Enquête mycologique, épisode 39, Lepiota subincarnata (Lépiote de Josserand)
Publié le 29 Janvier 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 20 octobre 2021, dans une prairie sablonneuse de ripisylve à Zetting. Au sol, de curieux champignons attendaient notre enquêteur.
Arme du crime
Le champignon pousse au sol, avec des débris organiques à la base du pied. Il s’agit très probablement d’un champignon saprophyte
Profil du suspect
C’est d’abord un petit champignon (5 cm de haut, 4,5 cm de diamètre de chapeau), de morphologie classique pied chapeau. Le premier réflexe est de regarder le dessous. Les lames sont blanchâtres et surtout libres. Avec cet élément, il n’y a que deux candidats possibles : soit une amanite, soit une lépiote. Mais si on part sur un champignon saprophyte, le seul candidat possible est une lépiote (les amanites sont en effet mycorhiziennes). Un examen des ornements s’impose.
Il n’y a pas de volve à la base du pied. On observe des écailles sur le chapeau et des restes de voiles sur le pourtour du chapeau, sur le pied, ainsi qu’un reste d’anneau. Les écailles sont rosâtres.. Le pied est couleur saumon. L’odeur d’agrume, type mandarine, oriente tout de suite vers l’identification.
Un mot sur le genre Lepiota
Les lépiotes au sens large sont des champignons saprophytes à sporée blanche et à lames libres, presque toujours avec un anneau ou un reste d’anneau sous forme de guirlandes. Le genre Lepiota regroupe généralement des petits champignons. L’examen du chapeau est important dans ce groupe, surtout la couleur des écailles et du chapeau.
Couleur de sporée
La sporée est blanche, typique du genre Lepiota
L’examen par la police scientifique
Personnellement je trouve le genre Lepiota assez difficile mais un examen de la forme des spores permet déjà d’éliminer plusieurs candidats. Elles sont ici ovoïdes et fortement dextrinoïdes (coloration rouge dans le réactif de Melzer).
La conclusion de l’enquêteur
Tous les éléments collectés nous permettent de proposer pour l’identification la lépiote de Josserand, Lepiota subincarnata, une lépiote qui pousse dans les prés, parcs, pelouses et clairières. Si la détermination de l’espèce requière de l’habitude, la détermination du genre ne devrait pas poser de difficulté si on fait preuve d’observation. On ne le répétera jamais assez, un champignon se manipule, s’observe sous tous les angles quand on veut faire une détermination pertinente.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)