Renard : 4 idées reçues sur un animal utile

Publié le 12 Avril 2022

Renard : 4 idées reçues sur un animal utile

paru sur FranceNature Environnement le 19/1/2022

Museau allongé, oreilles pointues, queue longue et touffue : sa silhouette est connue de tous. Mais cet animal si familier est encore et toujours perçu à tort comme un « nuisible ». Démontons les a priori qui collent à la peau de ce carnivore fort utile pour limiter la prolifération des maladies et des petits rongeurs.

Le renard est-il un animal nuisible ?

Le renard est un auxiliaire précieux pour l’agriculture

Cela tient à son régime alimentaire essentiellement constitué de petits rongeurs, responsables de dégâts sur les cultures. Le renard régule ces espèces et évite ainsi l’utilisation de produits toxiques (anti-coagulants) qui peuvent provoquer des réactions en cascade sur le reste de la chaîne alimentaire, comme les rapaces, les sangliers…

Animal opportuniste, le renard peut aussi nettoyer les carcasses laissées par d’autres prédateurs. En jouant ce rôle d’équarisseur naturel, il évite la prolifération de maladies. Le renard est donc un maillon essentiel dans les écosystèmes.

Le renard n’est pas responsable de la disparition d’autres espèces

En tant que prédateur opportuniste, le renard peut consommer des espèces chassables telles que des oiseaux ou des petits mammifères, comme le grand hamster.

Il ne fait que jouer son rôle de régulateur et n’est pas responsable de la raréfaction de ces espèces, qui est provoquée par les modifications des paysages, les pratiques agricoles intensives et l’étalement urbain. Par ailleurs, les oiseaux d’élevage lâchés pour la chasse et incapables de se défendre constituent pour lui une proie bien plus facile que les animaux sauvages.

Une étude allemande a conclu que l’amélioration des habitats serait plus efficace que la régulation des populations de renards pour restaurer les populations de lièvres, lapins et perdrix.

Le renard est-il un vecteur de maladies ?

Le renard ne transmet pas la rage

Aujourd’hui le renard n’est plus porteur de la rage grâce à une vaste campagne de vaccination orale menée à partir de 1986. En 2001, la rage du renard a été éradiquée, le dernier cas de rage « vulpine » datant de 1998. Un réseau de surveillance de la faune sauvage est en place sur tout le territoire national et permet de repérer tout animal présentant des signes de la maladie.

Echinococcose alvéolaire : persécuter le renard est inutile

Souvent présentée à tort comme la maladie du renard, cette maladie rare mais grave chez l’homme est due à un petit ver d’à peine quelques millimètres qui vit dans l’intestin des carnivores : renards, mais aussi chiens et chats. 30 % des chats et des chiens seraient porteurs de ce ver.

L’homme se contamine en ingérant des aliments souillés par les déjections (mais pas l’urine) ou par contact avec les œufs du ver qui sont présents sur le pelage des chiens et des chats.

Persécuter les renards ne fera pas reculer la maladie. Il faut appliquer des mesures de prévention simples dans les zones infestées (le Nord-Est de la France et le Massif central) :

  • Consommer cuits à plus de 60°C les plantes, légumes et fruits poussant au sol ;
  • Se laver les mains soigneusement après des travaux de jardinage, après tout contact avec les animaux familiers et avant chaque repas ;
  • Vermifuger plusieurs fois par an chiens et chats avec un produit spécifique contre ce parasite.
Le renard est un rempart contre la maladie de Lyme

La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est une maladie transmise à l’homme par des tiques porteuses des bactéries Borrelia. Ces tiques contractent ces bactéries lorsque, encore à l’état de larves ou de nymphes, elles se nourrissent du sang de rongeurs ou d’oiseaux infectés. Ces bactéries, une fois ingurgitées, remontent de l’intestin jusqu’aux glandes salivaires d’où elles pourront être réinjectées dans un nouvel hôte.

Des études ont montré que l’activité des prédateurs (renard roux, martre, putois, blaireau) pouvait abaisser le nombre de tiques dans un écosystème, en régulant les populations de rongeurs porteurs de tiques. En effet, le renard élimine les rongeurs, qui sont moins actifs en sa présence, ce qui réduit leur taux de rencontre avec les tiques. Et les rongeurs qui se déplacent davantage et qui sont les plus infectés seront aussi les plus prédatés par le renard, ce qui réduit la part de rongeurs infestés. Il est donc contre-productif de tuer des renards pour lutter contre la maladie de Lyme, alors que la présence de ce canidé permet de diminuer la prévalence de cette maladie.

Le renard peut-il cohabiter avec l’homme ?

Le renard arrive en ville

Au fur et à mesure que les villes ont grignoté la campagne, le renard, en bon opportuniste, s’est adapté à cet habitat artificiel. Il y mène une vie nocturne et profite du gîte de nos jardins, ainsi que du couvert qu’il peut trouver dans nos ordures ou dans les gamelles des animaux domestiques.

La cohabitation avec l’homme et ses animaux domestiques est pacifique, mais le renard peut occasionner quelques dérangements mineurs : poubelles renversées, gamelles vidées ou abris de jardin, garages et massifs floraux squattés faute de terriers.

Renard et poules : bien protéger son poulailler

En bon opportuniste, le renard ne ratera pas l’occasion d’attraper des poules en liberté, hors d’un enclos, ou de s’introduire dans un poulailler mal protégé.

Pour bien protéger son poulailler du renard, il faut prendre en compte le fait qu’il peut tout aussi bien creuser que sauter. Le poulailler doit donc être clôturé par un grillage d’une maille de 4 cm maximum, suffisamment haut (130 cm minimum) et enterré jusqu’à 40 cm dans le sol. Pour renforcer la protection, il est possible de plier la partie supérieure du grillage vers l’extérieur avec un angle de 30°.

Enfin, installer les piquets de soutien vers l’intérieur du poulailler permettra d’empêcher d’autres prédateurs (fouines, martres) de s’y introduire.

la population de renards a-t-elle besoin d’être régulée ?

Le renard ne pullule pas : ses effectifs s’autorégulent sans intervention de l’homme car le nombre de jeunes par portée s’adapte chaque année à la quantité de proies disponibles. De plus, la femelle n’est fertile que quelques jours dans l’année, en janvier-février. Le renard est territorial et ne laisse pas de concurrent s’installer sur son territoire, ce qui limite le nombre d’individus sur un endroit donné.
 

Aujourd’hui encore, 500 000 renards sont tués chaque année, par presque tous les moyens : tir, piégeage et déterrage et ce, de jour comme de nuit, toute l’année, même en période de reproduction et d’élevage des jeunes.

Le renard est chassé uniquement à des fins de loisirs (chasse à tir, chasse à courre, déterrage) ou bien persécuté pour des motifs fallacieux de concurrence avec les chasseurs. Ces destructions ne répondent à aucun motif scientifique ni sanitaire et nuisent à l’équilibre des écosystèmes.

Renard : 4 idées reçues sur un animal utile

Mieux connaître le Renard

Un carnivore opportuniste

Le Renard européen (Vulpes vulpes) est un carnivore appartenant à la famille des canidés, comme le chien et le loup. Bas sur pattes, il pèse entre 6 et 9 kg et mesure entre 60 et 90 cm du museau à l’arrière du corps, auxquels il faut ajouter plus de 40 cm pour la queue ! Sa fourrure va du beige au roux, parfois jusqu’au marron.

Physiquement, le renard est proche du loup. Mais son opportunisme et sa capacité d’adaptation au milieu rappellent aussi le chat. Souple et furtif, sa taille modeste l’empêche de s’attaquer à de grandes proies. Ses pupilles verticales et ses longues moustaches ultra-sensibles l’aident à se faufiler en un éclair dans les passages les plus étroits.  

Le renard est opportuniste : il squatte fréquemment les terriers d’autres animaux, comme le blaireau. Pendant longtemps, on a cru le renard solitaire, mais lors d’années fastes, un couple peut accepter sur son territoire, en plus des jeunes de l’année, des jeunes des années précédentes ou un vieux parent. Le clan ne dépassera pas 5 adultes au maximum.

Renard : un chasseur amateur de petits rongeurs

Doté d’une bonne vision nocturne, c’est surtout grâce à son odorat fin et son ouïe performante qu’il détecte, sous terre ou dans l’épaisse végétation, les petits rongeurs, en particulier les campagnols. Sa technique de chasse est originale : après avoir repéré sa victime, il s’arrête, affine la localisation avec son odorat et ses oreilles, bondit en l’air pour retomber sur sa proie qu’il cloue au sol.

Son régime est complété avec tout ce qu’il trouve au fil des saisons : lombrics, amphibiens, insectes, fruits, oiseaux (y compris de basse-cour), charognes. Il lui arrive même de faire des provisions qu’il dissimule sans en oublier les cachettes.

Pour en savoir plus sur le renard :

Rédigé par ANAB

Publié dans #Protection animale

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R
Merci de vos commentaires. C'est toujours difficile pour moi de comprendre pourquoi le renard est classé nuisible. Des associations se battent pour modifier ce classement.
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B
Un cas de rage a été signalé aux États-Unis récemment.
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J
La notion de nuisible mériterait effectivement d’être très largement revue!<br /> Pour ce qui est de l’arrivée des renards en ville, j’ai l’immense chance d’avoir la visite tous les soirs de renards dans mon jardin. Il est même possible de dire que si certains sont très craintifs, d’autres n’hésitent pas à venir très près des habitations pour y réclamer quelques aliments. C’est ainsi qu’ils font aussi du nettoyage de restes alimentaires … et c’est très certainement pour cela qu’ils viennent en ville, à l’abri des chasseurs et avec la certitude d’un garde manger bien fourni car j’ai pu rencontrer de nombreuses personnes qui les nourrissent, leur observation étant en plus un admirable spectacle.
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A
Bonjour à tous,<br /> Le renard a la réputation de décimer les volailles en s'introduisant dans les poulaillers mal protégés et d'y faire des dégâts parfois considérables !! ... c'est faux.<br /> <br /> Ce genre de mésaventure est beaucoup plus souvent le fait de la fouine mais surtout de la belette. Animal sanguinaire, la belette va couper les cous de toutes les poules et se nourrir du sang des pauvres animaux de la basse cour en laissant un champ de plumes et de cadavres mais aussi en emportant les œufs des pondeuses.<br /> <br /> Le renard va aussi s'y servir mais beaucoup plus modestement. Il va attraper une poule, sans tuer les autres, et embarquer sa proie pour son déjeuner et/ou nourrir ses petits. Certes, si la chose reste possible, il sera aussi la le lendemain ... il faut bien que tout le monde vive.<br /> <br /> Mon petit couplet n'est pas le recopiage d'un article de la dernière page de mon journal mais du "vécu" et de l'observé, à la maison.<br /> <br /> @+