Appel : dites NON à CIGÉO, la plus grosse poubelle nucléaire d’Europe !
Publié le 15 Octobre 2021
paru sur le site de notre fédération France Nature Environnement le 5/10/2021
L’État travaille depuis 30 ans sur le projet de de Centre Industriel de stockage GÉOlogique (CIGÉO) à Bure dans la Meuse. L’objectif est d’enfouir à 500 m sous terre les déchets radioactifs les plus dangereux. Une enquête publique est en cours en vue de le déclarer d’utilité publique. Nous vous invitons à y participer pour formuler votre opposition à ce projet titanesque.
Un projet hors-normes, aussi démesuré que dangereux
Le projet CIGÉO, vise à enfouir 99,9 % de la radioactivité totale des déchets du programme nucléaire français.
Des convois hebdomadaires apporteraient ces déchets sur le site durant près de 150 ans. A terme, environ 270 Km de galeries, plus que celles du métro de Paris, stockeraient pour « l’éternité » ces déchets parmi les plus dangereux et dont la dangerosité perdure pendant des milliers d’années.
Il s’agirait de construire la plus grosse poubelle nucléaire d’Europe, voire du monde. Jamais un tel projet n’a été réalisé sur un tel espace et sur un pas de temps aussi long.
Comment déclarer d’utilité publique un dossier aussi lacunaire ?
Une enquête publique a débuté à la mi-septembre en vue de déclarer le projet d’utilité publique. Cette déclaration permettrait à ce projet de franchir une étape très importante dans son autorisation en permettant notamment des expropriations et la mise en compatibilité des documents d’urbanisme.
Un point de non-retour serait franchi même si les promoteurs du projet veulent faire croire le contraire.
L’ampleur, le dimensionnement, la durée et la dangerosité de CIGEO sont inégalés. Il y a donc une obligation éthique et morale de présenter un projet complet, finalisé, dont la faisabilité a été démontrée et les incertitudes levées. Or ce n’est pas le cas. De très loin.
Dans le dossier afférent à cette enquête publique, France Nature Environnement constate que, ne sont pas connus :
- la nature et la quantité des déchets concernés par Cigéo alors que sa conception et sa sécurité en dépendent ;
- la localisation exacte de certains aménagements (déviation, poste électrique, réseaux d’adduction d’eau) et du stockage d’une part importante des déblais qui contiennent des éléments toxiques comme l’arsenic ;
- tous les impacts sur l’eau et la biodiversité, du fait de ces manques, d’autant plus que la nappe phréatique de ce territoire est classée comme une ressource à protéger dite « d’ultime recours », stratégique pour l’alimentation en eau,
- le coût « global » actualisé du projet (seulement une estimation pour une phase dite « pilote »), incluant notamment la récupérabilité des colis.
Le dossier ne contient pas non plus d’analyse des risques ni d’études de danger précises. Les autorités de références ont demandé des études et informations complémentaires essentielles qui ne sont pas fournies dans le dossier.
Il est incompréhensible qu’à ce stade, le public soit aussi mal informé sur le contenu du projet. Arrêtons de « jouer aux apprentis sorciers » avec la santé de nos concitoyens et avec l’avenir de nos territoires !
Dites NON à la plus grosse poubelle nucléaire d’Europe !
Face à ces constats, nous vous invitons à participer à cette enquête publique. Il vous suffit d’envoyer votre avis en remplissant le formulaire suivant. Tout le monde est concerné, tout le monde peut se prononcer !
Pour rédiger votre avis, vous pouvez vous inspirer des éléments ci-dessus ou de l'argumentaire de France Nature Environnement.
Nous comptons sur votre mobilisation, ce projet ne doit pas voir le jour, il existe des alternatives. Il en va de l’avenir de nos territoires !
Pour aller plus loin
STOCAMINE : que de temps perdu !
15/11/2021
La Cour Administrative d’Appel de Nancy vient de rendre son arrêt dans le dossier de Stocamine. Elle prononce l'annulation du jugement du 5 juin 2019 du Tribunal Administratif de Strasbourg ainsi que de l’arrêté préfectoral du 23 mars 2017 qui autorisait l’enfouissement définitif de plus de 40 000 tonnes de déchets toxiques, et relance ainsi le débat sur le déstockage total des déchets enfouis.
C’est une grande victoire pour Alsace Nature, la CEA, la Région Grand Est, la commune de Wittenheim et la CLCV qui ont porté conjointement ce recours en appel.
De par leur décision les juges reconnaissent que l’enfouissement définitif fait courir un risque sanitaire et environnemental important, que le caractère « ultime » des déchets n’est pas fondé et que les capacités financières tout au long de l’exploitation n’étaient pas garanties.
C’est un camouflet pour les services de l’État qui ont tout fait pour que les citoyens et les collectivités n’aient pas voix au chapitre dans ce dossier.
Maintenant il est urgent que l’ensemble des parties puissent se réunir et avancer dans le même sens à savoir le déstockage maximal des déchets enfouis.
Les associations attendent de Madame la Ministre qu’elle revienne très vite en Alsace pour lancer les travaux qui doivent mener à la remontée et au traitement des déchets de Stocamine. Après avoir plaidé que le temps risquait de manquer, les citoyens ne comprendraient pas que ce dossier ne devienne pas la priorité des services de l’État. Beaucoup d’années ont été perdues inutilement, aujourd’hui la place est à la seule action responsable envers les générations futures : le déstockage.
Alsace Nature se tient prête à contribuer à ce nouvel élan rendu possible grâce aux juges de la Cour d’Appel de Nancy.
Contacts Presse :
Maurice Wintz - Président d'Alsace Nature : 06 48 91 87 56
Stéphane Giraud - Directeur d'Alsace Nature : 06 84 94 97 26