au laboratoire si la détermination est satisfaisante
Couleur de sporée
La sporée est de couleur brun tabac, ce qui est conforme pour un inocybe.
L’examen par la police scientifique
Les spores sont lisses, ce qui cadre avec notre détermination. D’autres espèces ont des spores bosselées et même des cystides particulières
Spores. Microscopie x1000- d'Inocybe à odeur de miel (Inocybe cookei) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)
La conclusion de l’enquêteur
Un inocybe, ce n’est jamais une mince affaire. Il reste un genre encore aujourd’hui mal connu des mycologues et peu de mycologues s’y frottent vu la complexité de ce groupe. D’identification difficile, certains restent faciles à déterminer sur le terrain avec un peu d’expérience.
Pour aller plus loin : Champignons, ce qu’il faut savoir en mycologie. Guillaume Eyssartier, éditions Belin, 2018
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)