La Benoîte des ruisseaux (Geum rivale)
Publié le 30 Janvier 2022
Le 2 février prochain est la journée mondiale des zones humides. Il existe un site lié au Ministère de l'environnement dédié à la documentation sur les zones humides. Vous y trouverez un tas d'informations intéressantes et de liens vers d'autres sites.
Profitons-en pour faire des découvertes.
Voici une plante qui me procure un vrai plaisir quand je la retrouve en plaine où elle est assez rare. Ses fleurs sont tellement originales tant par leur couleur, que par leur air penché et leurs fruits. Je vous souhaite d’en trouver autour de chez vous. Ciblez les zones mouillées !
Roland
Nom scientifique : Geum rivale L., 1753
Origine du nom: dérive peut-être du grec «geuo», goûter, faire goûter en raison de sa racine aromatique, et de « rivalis», le ruisseau qui est un de ses habitats.
Nom commun allemand/ dialecte : Bach-Nelkenwurz
Nom anglais : water avens
Date de l’observation: le 14 mai à Domfessel (67)
Famille de plantes : celle des Rosacées, celle de nos arbres fruitiers comme le cerisier, le prunier, le prunelier, , le pommier, le poirier, l’amandier … mais aussi la fraise et l’églantier. C’est donc une famille économiquement très importante.
Les rosacées ont comme point commun des feuilles dentées. Les fleurs de symétrie 5, ont de nombreuses étamines et pistils composés de 5 carpelles.
Les poils de l’épiderme se transforment en aiguillons (ronces, roses) ou épines (prunelliers). Ce phénomène a été développé par ces plantes pour éviter le broutage par les animaux herbivores. Ce sont des défenses physiques qui complètent ou remplacent les défenses chimiques, les tanins que produisent les plantes.
Catégorie : plante vivace de moyenne montagne avec des fleurs penchées rouges
Hauteur: 20 à 50 cm
Tiges et racines: tige velue, rougeâtre, peu rameuse sur un rhizome allongé
Feuilles: celles de la base sont longues, pétiolées, avec des folioles dentées et découpées jusqu’à la nervure principale (pennatiséquées). La dernière foliole est plus grande. Les feuilles de la tige (caulinaires) sont aussi grandes, dentées et entières.
Couleur des fleurs: Ce sont surtout les sépales qui attirent l'attention. Les 5 pétales sont jaune-pâle bien veinés de rouge et se terminent à leur attache par un onglet.. Ils sont masqués par les 5 sépales velus, de 15 mm environ, rougeâtres Le calice est doublé d’un calicule. Les fleurs peu nombreuses ont une allure de petites cloches avec des flancs droits. Elles sont d’abord penchées, puis se redressent à maturité. Les organes femelles se terminent par des extrémités plumeuses et sont articulées en hameçon. C’est plus visible après la formation des graines. La fleur contient 10 étamines et plus. Dans certains cas la plante ou certaines de ses fleurs peuvent être uniquement mâles (andromonoïque ou androdioïque). Cette plante est autofertile ou peut être fécondée par croisement selon sa maturité.
Confusion : Son allure est originale, il n’y a pas de confusion possible. Cette benoite peut s’hybrider avec sa cousine, la Benoite des villes, Geum urbanum car elles peuvent coexister dans les mêmes milieux.
Pollinisation : Cette fleur est autofertile, mais peut aussi être pollinisées par les insectes, en particulier par les diptères (mouches) et les coléoptères.
Fruits: Ils sont petits, ovales, attachés à une longue arête plumeuse en hameçon ou arrête, qui facilite leur dispersion par les animaux.
Habitat : C’est une espèce typique de zone humide de moyenne montagne (jusqu’à 2200 m) qui aime le soleil et l’eau. Elle est présente sur des sols spongieux comme les sources, bords des ruisseaux, tourbières, forêts, prairies inondables. C’est une espèce dite holarctique, présente plutôt dans le nord et les régions tempérées et froides. Elle est plus rare en plaine, absente dans l’ouest et le centre de notre pays. Elle tolère les sols légèrement acides et alcalins.
Protection : la Benoite des ruisseaux est classée dans les « ex-régions » en danger (EN) dans la Champagne-Ardenne, le Limousin, Vulnérable (VU) dans le Pas-de-Calais, la Bourgogne, « les » Normandie et même Critique (CR) en Centre et Ile-de-France.
Cette rareté dans de nombreuses régions et sa disparition progressive est le reflet de la situation dramatique des zones humides qui sont en énorme régression partout dans notre pays et en Europe.
Utilisations médicinales:
Cette plante possède les mêmes propriétés médicinales que la Benoite des villes,
Son rhizome dégage également une odeur de cou de girofle lié à la présence d’eugénol, un antibactérien présent en faibles quantités..
Usages :
Composants principaux de la plante
ce paragraphe est copié de Wikiphyto , Benoite des villes, Geum urbanum .Les propriétés sont voisines mais moins marquées car les teneurs en substances actives inférieures.
Hétéroside : la géine (ou géoside), dont l’aglycone est l’eugénol et l’ose le vicianose
- Tanins galliques (jusqu’à 18 % dans les racines et 28 % dans les rhizomes) [1] et tanins ellagiques
- Sucres libres : saccharose, fructose, glucose, vicianose, (+ raffinose et stachyose en hiver)
- Huile essentielle (0,02 - 0,15 %) jusqu’à 67 % d’eugénol, monoterpènes : cis-myrtanal et trans-myrtanal, cis-myrtanol et trans-myrtanol
- Triterpènes, flavonoïdes
Médecine :
Les feuilles et surtout les racines ont des propriétés astringentes et vulnéraires (guérit les plaies).
Les autres propriétés connues sont : antihémorragique, anti-inflammatoire, antidiarrhéique et fébrifuge. Elle réduit les saignements gingivaux, et a été utilisée longtemps comme substitut à la quinine.
En externe, les racines étaient utilisées contre la conjonctivite et les plaies.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Usage alimentaire : les rhizomes sont quelquefois consommés après séchage, ou bouillis pour élaborer une boisson chocolatée.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) relecture Bernard Weinzaepflen (Anab).
Sources bibliographiques voir index biodiversité