Le Douglas, Sapin de Douglas (arbre du mois) - (Pseudotsuga menziesii)

Publié le 19 Janvier 2022

Le Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)
Le Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)

Le Douglas, Sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii)

Aiguilles recto verso de Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)
Aiguilles recto verso de Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)

Aiguilles recto verso de Douglas, Sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii)

Nom scientifique :  Pseudotsuga menziesii (Mirb.) Franco, 1950

Origine du nom : « pseudo tsuga »  vient du grec « pseudès », « faux »,  car cet arbre n’est pas un pin, ni un sapin, ni un tsuga. Les  tsugas sont des conifères présents au Québec où ils sont appelés « pruches ». Le nom latinisé  « menziesii», est attribué  en l’honneur  d’Archibald Menzies médecin, botaniste et artiste écossais (1754-1842).


Autre nom commun : Douglas de Menzies, Pin de l'Orégon, Pseudotsuga de Menzies
Le nom Douglas vient  aussi d’un botaniste écossais, David Douglas, (1799 à 1835) qui a herborisé aux Etats Unis et au Canada et y a découvert  près de 7000 nouvelles plantes à l’époque. C’est David Douglas qui a apporté le premier exemplaire de cet arbre au jardin londonien mondialement connu de Kew en 1827.


Nom en dialecte et allemand : Gewöhnliche Douglasie, Douglasie, Douglastanne

Nom anglais : Douglas fir, Oregon pine, Columbian pine

Date de l’observation: le 13 janvier à La Petite Pierre (67)

Famille de plantes : c’est la famille des  Pinaceae . Cette famille regroupe 11  genres de  ces plantes à fleurs nues ou gymnospermes comme les sapins, épicéas et mélèzes. Ces derniers sont très répandus comme arbres en forêt, en sylviculture et acclimatés sous toutes les latitudes. Au total il existe environ 220 espèces, en majorité des arbres et quelques arbustes. Certains comme le sapin de Douglas peuvent atteindre 70 mètres de haut et plus.  Une des particularités des arbres appartenant aux Pinaceae,  est la production de résines odorantes. Elles les protègent par leur toxicité contre l’écorçage et le broutage des animaux. Les constituants sont des carbures terpéniques dénommés pinènes.
Les feuilles sont des aiguilles enroulées en spirale ou en touffes.
La majorité des espèces ont des feuilles persistantes  (de 2 à 10 ans) mais certains comme les mélèzes perdent leurs aiguilles. Les cônes sont le plus souvent ligneux (en bois).
Les pinacées ont une grande valeur économique. Ils couvrent d’immenses zones dans les régions, boréales et sur certains massifs comme les Vosges et les Alpes. Ils sont cultivés pour fournir du bois aux industries de construction, de fabrication de mobilier ou pièces spéciales et au chauffage domestique.

 

Type : arbre conifère droit à port pyramidal, écorce rouge  et aux aiguilles persistantes

Hauteur: 40 à 55 m en Europe et  80  mètres de manière courante avec 3 mètres de diamètre dans son pays d’origine le Canada, avec des individus très rares de 100 à 120 mètres. Comme les plus grands ont été coupés, il existe peu de chance de battre ces records les prochaines décennies.


Tronc : le diamètre atteint 2 m en Europe. Il est très ramifié dans la partie active. Son écorce, d’abord lisse puis crevassée en long avec l’âge, est de couleur, brun rouge. Elle contient des poches de résine.
Nous avons dans notre région à Haspelschiedt le troisième plus grand douglas de France avec 63.5 m. Les douglas plantés  ne sont pas encore arrivés à maturité et à leur hauteur maximale. Cela promet d’autres hauteurs sur notre continent.


Racines : il possède de nombreuses racines traçantes mais aussi un pivot qui peut se développer dans certains sols profonds.


Longévité : 500 ans et jusqu’à 1000 ans, (pas en Europe évidemment)  résiste aux grands froids.
Sa durée de vie forestière est plus proche de 80 à 120 ans.
Le douglas perd ses branches les plus basses éloignées de la lumière. Cet élagage naturel éloigne les branches et aiguilles d’un feu éventuel. Avec son écorce très épaisse c’est l’un des arbres les plus résistants au feu.

Feuillage: aiguilles plates de 15 à 35 mm, de couleur vert clair, molles mais brillantes sur les deux faces, implantées régulièrement sur les rameaux. Les aiguilles possèdent deux lignes vert clair sur le dessous qui correspondent aux organes de respiration, les tomates. Elles sont très parfumées. Leur odeur rappelle celle de la citronnelle ou des agrumes car elle contient de grosses quantités de limonène, constituant principal des essences d’agrumes. Rien n’est « gratuit » dans la nature. Si l’arbre secrète à hautes doses cette essence c’est en raison de ses propriétés répulsives  à la fois contre les herbivores et contre la plupart des parasites de type insectes et moisissures.

 

Cônes avec leurs bractées à 3 pointes de Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)
Cônes avec leurs bractées à 3 pointes de Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)
Cônes avec leurs bractées à 3 pointes de Douglas, Sapin de Douglas  (Pseudotsuga menziesii)

Cônes avec leurs bractées à 3 pointes de Douglas, Sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii)

Floraison: en mai
 

Fleurs: les fleurs mâles et femelles sont sur des cônes séparés  sur le même arbre et l’espèce est donc dite monoïque. Rappelez-vous que la plupart des plantes à fleurs ont les organes  mâles et femelles réunis sur une fleur unique. Elles  sont hermaphrodites comme les marguerites, les roses, les tulipes…
Les chatons mâles sont de couleur jaune-rouge ; petits, nombreux, et pendants. Les cônes femelles, de 20 à 40 mm, ont des écailles rouges appliquées les unes contre les autres. Des bractées vertes à trois pointes très visibles sur les photos, caractéristiques de cette espèce protègent ces écailles. Après maturité elles vont brunir et se lignifier.
Comme les autres conifères, la pollinisation est faite par le vent.

Confusion possible.oui, avec d’autres  conifères mais l’odeur des aiguilles est un élément de diagnostic très simple. Certains (comme Bernard)  lui trouvent  un aspect en plumeau très caractéristique, bien différent de l’aspect rigide de l’épicéa.

Habitat: pousse sur les  sols sablo-limoneux bien arrosés des régions océaniques avec un optimum de 800 à 1200 mm de pluie. Il résiste aux périodes de sécheresse temporaire  mais est sensible à celles de  longues durées. Il supporte  bien les gelées dans les sols acides, profonds et humides.  Planté dans des  terrains calcaire il se développe moins bien et craint les gels.
Là où il pousse, le douglas produit une litière riche qui n’acidifie pas les sols. Cependant, en se décomposant rapidement elle forme des nitrates. Il est nécessaire  que le sol soit équilibré ou amendé avec du phosphore. Sans un équilibre minéral et une consommation de nitrates, ceux-ci en excédent seront lessivés et iront contaminer les rivières et fleuves. Pour accélérer sa croissance il est systématiquement planté avec des mycorhizes enrobés dans ses racines.

Protection : arbre planté sans protection légale
Dans certains pays d’Europe  il est classé envahissant car très dynamique, il peut éliminer les arbres concurrents dans les sols profonds. Le risque reste faible.


Fruits : Ce sont des  cônes bruns, allongés, pendants et caducs de 5 à 12 cm. Ils sont couverts de bractées à 3 pointes (trifides) dépassant les écailles  qui abritent les graines ailées de 5 à 6 mm. Elles sont mûres  en octobre.


Utilisation :
Les plantations de  douglas produisent rapidement de beaux troncs. Son bois de cœur est brun rosé et l’extérieur (aubier) est jaune clair  Ses qualités esthétiques, ses excellentes propriétés mécaniques et de conservation en font un arbre de choix pour les planteurs de bois, propriétaires de forêt et l’industrie du bois. C’est l’arbre qui apporte le meilleur rendement. La France compte 50% des sapins d’espèce douglas en Europe. Les États-Unis restent le premier producteur mondial. Dans notre pays la récolte est passée de 500 000 m3 dans les années 1990 à 3 000 000 en 2020 et attiendra le double en 2030.

Cet arbre est utilisé en ébénisterie et menuiserie, charpente, menuiserie intérieure et extérieure, planchers, solives, panneaux, isolation. Son bois n’est pas attaqué par les insectes et émet très peu de substances polluantes volatiles.
Il est utilisable  en lamellé collé et peut être endurci en étant séché au four. Les peintures adhérent bien mais il est difficile à traiter dans la masse  car peu perméable.
Il a été utilisé dans des constructions  de pointe comme des ponts routiers, des salles de spectacle et même le refuge du Goûter en haute altitude dans le massif du Mont Blanc.

Il est largement utilisé en jeune plantation comme arbre de Noël en Amérique du Nord.

 

 


Écologie
Dans ses pays d’origine le douglas possède un grand rôle  écologique. Plus de 140 espèces phytophages se nourrissent à ses dépends. Il est brouté par des cervidés jusqu’à l’âge de 15 ans environ. Il nourrit toute une chaîne alimentaire qui comprend des micromammifères comme des taupes, des musaraignes, des tamias, petits rongeurs proches des écureuils, le Campagnol rouge. Les graines nutritives de ses cônes constituent un de leurs aliments principaux. L’Écureuil de Douglas les consomme aussi et mange toutes les parties jeunes de l’arbre : cônes mâles, bourgeons, écorce, jeunes aiguilles. Dans cette niche écologique le prédateur final est la Chouette tachetée, Strix occidentalis. Elle  est fréquente  dans les forêts américaines de sapins douglas et se nourrit des petits mammifères.

Usage alimentaire :
Les jeunes aiguilles aromatiques peuvent être  infusées pour préparer du thé et aromatiser des sauces, sirops et desserts. Les bourgeons sont utilisés pour parfumer des eaux de vie.

Usage médicinal :
Les indiens et peuples autochtones fabriquaient des médicaments avec sa résine pour guérir certaines maladies.

Maladies du douglas :
Selon l’humidité ambiante et celle du sol, il devient sensible aux mycoses provoquées par des champignons aussi bien sur les aiguilles que sur  les racines.  Il est affecté par un insecte d’origine américaine qui ravage ses graines, Magastigmus spermorophus. Des galles spécifiques, provoquées par des cécidomyies, petits hyménoptères, sont capables de stopper sa croissance. Elles se développent sur le douglas dans ses pays d’origine. Pour le moment  elles  sont peu actives en Europe.
Des punaises ravageuses ont été importées  en Europe de ses pays d’origine comme Gilletteella cooleyi.


Texte et photos Roland Gissinger (Anab)- )- relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)



Sources bibliographiques voir index biodiversité
 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Arbres, #Biodiversité de notre région

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G
bonjour,<br /> Oui c'est vraiment un très bel arbre (esthétique, technologie du bois ...); il a aussi très bien résisté à la tempête de 1999. Petite erreur d'inattention: la dernière photo serait plutôt celle d'un pin (sans doute pin Weymouth ... autre américain !) mais on pardonne à Roland et à Gilles, vu la qualité de leurs photos et articles.<br /> Complément d'information: On a planté des milliers de Douglas dans les Vosges du Nord (et ailleurs) sans mycorhizes et ça marche aussi bien. On peut trouver de magnifiques spécimen près de la Heidenkirche et aussi sur le massif de la Burg (FD La Petite-Pierre/Nord), peut-être pas aussi hauts qu'à Haspelschiedt mais quand même! A voir (près du moulin de Ratzwiller pour les connaisseurs).<br /> Petit hic ... le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, grand gardien (!) des principes naturalistes en a banni la plantation sur son territoire parce que c'est une essence allogène. Les forestiers (petits malins) se rabattent sur la régénération naturelle qui marche très bien dans les Vosges du Nord.<br /> Gérard
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R
Merci beaucoup Gérard de ce complément et de ces informations sur la localisation de beaux specimens et l'attitude du Parc. Désolé pour la photo intrue et merci de me l'avoir signalée. Je me suis fiée à son intitulé qui était erroné et facilement détectable.Merci de ton indulgence.
J
C'est un arbre somptueux. Un des plus hauts de France. Il a une mauvaise image suite à sa culture intensive quasi agronomique dans les forêts privées du Morvan. Les racines communiquent entre les différents pieds et ils échangent ainsi eau et minéraux selon leurs besoins respectifs... En Allemagne dans les méandres de la boucle de la Sarre (Mettlach) ils culminent au delà de 50m. Plus près de chez nous, dans le pays de Bitche à Haspelschiedt, ils sont extraordinaires. Plantés durant l'annexion, ils dépassent les 60 m dont un qui a été mesuré à 64 mètres. Ce sont de véritables monuments vivants et ils n'ont rien d'invasifs. Cela vaut une visite. Je reste étonné que c'est endroit soit si peu connu.
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R
La gourmande, pas de souci, c'était une petite blague de ma part pour stimuler une réponse. Tu as bien réagi. Quelle idée de demander une chose pareille! <br /> D'un point de vue balade, il ne faut pas te sous-estimer non plus. Avec une carte du coin c'est facile à organiser. <br /> L'Anab à l'occasion fera un tour dans ce secteur.<br /> Bravo pour ta curiosité.
L
Heu.... je suis pas guide touristique. <br /> Ni guide naturaliste. <br /> Juste une personne lambda qui apprécie la beauté de Dame Nature avec une esprit curieux, avide de savoir et de découvertes.
R
Bonne idée La gourmande, tu nous prépares ce circuit et nous nous ferons un plaisir de le parcourir ensemble
L
Ah va falloir faire ce circuit d'excellence de Haspelschiedt pour les découvrir.
R
merci JCL de ce commentaire de connaisseur. A noté que j'avais déjà cité dans l'article Haspelschiedt et le record de son douglas