Physalis du Pérou, Coqueret du Pérou
Publié le 28 Novembre 2021
J’ai découvert cette curieuse plante dans une pâture à moutons traversée par un sentier de randonnée. Je me suis gratté la tête et puis j’ai découvert ses fruits caractéristiques. Cette plante n’a pas été plantée pour être broutée mais elle s’est sans doute évadée d’un des jardins situés à quelques centaines de mètres. Si elle est encore là en novembre, c’est en fait que les moutons l’évitent.
Roland
Famille de plantes : c’est la famille des Solanacées. Elle compte 2700 espèces réparties en 98 genres (le genre c’est le premier nom latin) C’est une famille très variée, depuis de petites plantes herbacées jusqu’aux arbres. Elles sont présentes sur de nombreux habitats sous toutes les latitudes. La majorité vient d’Amérique du Sud et Centrale.
Cette famille comprend des espèces alimentaires d'une grande importance économique comme la pomme de terre, la tomate, l'aubergine, les piments ainsi que des espèces sauvages telles que la Morelle noire ouTue chien,et la Douce amère . Bien sûr n'oublions pas de citer le tabac.
Caractéristiques communes des Solanacées:
Leur particularité est d’être des plantes à feuilles pétiolées, alternes rarement opposées, simples et sans stipules. Les fleurs sont très variables, à symétrie axiale ou bilatérale. En général le périanthe (calice + corolle) comporte 5 sépales soudés et 5 pétales. Les pétales sont soit libres ou alors soudés et dans ce cas forment une trompette (Datura).
Une particularité des solanacées est leur toxicité. La plupart d'entre- elles sécrètent des composés toxiques sélectionnés au cours de leur évolution ; sans doute une protection contre le broutage par des herbivores: mammifères et insectes.
Les plus connus de ces toxiques sont :
- la solanine, toxique à moins de 2 mg/ kg de poids corporel
- les alcaloïdes tropaniques dont font partie l’atropine et la cocaïne qui sont de grands toxiques, mais d’une grande utilité en médecine.
- la nicotine, autrefois utilisée comme insecticide et présente dans le tabac où elle provoque l’accoutumance
-la capsaïcine, très toxique et irritante, est présente dans les piments. Ses propriétés font qu’elle est utilisée dans les gaz lacrymogènes.
Nom scientifique : Physalis peruviana L., 1763
Origine du nom : du grec «phusalis » qui signifie «vessie», en raison sans doute de l’enveloppe des fruits et du latin « peruviana », «du Pérou »
Nom en dialecte et allemand : Peruanische Blasenkirsche
Nom anglais : Inca berry
Date de l’observation: le 5 novembre à Haselbourg (57)
Hauteur: de 30 à 90 cm
Type de plante plante vivace dans son pays d’origine ,
Tige : très rameuse, anguleuse, couverte de poils fins
Feuillage: feuilles duveteuses, de 6 à 15 cm pour 7 cm de large en moyenne, ovales, grossièrement dentées
Floraison: de juin à novembre
Couleur des fleurs: jaune à 5 pétales soudés, avec une tâche noire au centre de chaque pétale de 12 à 20 mm de diamètre. Les étamines sont réunies pour former une petite pyramide au centre comme chez d’autres solanacées.
Confusion , peu de risque, les fruits sont d’aspect unique ainsi que la couleur des pétales jaunes alors que l’espèce commune est blanche
Habitat: pâtures, chemins, terrains incultes et friches. Comme son nom l’indique cette plante est originaire des montagnes d’Amérique du sud, Pérou, Colombier, Bolivie.
Fruit : baie ovoïde d’abord verte puis orange à maturité, luisante, de 10 à 15 mm de diamètre. Elle contient des petites graines.
Ce fruit est entouré d’une enveloppe en forme de lampion formée par les sépales. Cette enveloppe se désagrège après maturité ce qui fait apparaitre cette enveloppe comme une cage à oiseau, d’où le nom « d’Amour en cage » pour sa cousin plus commune, Physalis alkekengi
Usage alimentaire :
Le fruit contient de la solanine comme beaucoup de solanacées. Ce composé est toxique et disparait à maturité. Le fruit vert peut aussi déclencher des diarrhées et gastro-entérite. Les baies avec ou sans leur enveloppe sont très décoratives pour les desserts. Elles se conservent de 4 à 8 semaines après récolte selon la température de stockage. Le goût est à la fois acidulé et sucré. La meilleure manière de conserver ce fruit périssable est d’en faire une purée congelée ou pasteurisée ou une confiture. Les éléments nutritifs sont ainsi à l’abri d’une fermentation.
Composition nutritionnelle des fruits :
Les fruits sont riches en en vitamines, caroténoïdes (3000 UI pour 100 g), de vitamine C (26 mg/100 g soit 60% de la teneur d’un jus d’orange même quantité) et vitamine E ainsi que du groupe B.
La teneur en phosphore est inhabituellement élevée et celle des antioxydants moyenne avec un indice antioxydant –ORAC de 1800. Ce qui est remarquable c’est la disponibilité après digestion des molécules anti-oxydantes, les flavonoïdes. 40 à 50% restent disponibles et peuvent donc avoir un réel potentiel contre les radicaux libres, ces molécules qui sont jouent un rôle dans le vieillissement et induisent les cancers et d’autres maladies.
Agriculture
Cette Physalis du Pérou a été acclimatée dans d’autres régions tropicales comme l’Afrique du Sud, l’Afrique Centrale, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Chez nous, il est possible de la cultiver dans son jardin et cela d’autant mieux que le climat de la région de culture est doux. C’est une plante peu exigeante en eau et qui peut pousser sur des terrains arides. Un sol humide et bien drainé lui est favorable et elle peut supporter des températures négatives jusqu’à -10 degrés C.
Médecine :
Le fruit est recommandé pour renforcer le nerf optique, pour les personnes diabétiques ou atteintes de maladies de la prostate. Grâce à sa hauteur teneur en minéraux il est diurétique. Il possède aussi des propriétés anti-oxydantes et calmantes en raison de sa haute teneur en composants naturels, les carotènes et flavonoïdes comme la myricetine, la quercitine, le kaempférol et la rutine, des withanolides, des saponines, des tannins, lactones et des phytostérols. Je vous fais grâce d’énumérer en détail toutes ces molécules, très nombreuses, aux noms barbares. Vous les trouverez dans les articles cités en bas d’article et sur d’autres sur internet si vous êtes chimiste. Je vous en donne quelques-uns pour que vous puissiez voir que ces molécules et composants ont bien été identifiés.
Les articles de recherche et d’évaluation de la purée de ce fruit du Physalis du Pérou sont nombreux et récents. Cela traduit un vrai potentiel de cette plante. Elle est multi efficace en préventif contre de nombreuses maladies et sa culture est très facile.
Propriétés selon Wikiphyto ou vous trouverez toutes les références :
G Diurétique uricolytique et laxatif
Oxalurique
Anti-inflammatoire, antimicrobien [
Inhibition de la production de NO
Activité antidiabétique (polysaccharide) [
Hypolipidémiant chez le rat
Antioxydant
Diminue la fertilité chez le rat
Antioxydant (physaline D)
Activité anticholinestérasique
Draineur dans les infections urinaires et les lithiases, antigoutteux
Lithiases oxaliques
Rhumatismes
Antidiabétique (?)
Potentialités antinéoplasiques (carcinome d'Ehrlich)
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) - relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Anti oxydants et aspects sensoriels de Physalis peruviana 2012 (en anglais)
Protection contre l’oxydation des cellules (2018)
Propriétés nutritionnelles e t médicinales de Physalis peruviana 2019
Evaluation du potentiel anti-oxydant des composés phénoliques de Physalis peruviana (2020)