COP 26 Les jeunes et le climat- technologies pour traquer les émissions de gaz à effet de serre
Publié le 12 Novembre 2021
Fanny (22 ans), étudiante et bénévole à la Fresque du Climat. Elle participe à la COP26 de Glasgow. (MANON MELLA)
Paru sur France info le 8/11/2021 et pour écouter l'interview
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Lundi 8 novembre, rencontre avec Fanny, 22 ans, qui est à Glasgow pour la COP26.
Fanny, 22 ans, a décidé de mettre ses études d'ingénieur sur pause pendant un an pour se consacrer à l'environnement en tant que bénévole à la Fresque du Climat. L'association organise des ateliers dans les écoles, les universités et les entreprises pour mieux comprendre les enjeux climatiques. Avec l'association, Fanny s'est rendu à Glasgow, en Écosse où se tient la COP26 jusqu'au 12 novembre.
"C'est une COP super importante"
Quelques jours avant son départ, Fanny voulait y croire. "C'est une COP super importante parce qu'elle se passe six ans après la COP21. Ils demandaient à ne pas dépasser les +1,5°C et pour l'instant, ça n'a pas du tout été respecté. On a envie d'y croire mais ça ne suit pas derrière".
Emmanuel Macron fait de grands discours mais derrière les actions ne suivent pas.
Fanny, 22 ansà franceinfo
Fanny raconte croire davantage dans le pouvoir des citoyens que dans celui du politique. "Plus on sera nombreux à avoir connaissance des problèmes liés au changement climatique, plus il y aura d'actions concrètes au quotidien chez les gens. Quand on arrive à 25% de la population qui est sensibilisée et qui en parle autour d'elle, en théorie les politiques suivent, les bonnes personnes seront élues et les entreprises changeront".
Pour Fanny, il faut d'abord comprendre le changement climatique pour pouvoir agir. "Faire comprendre les enjeux climatiques, c'est ce que je fais avec la Fresque du Climat. Informer et éduquer le plus de personnes possibles".
"La jeunesse, elle est motivée"
"La jeunesse, elle est motivée. On essaye de sauver l'humanité. C'est vraiment un enjeu qui nous dépasse", explique Fanny dont l'engagement se poursuit aussi en politique. "Je vais voter non pas pour avoir plus d'argent sur mon compte épargne mais pour faire en sorte d'avoir une vie décente en 2050".
Je vote écologiste parce que pour moi, c'est le seul parti qui compte respecter ce que demande les rapports du Giec.
Fanny, 22 ansà franceinfo
Pour Fanny, la mesure la plus urgente, c'est d'"atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour ça il y a plein de mesures qui sont écrites. On sait ce qu'il faut faire". L'étudiante regrette par ailleurs que la campagne pour 2022 "tourne toujours autour de sujets qui font polémique".
Les technologies pour traquer les émissions de gaz à effet de serre sont prêtes.
paru sur franceinfo le 7/11/2021
Alors que la COP26 se poursuit à Glasgow, Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon rappelle que la surveillance des émissions de gaz à effet de serrer, c'est un enjeu majeur. C’est bien beau de se mettre d’accord sur des objectifs d’émissions, mais encore faut-il pouvoir vérifier qu’ils sont tenus.
Et jusque-là, c’était très difficile de mesurer précisément, localement, le CO2, de méthane, ou des autres gaz à effet de serre qui provoquent le réchauffement climatique. Mais c’est en train de changer. Oui, c’est une bonne nouvelle. Il faut l’avouer, ce n’est pas si facile d’en donner quand on parle du réchauffement…
franceinfo : Ce sont de nouvelles technologies qui ont été développées ?
Mathilde Fontez : Majoritairement de nouveaux satellites. Les projets se multiplient depuis deux ans. Pour traquer le méthane, on développe des satellites qu’on appelle hyperspectraux : ils décomposent la lumière solaire réfléchie par la Terre. Ça permet de détecter la signature des espèces chimiques de l’atmosphère. Il y en a déjà dans l’espace, le réseau européen Sentinel par exemple. Et au moins 9 nouveaux devraient être envoyés d’ici 2023. Plus une constellation en 2025.
Pour le CO2 c’est plus dur. Jusque-là, il n’y avait que les capteurs au sol qui pouvaient faire des mesures précises. Mais ça y est, deux satellites spécialisés, ont été mis au point en Europe. Ils devraient s’envoler vers 2025.
Et l’intelligence artificielle entre aussi dans le jeu : ces programmes informatiques qui sont capable d’apprendre à reconnaître des motifs à partir d’un jeu de données, commencent à aider à analyser les images prises par les satellites, pour extraire les panaches de CO2.
Qu’est-ce qu’on cible avec ces satellites ? Les centrales électriques ?
Pour le CO2 oui, les centrales à charbon, à gaz, à pétrole. Mais aussi les usines métallurgiques. Elles émettent 8% des émissions mondiales. Et pour le méthane, on traque les rejets des exploitations de gaz de schiste, les émissions qui sont dues aux maintenances sur les gazoducs. On regarde les bouches d’aération des mines à charbon, les décharges à ciel ouvert…
Il y a vraiment là un pouvoir d’action sur le réchauffement : en bloquant ces émissions, en bouchant les fuites, des études montrent qu’on pourrait le ralentir de 30%, et éviter 0,25% de hausse température globale en 2050.
C’est une sorte de police climatique qui est en train de se mettre en place ?
Pour l’instant, rien n’est organisé au niveau international. Mais ça commence. L’ONU a créé en mars dernier un observatoire des émissions de méthane. Et rien que la publication de ces mesures d’émissions fait déjà effet. Un exemple : il y a deux ans, le gouvernement chinois a démantelé des usines parce que des panaches de CFC y avaient été détectés.