Pomme bio versus pomme non bio

Publié le 10 Janvier 2022

Pomme bio versus pomme non bio

Voici deux articles qui comparent les pommes bio aux pommes traitées. Le premier assez récent  fait référence à Greenpeace mais je n'ai pas trouvé la source, l'article original,  sur le site de  greenpeace.
Le second  proposé par Bernard  (merci Bernard) est plus ancien. La situation n'a à mon avis pas beaucoup changé sur le marché de la pomme et c'est bien dommage. Bonne lecture.
Roland


paru sur So.bio le 16/6/2021

L’étude de Greenpeace publiée le 16 juin a été menée à grande échelle : des tests ont été effectués sur 85 échantillons prélevés dans des vergers en agriculture conventionnelle de 12 pays en Europe. Ils prouvent une nouvelle fois que le cocktail de pesticides qui est utilisé pour la production des pommes contamine très largement les eaux et les sols. Dans ces 85 échantillons, des traces de 53 pesticides différents ont été détectés, dont 7 non autorisés au niveau de l’Union européenne, sauf sur dérogation de l’Etat membre.

Au final, 78% des échantillons prélevés par Greenpeace dans les vergers contiennent des résidus de pesticide.

Le plus étonnant, c’est le retentissement de cette étude dans les médias. On a l’impression qu’on découvre aujourd’hui ce problème de contamination par les pesticides pourtant dénoncé régulièrement par de nombreuses études. La récente étude de l’EFSA, l’autorité européenne pour la sécurité des aliments, indique clairement que 50% des aliments analysés contiennent des résidus chimiques. Qui pouvait encore imaginer qu’une pomme conventionnelle qui subit en moyenne 35 traitements chimiques lors de sa culture pouvait ne pas en contenir de traces ?

La réponse viendra dans quelques jours : une étude commanditée par le lobby phytosanitaire publiera certainement des résultats très rassurants sur les teneurs en résidus chimiques des fruits et légumes. C’est la stratégie habituelle des lobbies : introduire la confusion dans l’esprit des consommateurs en contrant une étude qui leur est défavorable par une étude contradictoire. Et c’est cette dernière que beaucoup de consommateurs préféreront croire parce qu’elle leur permet de ne pas changer leurs habitudes de consommation.

Et les pommes bio ?

Les pommes bio ne subissent aucun traitement chimique et ne contiennent pas de traces de pesticides. Mais pour être tout à fait complet et pour répondre aux arguments des bio-sceptiques, il est vrai que nulle exploitation n’est à l’abri d’une contamination accidentelle par l’eau ou l’air. Une étude menée en Allemagne sur d’un grand nombre d’échantillons, a conclu d’une part que les contaminations étaient très minoritaires, et d’autres part que les quelques produits concernés contenaient 180 fois moins de résidus que les produits conventionnels !

C'est le fruit le plus consommé et le plus cultivé en France. C'est aussi le fruit qui reçoit le plus grand nombre de traitements pesticides. Découvrez les différences entre une pomme bio et une pomme conventionnelle.

 

Pomme conventionnelle

La pomme est le fruit qui reçoit le plus de traitements pesticides par an.
  • 35,1 traitements par an en moyenne (un nombre qui peut atteindre 43 dans le bassin du Centre-Ouest), dont :
  • 22 fongicides (contre la tavelure principalement)
  • 9 insecticides
  • 2 herbicides
  • 2 régulateurs de croissance 

Que met-on sur un pommier non bio ?
  • Suivant le calendrier, les pomiculteurs non bio appliquent différents pesticides pour lutter contre : araignées rouges, tavelure, pou de San José, anthonomes, tavelure, puceron, tordeuse de la pelure, oïdium, feu bactérien, carpocapses, tordeuses, botrytis de l'oeil, zeuzere, etc.
    La liste de pesticides en arboriculture établie par la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne est longue à faire frémir
     
  • Les pomiculteurs ont le choix parmi plus de 100 formules commerciales de pesticides applicables aux pommes en France, parmi lesquelles :

          - 53 fongicides (le pesticide le plus utilisé pour les pommiers, environ 20 fois par an)
          - 12 acaricides 
          - 55 insecticides

 
Exemples de pesticides utilisés en pomiculture
 - glufosinates d'ammonium : herbicides classés nocifs pour les organismes aquatiques et pour la santé en cas d'exposition par ingestion, avec risque possible pendant la grossesse d'effets néfastes pour l'enfant, risque de lésions oculaires graves. Ils peuvent altérer la fertilité.
 
- thiophanate : fongicide classé nocif, effect cancérogène suspecté
 
- captane : fongicide classé nocif et dangereux pour l'environnement. Risque de lésions oculaires graves, effet            cancérogène et tératogène suspecté, peut entraîner une sensibilisation par contact avec la peau 
 
- bupirimate : fongicide classé nocif, irritant pour la peau. Il peut provoquer une atteinte des poumons en cas d'ingestion et est toxique pour les organismes aquatiques.
 
- dithianon : fongicide classé nocif, dangereux pour l'environnement et a un effet cancérogène suspecté.
 
- mancozèbe : fongicide classé nocif, très toxique pour les organismes aquatiques, susceptible de nuire au fœtus chez les femmes enceintes selon l'Inserm;
 
- tébuconazole : fongicide classé nocif, cancérogène possible, reprotoxique possible et perturbateur endocrinien selon un rapport de 1996 de l'US Environmental Protection Agency (EPA) ;
 
- manèbe : fongicide, irritant, très toxique pour les organismes aquatiques
 
- folpel : pesticide de conservation, puissant sensibilisant pour la peau, serait la première cause de signalement d'un problème de santé chez l'agriculteur
 
- pyrimicarbe : insecticide classé toxique, irritant pour les yeux, nocif par inhalation, très toxique pour l'environnement, notamment les organismes aquatiques et les pollinisateurs
 
- chlorpyrifos : insecticide classé dangereux pour l'environnement, notamment les organismes aquatiques et les pollinisateurs
 
Conséquences
  • 55 résidus de pesticides différents ont été détectés parmi 1610 échantillons de pommes commercialisées en Europe, lors d'une étude de surveillance coordonnée par l'UE en 2013.
     
  • La pomme est le fruit qui contient le plus de résidus de pesticides juste après la fraise, selon l'Environmental Working Group, une ONG américaine de sensibilisation à la pollution environnementale. 
     
  • Alerte des médecins : les effets des pesticides utilisés en pomiculture inquiètent le corps médical. Dans un rapport de l'INVS, on lit que des médecins de Lubersac, en Corrèze, « ont constaté depuis 10 ans l'émergence d'un certain nombre de pathologies, tout le long de l'année et surtout de mars à septembre, asthme ou équivalent chez jeunes enfants, troubles oculaires a minima, asthmes chez les plus de 45 ans [...]. Au moment de la cueillette, manifestations cutanées, rhinites, conjonctivites chez les cueilleurs et personnes du centre de tri ». L'étude fait état de « résultats qui plaident en faveur d'une proportion plus élevée de pathologies de la sphère ORL pendant les périodes d'épandages dans la zone pomicole ».

    Parmi les cas d'intoxication rapportés : augmentation sécrétion bronchique, hypersudation, hypersalivation, larmoiements, contractions de la pupille, douleurs abdominales, bradychardie, contractions des mucles de la peau, tachycardie, maux de tête, étourdissements, anxiété, confusion mentale, convulsions, coma et dépressions des centres respiratoires, etc. ainsi que des effets chroniques de type cancérogènes.

    Mais comment certains de ces patients, notamment les enfants, peuvent-ils être contaminés s'ils ne travaillent pas dans les vergers ? Le rapport de l'INVS est on ne peut plus clair : " Lors de la pulvérisation, les produits sont emportés par le vent entraînant une exposition par inhalation et par contact cutané avec les fines gouttelettes ; le dépôt des gouttelettes sur les sols entraînant la contamination des aliments cultivés, des aires de jeux des enfants et les poussières qui peuvent pénétrer dans les maisons ». 
     
  •  Apparition de résistance chez le carpocapse, un parasite, à la plupart des insecticides chimiques employés dans le monde
     
  • Difficultés de gestion du tétranyque rouge : cet acarien originaire d'Amérique du Nord et apparu en France dans les années 1980 résiste non seulement aux pesticides mais en plus a moins de prédateurs naturels, eux-mêmes ayant été détruits par les mêmes pesticides.

Pomme bio

 
Des produits autorisés... 
  • Parmi les produits et techniques utilisés en remplacement des pesticides chimiques en pomiculture, on trouve par exemple :

          * Cuivre, soufre, chaux soufrée, bicarbonate de potassium en guise de fongicides

         *  Chlorure de calcium, fumier et composts (engrais naturels)

         *  Pour gérer les attaques d'insectes :
            - argile kaolinite (barrière physique et visuelle contre les attaques de parasites),
            - huiles minérales,
            - confusion sexuelle,
            - larvicides biologiques (virus de la granulose, Bacillus thuringiensis, Spinosad),
            - introduction de forficules (perce-oreilles) pour les pucerons, 
            - pièges englués,
            - pyrèthre naturel 
 

Et beaucoup d'huile de coude
  •  En bio, on gère aussi les indésirables grâce à d'autres outils et techniques :
    - machines ou appareils électriques, bandes pièges sur les troncs pour diminuer les populations de parasites, pulvérisation de nématodes tueurs d'insectes pour réduire la population de larves, filets, grillages
    - Elimination systématique des fruits et pousses touchés
    - Taille longue avec puits de lumière
    - Broyage des feuilles, etc.
  • La pomiculture bio exige de tout faire pour créer et maintenir un agroécosystème équilibré, qui soit résilient et préserve les organismes auxiliaires qui aident à la régulation des ravageurs. Cette recherche d'équilibre est d'autant plus indispensable que les possibilités d'intervention sont limitées. Il faut donc trouver le point d'équilibre entre rendement et faible parasitisme

 

  • Points clefs à soigner particulièrement en bio : fertilisation, soin des sols, couverts végétaux et élagage.
    Par exemple il faudra en bio :
    - prendre en compte des cycles de croissance des parasites et maladies dans les méthodes de culture
    - encourager les insectes auxiliaires via la bonne gestion de l'eau des sols, la plantation de haies et la végétation spontanée
    - prévenir les stagnations d'eau pour éviter l'apparition de champignons et favoriser les populations de perce-oreilles, prédateurs des pucerons.
    - mettre en place de mécanismes de surveillance (température, humidité, prévisions météo ou cycle de vie des parasites)
    - utiliser le compagnonnage végétal et de plantes hôtes des prédateurs des parasites. Exemple : légumineuses, qui sont des plantes fixatrices d'azote.
    - penser à l'agroforesterie. Dans le Suffolk au Royaume-Uni, le fait d'avoir dispersé les pommiers entre 7 autres espèces d'arbres a eu un impact positif sur les niveaux d'infestation parasitaire et les maladies.
    - installer des nichoirs et perchoirs pour les oiseaux prédateurs de parasites, d'abris pour les chauves-souris, tas de pierres pour mustélidés, bandes enherbées fleuries, sites d'hivernation pour coccinelles, chrysopes, etc.
    - sélectionner des cultivars résistants, adaptés au climat et au sol
    - diversifier les variétés de pommes peut permettre de réduire les pathogènes.
    - se tourner vers la sélection assistée par marqueurs (SAM), basée sur la sélection de gènes de résistance
     

Histoires de nos pommes -La petite vie du pommier

  • Le pommier se plante de préférence à l'automne
  • Il a besoin de la compagnie d'autres pommiers pour que des pommes puissent voir le jour, suite à la fécondation.
  • Il a besoin de soleil et d'un sol bien drainé pour éviter les champignons. 
  • Il met 3 à 8 ans avant de donner des fruits. 
  • Récolte :  suivant la variété, la région et l'usage (à croquer, en jus, compote, etc.) les pommes se cueillent dès l'été et jusqu'aux premières gelées de l'automne. Les variétés les plus rustiques pourront être conservées tout l'hiver.
  • On trouve des vergers à pommiers dans toutes les régions de France. En 2011 ils représentaient un tiers du verger français en superficie.
  • Il existe plusieurs milliers de variétés de pommes. Dans le sud-est, sud-ouest et centre-ouest, les 2 variétés les plus cultivées sont Golden et Gala, très sensibles aux maladies fongiques et consommant plus de pesticides que la moyenne (entre 40 et 50 traitements par an). Dans le nord on cultive surtout des Jonagold et Boskoop (en moyenne 30 traitements par an).

Le coin du savant
  • Au sens botanique du terme, la pomme est un faux-fruit. Le vrai fruit botanique, c'est le trognon !
  • Le pommier, Malus communis, vient d'Asie Mineure, comme de très nombreux fruits et légumes mangés aujourd'hui. 
 
Les ennemis de la pomme
  • Tavelure : champignon causant des lésions noires sur les feuilles, bourgeois, fruits, bois, favorisée par l'humidité. La forte densité d'arbres, qu'on trouve notamment dans les bassins du Centre-Ouest, (2200 arbres par hectare contre 1430 en moyenne) peut faciliter la diffusion des maladies à champignons.
  • Oïdium : encore un champignon
  • Insectes ravageurs : carpocapse et pucerons en particulier
Bénéfices pour la santé 
  • La pomme est riche en antioxydants (polyphénols et flavonoïdes) : en consommer peut contribuer à réduire le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers, ainsi qu'à améliorer les fonctions respiratoires.
  • Riche en pectine, une fibre soluble qui fixe de grandes quantités d'eau en formant un gel, la pomme est un atout pour diminuer le taux de cholestérol et aider certains problèmes intestinaux.
  • La pomme est une source de vitamine C, de potassium, de phosphore, de zinc, de cuivre, de vitamine K et de manganèse. 
Manger la pomme différemment

Mangez sa peau ! Son pouvoir antioxydant est de 2 à 6 fois plus élevés que celui de la chair. La peau contient de 2 à 6 fois plus de composés phénoliques, de 2 à 3 fois plus de flavonoïdes et de 4 à 6 fois de vitamine C que la chair.
  •  Idées pour ta pomme de bio consom'acteur  : 
    - apéro à base de pommes avec du fromage et des noix
    - pommes au four remplies de sucre et de cannelle
    - à la poêle avec des oignons ou des champignons
    - en salade avec des endives
    - les peaux en infusion avec du jus de citron et du miel
A savoir : Les pommes se conservent longtemps au frais, dans des cagettes en bois et dans l'obscurité.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Produits bio

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L
Bonjour. Merci pour cet article et pour reprendre le commentaire précédent, il semble qu'effectivement, sur l'avant dernière photo, la petite fille semble déguster une pêche...
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R
Bonjour Laurent, merci de votre commentaire de cet article,<br /> S vous êtes deux à voir une pêche et bien c'est sans doute une pêche.<br /> Greenpeace n'a pas fait le bon tri des images et nous l'avons republié tel que.
P
Bonjour, merci super pour votre article, manger des pommes BIO vaut bien un vaccin !!<br /> Je voudrais quand même signaler qu'une des photos dans l'article montre une petite fille qui semble manger : une pêche !!
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R
merci Patrick de ce commentaire. Perso je ne vois que des pommes dans cet article mais la vision de chacun est différente. (voir le quiz de jeudi prochain)