Vergerette du Canada, Conyze du Canada
Publié le 24 Novembre 2021
Cette Vergerette du Canada, plante pionnière, peut apparaitre sur des graviers sans sol apparent ou sur le bitume grâce à une toute petite fissure et de la terre disponible. Elle ne brille pas par la beauté de ses fleurs mais est une plante médicinale de premier ordre.
Roland
Nom scientifique : Erigeron canadensis L., 1753
Origine du nom : vient du grec «er » «le printemps », et de geron «le vieillard » car les fruits de la vergerette sont blancs et velus comme les cheveux de nos ainés et de «canadensis», canada , en lien avec l’origine américaine de cette plante.
Anciennement elle s’appelait Conyza canadensis.
L’origine du nom français « vergerette » viendrait de son usage comme instrument pour chasser les insectes ou de punition comme un fouet, une verge. Il viendrait plus probablement du latin « virga » qui signifie, « pousse » lié au fait que ce type de plante produit des rameaux longs et souples.
Nom commun dialecte / allemand : Kanadisches Berufkraut
Noms anglais : Canadian Fleabane
Date de l’observation: plante vue le 12 novembre à Diedendorf (67).
Famille de plantes : celle de la marguerite, du bleuet, du pissenlit, des centaurées. (Famille des Astéracées anciennement Composées). Cette famille de plantes est particulière car la fleur est en fait un ensemble de fleurs réunies en une tête serrée, on dit un capitule. C’est une famille de plantes très évoluée. Elle se signale aux insectes comme une grande et seule fleur. L’insecte visite plusieurs fleurs sur chaque capitule et plusieurs capitules. Les fleurs sont souvent munies d’aigrettes ou parachutes que le vent transporte au loin. Le nombre de fleurs et les aigrettes donnent de grandes facultés de dissémination. L’occupation des sols par ces plantes est plus rapide que par la plupart des autres plantes. C’est pourquoi de nombreuses astéracées, d’origine exotique sont invasives.
Particularité des érigérons: capitules à double type de fleurs dont les bractées sont herbacées et de taille croissante vers l’extérieur. Les graines sont suspendues à un parachute formé de soies.
Catégorie : Plante introduite d’Amérique du Nord et colonisatrice des espaces secs, sableux et caillouteux. Potentiellement invasive.
Hauteur: 20 à 120 cm
Tiges et racines: plante feuillée sur toute la longueur de sa tige plus ou moins hispide, très ramifiée dans le haut avec de nombreux très petits capitules.
Feuilles: entières, alternes, en forme de lance, entières ou dentée, couverte de manière éparse de longs poils mous de 3 à 7 mm, ceux sur le contour étant disposés alignés en arrête de poisson. Les feuilles sont sessiles dans le haut et atténuées en pétiole dans le bas de la tige.
Floraison: de juillet à novembre
Couleur: plante avec de nombreux (100 à 600 par plante) capitules plats, de couleur blanc sale en périphérie et jaune au centre et de 3 à 5mm de diamètre.. Les fleurs blanchâtres sont disposées sur 2 à 4 rangs et mesurent de 0.5 mm à 2 mm et sont ligulées, (en forme de languette), les jaunes sont en tube. Le capitule est entouré de petites feuilles appelées bractées vertes insérées à plat en tuiles à l’inverse d’autres érigérons comme Erigeron sumatrensis.
Pollinisation : Plante capable d’autopollinisation ou par transport du pollen par le vent.
Confusion : plante assez facile à reconnaitre parmi les nombreuses espèces à capitules jaunes.
Fruits : les fruits sont des akènes prismatiques très petits (1 à 1.5 mm). Le parachute, (ou aigrette) est plumeux, blanchâtre est attaché à la graine. La dissémination des graines est faite par le vent et les animaux. Les fruits sont si légers qu’ils peuvent être facilement emportés par le vent sur de longues distances. Notez qu’un seul plant de bonne taille peut produire 250 000 semences !
Habitat: plante pionnière de soleil et de milieux pauvres en azote comme du sable, des friches, les pierriers, talus, les décombres, dunes, mais aussi les bords de route, les joints ou crevasses du béton et macadam
Statut de protection : Elle est très commune France. Sans ses prédateurs habituels, cette plante arrivée d’Amérique du Nord au XVII siècle est devenue envahissante dans certains milieux comme les bords de chemins des montagnes siliceuses où elle prend la place de la biodiversité floristique locale
Ecologie : cette plante est la première reconnue pour avoir développé une résistance à certains herbicides chimiques comme le glyphosate (aux États-Unis)
Usages alimentaires et domestiques
Cet érigéron a des feuilles au goût épicé et amer. Elles peuvent être utilisées pour aromatiser certains plats mais en mélange.
Usages médicinaux:
Les feuilles étaient utilisées comme diurétique, fébrifuge et anti-inflammatoire.
La liste des composants et des utilisations médicales ci-dessous compilée dans Wikiphyto est impressionnante :
Composants :
Polyènes, tanins, conyzapyronnes A et B, Triterpènes, Stérols, ( spinastérol, bêta sitostérol, stigmastérol), limonène (huile) terpinéol (huile)
Effets de la plante ou de certains de ses composants
Troubles gastro-intestinaux : diarrhées, dysenteries
Dysfonction biliaire
Diurétique
Anti-inflammatoire
Antifongique
Saignements hémorroïdaires
Rhumatismes des petites articulations
Goutte
Uréthrites et maladies uro-génitales
Activité antiproliférative contre le cancer du col de l'utérus (HeLa), cancer du sein (MCF-7), lignées cellulaires de carcinome épidermoïde (A431) (conyzapyranone B, 4E,8Z-matricaria-γ-lactone et spinastérol se sont révélés beaucoup plus puissants contre ces lignées cellulaires tumorales que contre les lignées cellulaires de fibroblastes fœtaux humains non cancéreux (MRC-5) et peuvent donc être considérés comme des produits naturels antiprolifératifs sélectifs
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Histoire :
cette Vergerette du Canada a aussi été utilisée comme remède aux envoûtements. Avis aux spécialistes.
En Amérique du Nord, on faisait bouillir l’Erigeron dans les saunas. En cas de rhume, on l’utilisait sous forme de poudre à priser pour provoquer l’éternuement. On le faisait brûler car sa fumée éloigne les insectes. Certaines tribus indiennes l’utilisaient en cas de troubles menstruels
Texte et photos Roland Gissinger (Anab),
Sources bibliographiques voir index biodiversité