Accident de chasse : "On n’a pas à supporter que, durant six mois de l'année, cette minorité armée ait le droit d’imposer son loisir à tous les autres"

Publié le 25 Février 2022

Un panneau signalant une chasse à l'orée de la forêt de Tannenwald, près de Mulhouse,

Un panneau signalant une chasse à l'orée de la forêt de Tannenwald, près de Mulhouse,

paru sur Franceinfo le 21/2/2022

Après la mort samedi d'une randonneuse de 25 ans à la suite d'un accident de chasse, le porte-parole de la fondation Brigitte Bardot, qui oeuvre pour la protection des animaux, appelle à des mesures "fortes".

hristophe Marie, porte-parole et directeur adjoint de l'association de protection des animaux, revient sur franceinfo sur la mort d'une randonneuse de 25 ans, tuée par une balle perdue dans le Cantal, samedi 19 février.

franceinfo : Qu'attendez-vous après cet accident ?

Christophe Marie : Il faut une réponse politique parce que malheureusement la mort de cette jeune femme n'est pas un cas isolé. En 20 ans, les chasseurs ont tué plus de 400 personnes et blessé des milliers d'autres. On demande un encadrement beaucoup plus strict de la chasse et des jours sans chasse pour arriver à un meilleur partage de la nature.

Les Français se sentent-ils en danger pendant la chasse ?

On a fait un sondage l'année dernière qui montre que 71% des Français se disent en insécurité lorsqu'ils se promènent lors d'une période de chasse. C'est quelque chose qui s'amplifie. En 2009, 46% des Français se sentaient en sécurité contre 29% aujourd'hui. On demande aux candidats l'instauration de deux jours non chassés par semaine plus les périodes scolaires. Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon se sont positionnés. Nous allons dévoiler dans quelques jours un nouveau sondage réalisé en février dans lequel 83% des Français interrogés disent être favorables à l'instauration de deux jours non chassés par semaine plus les vacances scolaires.

Pensez-vous que le gouvernement puisse prendre des mesures importantes en pleine campagne électorale ?

Le poids des chasseurs est infiniment moindre que celui des défenseurs des animaux. Evidemment il y a eu une baisse du nombre d'accidents, mais il y a moins de chasseurs aujourd'hui qu'il y a 40 ans. On ne peut pas mener la politique qu'on menait sous Giscard parce que la situation n'est plus du tout la même. Notre rapport l'animal et à la nature est totalement différent. Il faut amener des mesures fortes. Emmanuel Macron a l'image de quelqu'un qui souhaitait la voix des chasseurs. Là, on sent que c'est plutôt de la droite à l'extrême droite que cette course aux voix se fait. Il faut arrêter de prétendre qu'on empêchera ce genre d'accident tant qu'on mettra des mineurs armés. On attend une réelle réponse du gouvernement.

paru sur Franceinfo le 21/2/2022
À Avallon dans l'Yonne, la chasse limitée à six jours par an : "Après, on laisse la forêt aux autres"

Les chasseurs avallonnais ne peuvent chasser que le dimanche et seulement six dimanches par an maximum, jamais pendant les vacances scolaires. 

L’accident de chasse dans le Cantal samedi 19 février pose une nouvelle fois la question du partage de la nature entre ses différents utilisateurs. Faut-il limiter la chasse, l’interdire le week-end ou pendant les congés scolaires ? Certains territoires de chasse en font l’expérience. C’est le cas dans l'Yonne, à Avallon où la commune a confié la gestion de la chasse dans la forêt municipale à une société qui revendique une chasse plus sûre et plus respectueuse des autres usagers.

Annie pratique la randonnée et le trail, la marche rapide, dans les forêts d’Avallon. Elle n’est pas prête d’oublier sa rencontre avec des chasseurs il y a un peu moins d’un an. "Ils avaient lâché leurs chiens et je garde un très mauvais souvenir de l'un de ces animaux en particulier qui avait saisi un bébé sanglier et qui l'avait déchiqueté", se rappelle-t-elle. "On entendait le bébé sanglier agoniser, c'était vraiment moche. Je m'étais dit que si je voyais un chasseur à ce moment-là, j'étais prête à le 'démonter'".

Pas de chasse pendant les vacances scolaires

Une telle scène ne devrait plus se produire désormais. Antonin, jeune chasseur de 21 ans, déambule en forêt mais sans son fusil. Il est en repérage pour sa prochaine chasse, qui n'aura pas lieu avant le le 6 mars. "À Avallon, on ne chasse que le dimanche et cette année on a chassé cinq fois", raconte le jeune homme. "Après, on laisse la forêt aux autres." Dans cette commune en effet, on ne chasse que six dimanches par an, jamais pendant les congés scolaires et tous les usagers de la forêt sont prévenus à l'avance.

Dans cette chasse qui se veut plus sûre, on ne tire pas à plus de 40 mètres d’un animal, jamais en lisière des forêts. On tire d'ailleurs le moins possible. "Le bon tir est sécuritaire et permet une mort certaine de l'animal, on ne veut pas le blesser", explique le président de la société de chasse Ludovic Fabre. "Si l'on prend la responsabilité de tirer, on le fait sur un animal qui se dérobe à courte distance et à petite vitesse."

 

 

les chasseurs d’Avallon qui pratiquent la traque affût. (LUDOVIC FABRE)

 

Garantir un équilibre entre tous les usagers de la forêt

Cette société a été choisie après un appel d’offre obligatoire pour une forêt communale car elle était la seule à permettre à tous les usagers de profiter de la forêt. "Les utilisateurs sont nombreux, bien évidemment", reconnaît Gérard Delorme, conseiller municipal délégué d’Avallon. "Il y a les marcheurs, les randonneurs, les cueilleurs de champignons, les forestiers également. Il fallait trouver un compromis pour permettre cet équilibre entre les différents utilisateurs de la forêt et aussi réduire le gros gibier, qui est très important sur le territoire de la commune." Plaisir rare, la chasse est aussi plus chère à Avallon puisque chaque pratiquant paye une action de chasse anuelle de 800 euros.

Rédigé par ANAB

Publié dans #Pollution-pesticides, #Protection animale

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