Enquête mycologique, épisode 30, Laccaire affine (Laccaria affinis)

Publié le 13 Novembre 2021

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

 

Scène du crime

 

Nous sommes le 20 octobre 2021, le long de la ripisylve de la Sarre à Zetting. De belles prairies permanentes sablonneuse bordent la Sarre et lui donne tout son charme. Le temps est désormais plus humide suite à quelques journées pluvieuses et les gangs fongiques se montrent. Les conditions idéales pour un enquêteur de la brigade d’identification des champignons. Très rapidement, une première arrestation se déroula.

Laccaire affine (Laccaria affinis)-  Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Laccaire affine (Laccaria affinis)- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

 

Arme du crime

 

Le champignon pousse au sol. Dans une prairie, ce n’est pas forcément évident de déterminer si un champignon est saprotrophe ou mycorhizien. Ici, c’est un milieu ouvert, avec, à moins de 50 mètres, des épicéas et des chênes, et à plus de 100 mètres, les arbres typiques des bords de rivière, aulne, saule et frêne. On a ici un champignon mycorhizien

 

Profil du suspect

 

Un beau petit champignon de couleur orangé, la marge du chapeau strié, ne dépassant pas les 10 cm. Les lames sont épaisses, larges et adnées. Points importants, les lames ont la même couleur que le chapeau et sont clairement espacées. Cette observation est importante car ça permet d’éliminer certains mycènes comme le mycène pure (Mycena pura) et le mycène rose (Mycena rosea). Ces derniers ont aussi une odeur de radis, odeur que ne possède pas notre suspect.

À ce stade, l’enquêteur a déjà identifié le suspect comme étant un membre du groupe des laccaires (Laccaria), spécialement le groupe des laqués.

 

Les laccaires

 

Ce sont de petits champignons, de morphologie collybioïde, de couleur brun orangé à rougeâtre, voire violet. Pas de voile, des lames adnées, épaisses et espacées, mycorhizien. Ils apprécient aussi bien la forêt que les espaces ouverts.

 

Ceci est l’occasion de rappeler les principales morphologies des champignons.

Annexe : morphologie des champignons. Extrait du site : https://gapext.chru-lille.fr/~cap/CAPBD/BAIES/detail/cach-c1a.htm

Annexe : morphologie des champignons. Extrait du site : https://gapext.chru-lille.fr/~cap/CAPBD/BAIES/detail/cach-c1a.htm

Pour simplifier, on distingue les morphologies suivantes :

- grand champignon avec un pied épais : tricholomoïde si les lames sont adnées/échancrées, clitocyboïde si les lames sont décurrentes

- petit champignon avec un pied fin : collybioïde si les lames sont adnées/échancrées, omphaloïde si les lames sont décurrentes

 

Couleur de sporée

 

La sporée est blanche, typique de ce gang.

 

L’expertise par la police scientifique

 

Les laccaires du groupe laqué de couleur orange nécessitent l’usage du microscope pour une identification précise, pour au moins observer la forme des spores.

 

Basides avec spores en microscopie x1000 de Laccaire affine (Laccaria affinis)-  Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Basides avec spores en microscopie x1000 de Laccaire affine (Laccaria affinis)- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

 

Les spores chez les Laccaires sont épineuses. C’est une des particularités de ce groupe et aussi un autre moyen de vérification qu’on n’est pas en présence d’un mycène (spore lisse)

Spore épineuse, microscopie x1000 de Laccaire affine (Laccaria affinis)-  Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Spore épineuse, microscopie x1000 de Laccaire affine (Laccaria affinis)- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Avec ces spores globuleuses, on peut mettre une identité sur ce laccaire orange. Il s’agit du Laccaire affine (Laccaria affinis)

 

La conclusion de l’enquêteur

 

Très beaux champignons, le groupe des laccaires est assez facile d’identification si on prête attention aux lames. Pour les laccaires oranges, la détermination de l’espèce passera par un examen microscopique. Il n’est pas exclu que l’évolution des connaissances éclate ce groupe en d’autres espèces.

 

Bibliographie : Champignons, tout ce qu’il faut savoir en mycologie. Guillaume Eyssartier. Éditions Belin, 2018. Page 142-143

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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