Enquête mycologique, épisode 32, Hygrocybe coccinea (l’Hygrophore écarlate )
Publié le 27 Novembre 2021
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 7 novembre 2021, dans une prairie permanente sablonneuse de ripisylve à Zetting. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons allait faire une magnifique rencontre
Arme du crime
Le champignon pousse au sol ; difficile d’estimer sa trophie (avec quoi il se nourrit) car des arbres ne sont pas loin.
Profil du suspect
Ce qui frappe d’emblée est la magnifique couleur rouge sang de ce champignon.
Très colorée mais aussi des lames très espacées et épaisses. Ces éléments sont déjà suffisants pour dire que nous sommes dans le genre Hygrocybe, un genre de champignon que l’on trouve dans les prairies.
En présence d’un hygrocybe, le premier réflexe est de regarder s’il noircit à la manipulation. Ce n’est pas le cas ici. Les lames sont échancrées, le chapeau convexe, le chapeau et le pied non visqueux, tout au plus gras au toucher. Pas d’odeur significative.
Tous les éléments sont réunis pour identifier le spécimen comme l’Hygrophore écarlate ou Hygrophore cocciné (Hygrocybe coccinea)
Couleur de sporée
La sporée est blanche, typique des hygrocybes
L’examen par la police scientifique
Les spores sont elliptiques
Spores de Hygrocybe coccinea, (l’Hygrophore écarlate ) microscopie x 1000- photo Gilles Weiskircher (Anab)
La conclusion de l’enquêteur
Les hygrocybes, comme des genres proches tels les hygrophores et gliophores, sont des champignons avec des lames non libres épaisses, espacées et au toucher, cireux. Rien que ces caractéristiques doivent faire soupçonner un spécimen de ce groupe. Ils n’ont pas de voiles, une sporée blanche. Le pied et/ou le chapeau sont visqueux ou gras au toucher. Certains de ses champignons ont une magnifique couleur, allant du vert jusqu’au jaune. Les hygrocybes sont saprotrophes.
Ce qui est important à retenir est que ces champignons sont des espèces patrimoniales, caractéristique des prés et prairies non fertilisés. En trouver signe un écosystème en bonne santé, et souvent associé à des orchidées sauvages au printemps.
Si vous êtes passionnés par les orchidées, n’hésitez pas, vers la fin octobre, à découvrir sous un autre jour ces milieux avec ces magnifiques champignons.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)