Réflexions d'un chasseur sur la chasse et la gestion du gibier

Publié le 10 Décembre 2021

Photos Claudie Stenger
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Cette réflexion d'un chasseur fait suite à l'article paru sur notre blog le 30 novembre et relatif aux dégâts faits par les cerfs  dans les forêts en général et celles des Vosges, en particulier. Vous comprendrez que sa réflexion reste non signée dans le contexte d'énervement actuel.
Il faut maintenir le dialogue avec tous  les chasseurs, les écouter car tous ne sont pas des viandards sans cervelle et certains plus avancés dans leur réflexion que vous et moi. Lisez plutôt.

Roland


"Oui, les chasseurs veulent du cerf sur leurs chasses en espérant pouvoir faire de la chasse sélective pour cueillir de beaux trophées. Ceci sous-entend qu'il faut une population assez importante pour avoir toutes les classes d'âge, et laisser vieillir des animaux. Un cerf, dit de récolte, avec des bois se terminant par des couronnes (plus de deux pointes par bois doit avoir au moins neuf ans pour pouvoir être tiré.
 En réalité un beau vieux cerf a au moins douze ans et ne montre en général des signes de régression qu'à partir de la quinzième année. Sa durée de vie est de presque 20 ans. Cela demande donc, si on veut satisfaire les chasseurs sur le terrain, tous en quête d'un beau trophée, qu'il y en ait beaucoup. Pour qu'il y en ait beaucoup, il faut des hardes stables, bien fixées au territoire.

Qui utilise la forêt? Les propriétaires forestiers qui veulent du "bois à vendre",  l'ONF qui gère beaucoup de forêts communales et domaniales et qui ont un intérêt de préservation des espaces forestiers mais aussi un intérêt économique en gérant comme des jardiniers de la forêt, les fermiers aubergistes sur les chaumes, qui transforment des prairies naturelles riches en biodiversité en prairies artificielles pour faire du foin pour leurs animaux et qui ne supportent pas la part récoltée par les cervidés (on parle de 30% de récolte en moins!), les autres utilisateurs de l'espace forestier, naturalistes, chasseurs, trailers, vététistes, randonneurs, cueilleurs qui génèrent un dérangement dans cet espace et stressent les animaux.

Enfin il faut se rappeler que les cervidés, des ruminants sont surtout herbivores (contrairement aux chevreuils), c'est un animal à l'origine de milieux ouverts, diurne qui fréquentait les steppes et les landes (Exemple encore de nos jours en Écosse). Idéalement; c'est 60% de végétaux herbacés (graminées), entre 20  de végétaux semi-ligneux (ronces framboisiers, genêts, bruyères,), et 10% de végétaux ligneux ( feuilles,
 lierre, bourgeons, arbres, jeunes pousses) et le reste en fruits (glands, faines, marrons, châtaignes, pommes....).

Donc il est très compliqué dans tout cela de  se faire une opinion objective. Il y a beaucoup d'intérêts. TU ajoutes en plus l'opinion publique dans tout cela avec les anti-chasse qui n'en veulent plus...Va t'on vers des tireurs patentés qui devront réguler, avec une interdiction de la chasse.
Ils seraient payés pour tirer des dizaines d'animaux sur un territoire, pendant quelques jours avec un objectif quantitatif prévu à l'avance sans distinction d'âge? Déjà à l'heure actuelle, des minimums sont fixés aux chasseurs basés sur le nombre de biches ou faons femelles tirés. Un mâle tiré n'est pas compté dans les minima imposés par le plan de chasse pour chaque territoire.

Tu peux te demander ce que j'en pense personnellement? Je suis pour la prédation naturelle, oui au lynx (et qu'on retire le permis de chasse aux chasseurs qui dérogent), oui aux loups, oui aux ours dans les Pyrénées (quid des éleveurs?).

Si un jour on se rendait compte que la prédation naturelle est tellement importante que la chasse est de trop, j'arrêterais sans regrets de chasser. Je ne crois pas que l'espace naturel permette dans nos Vosges d'atteindre cet équilibre. Selon moi le vrai problème c'est l'humain. Nous sommes trop nombreux, nous vivons tous trop vieux et tu rajoutes à cela la recherche du profit..."

 

Impayable ce Meurice, à ne pas rater malgré 30 secondes de pub

Rédigé par ANAB

Publié dans #Opinions, #Protection animale

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B
Bonjour, <br /> le forestier retraité que je suis voulait d'abord s'abstenir de commenter, mais comme je suis d'accord avec presque tous les constats faits par ce chasseur (la dernière phrase me laisse dubitatif, mais bon, peut-être qu'un virus va se charger de réguler), autant le dire. Car pendant toute ma carrière d'actif, je n'ai pas entendu de propos qui me paraissent décrire la situation de manière aussi objective. <br /> Je rajouterai quand même une chose : les propriétaires forestiers, Etat, Communes, Privés, qui veulent du bois à vendre, veulent en même temps des chasses à louer. Alors la pression est mise sur les gestionnaires qui ont parfois bien du mal à trouver un équilibre qui permettrait de satisfaire les ... besoins ? désidérata ? projections ? de tous les utilisateurs des milieux "naturels". <br /> Souvent la balance penche du côté de ceux qui payent le mieux. Pas toujours, les enjeux politiques peuvent avoir leur poids. Les situations sont toujours très complexes, chaque territoire est différent et chaque être humain qui s'y implique également.<br /> Bernard W.
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R
Bonjour Bernard,<br /> <br /> merci beaucoup de tes réflexions sur le sujet et de ton expérience . Elles confortent le point de vue de ce chasseur.<br /> <br /> Sur le constat que tu fais "Souvent la balance penche du côté de ceux qui payent le mieux."<br /> Je ferais la remarque suivante: certains élus naviguent à court terme et n'ont pas le respect de l'argent public, le notre. La rentrée d'argent du chasseur est immédiate celle de la forêt c'est du long terme, cela ne les intéresse pas ou peu. Les études montrent que souvent le loyer de la chasse ne compense pas les pertes de bois de la forêt à long terme.
J
La chasse s’octroie la régulation comme si c’était une mission incontournable…, pour pérenniser cette activité en réalité et qui ne vise à conserver que les espèces utiles aux chasseurs , pas les autres. À deux trois ans près je suis pour laisser le cerf âgé mourrir de vieillesse et ne crois guère en cette nécessité de le réguler à coups de fusil. Si en plus la chasse au cerf ne vise qu’à obtenir un, des, plein de « beaux » trophées c’est encore une de ces lamentables perversions de gens en quête d’une puissance illusoire et qu’ils feraient sans doute mieux d’acquérir par des actions plus valorisantes pour eux mêmes plutôt que par une destruction d’animaux sans défense.
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B
Très bon article qui résume assez bien la situation. Le problème est global et la réponse également.<br /> Comme je l'ai toujours pensé ,c'est en effet la pression humaine et la recherche de profits exagérés qui est une des causes du problème. Quant aux solutions ...
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N
La vidéo excellente caricature du chasseur. <br /> Assumée en plus.
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L
La dernière phrase top!! (Parole de chasseur , je ris jaune)<br /> Voudrait il nous réguler aussi ?
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