L’Arnaque du label HVE, soi-disant « Haute Valeur Environnementale »
Publié le 18 Octobre 2021
Merci à C. S et à Guy de nous avoir transmis la revue AB.
Vous avez peut-être déjà entendu parler de ce label, HVE, Haute Valeur Environnementale. C’est du greenwashing, du verdissement marketing pour siphonner les aides du bio mais rien de favorable à l’environnement. Explications.
Le label bio a bénéficié d’aides substantielles de la PAC, Politique Agricole Commune pour se développer. Les exploitations recevaient une aide pendant 3 ans lors du passage du conventionnel au bio. Déjà les aides ont été retardées ou non payées aux agriculteurs en raison de la bureaucratie et du succès des conversions au bio.
Des aides sont aussi attribuées pour les exploitations labellisées bio pour compenser les pertes en rendement.
Le puissant syndicat agricole conventionnel, la FNSEA, a voulu récupérer ces aides et donc a inventé un nouveau label HVE. Ce label ne fait en réalité rien de spécial pour la protection de notre environnement. Ce nouveau système met au même niveau les labels bio et HVE. Les exploitations conventionnelles, d’agriculture intensive labelisées HVE sans aucune exigence véritable peuvent ainsi récupérer facilement des subventions autrefois attribuées au bio..
Pire la région Grand Est et la Moselle en particulier vont soutenir ce label HVE et dépenser de l’argent au lieu d’aider d’avantage la filière bio de nos régions qui a un bien moindre impact sur notre environnement.
Le magazine AB (Agriculture Biologique numéro 44 d'octobre 2021) a fait la comparaison des deux cahiers des charges bio et HVE :
Agriculture biologique |
Critères |
HVE prétendue " Haute Valeur Environnementale" |
Chaque exploitation est engagée sans possibilité de mélanger bio et non bio |
Définition |
3 niveaux de certification et 2 voies dites thématiques : |
Absence |
Pesticides |
Possibles |
Absence |
OGM |
Possibles |
Pas de critère véritable |
Biodiversité |
Critère qui ne concerne pas la ferme directement mais son environnement, les forêts et les haies aux alentours !! |
Présent dans le cahier des charges |
Bien être animal |
Rien |
Interdiction d’engrais chimiques |
Fertilisation |
Voie A : prise en compte du % de surface agricole utile non fertilisée et de la couverture des sols |
Préconisation de la souveraineté alimentaire, et l’autonomie des élevages |
Irrigation |
Voie A : prise en compte des démarches pour réduire la consommation d ‘eau |
1 contrôle sur l’exploitation et 1 contrôle inopiné annuels |
Contrôles |
1 contrôle tous les trois ans |
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TOTAL critères |
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Mieux encore! Le gouvernement est désavoué par ses experts internes.
Un rapport confidentiel remis en avril 2021 aux ministères de l’agriculture et de la transition écologique par l’OFB (’Office français de la biodiversité) pointe les manquements graves de la HVE. Évidemment le ministère de l’Agriculture a tout fait pour enterrer ce rapport.
Les conclusions de l'OFB sont sans appel : « Le label HVE ne présente, dans la grande majorité des cas, aucun bénéfice environnemental ». Sur la biodiversité, l’OFB rapporte que les critères retenus par HVE sont 5 fois inférieurs aux exigences du paiement vert actuel de la PAC. Le rapport explique également que "cette certification ne devrait pouvoir être prise en compte dans le cadre de politiques publiques environnementales, ou en tant qu’argument de commercialisation sans tromperie du consommateur. » Enfin, selon l’OFB : « Il conviendrait donc soit d’abandonner cette voie d’accès à la certification HVE, soit de réviser les modalités de calcul pour tenir compte des spécificités économiques et environnementales des différentes filières ».
HVE est une certification qui ne permettra pas la transition écologique :
De son côté, l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales) a rendu un avis tout aussi au vitriol sur la certification HVE en avril dernier. Ce rapport propose de supprimer purement et simplement la Voie B. Et de conclure qu’un avantage doit être reconnu aux certifications plus robustes, en particulier l’agriculture biologique et l’agriculture à haute valeur naturelle notamment centrée sur l’élevage extensif à l’herbe….
Résumé des articles et mise en page par Roland (Anab)
Article du Monde du 25/5/2021
Le bref rapport de l’agence publique (OFB) à ses deux ministères de tutelle, que Le Monde a pu consulter, conforte, chiffres officiels à l’appui, les critiques formulées de longue date par les associations de défense de l’environnement qui considèrent le label HVE comme « un cheval de Troie du greenwashing », soutenu par les milieux de l’agriculture intensive.
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La note est singulièrement embarrassante. Exemple : l’un des critères d’obtention du label HVE impose que les achats d’intrants (pesticides, etc.) ne dépassent pas 30 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Or selon le rapport de l’OFB, un tel seuil n’est « pas du tout discriminant pour les exploitations viticoles, qui consacrent en moyenne seulement 14 % de leur chiffre d’affaires aux intrants, soit la moitié du niveau requis par le cahier des charges HVE ». Cette faille est d’autant plus profonde que la viticulture, précise le rapport, représente plus de 80 % des exploitations HVE. Même constat en maraîchage : le poids des intrants représente en moyenne 26 % du chiffre d’affaires des exploitations françaises. Moins que les 30 % requis par le label HVE.
Magazine AB (Agriculture Biologique numéro 44 d'octobre 2021