Enquête mycologique, épisode 41, Cortinarius torvus, le Cortinaire à chaussette
Publié le 12 Février 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 5 novembre 2021, dans la forêt de Siltzheim, près d’une mare, à proximité de bouleaux. Le mois d’octobre a été doux mais néanmoins sec, ce qui ne favorise pas la prolifération des gangs fongiques. Néanmoins, l’enquêteur a l’œil pour les débusquer.
Arme du crime
Le champignon pousse au sol ; la base de son pied est propre, sans débris agglomérés. Aucun doute possible qu’il s’agisse d’un champignon mycorhizien.
Profil du suspect
La morphologie du champignon est classique, avec un pied et un chapeau. Il est de taille moyenne, de couleur brun grisâtre. Les lames sont adnées.
Un examen rapide des lames, la couleur brun rouille et des filaments de même couleur au niveau des lames et sur le pied (ce qu’on appelle la cortine) oriente immédiatement vers un cortinaire. L’odeur est fruitée.
Deux observations ici sont fondamentales :
- la marge du chapeau recouverte de reste de voile blanc
- un pied violacé en haut, avec une chaussette, qu’on appelle l’armille, formant un anneau vers le haut
Ces éléments sont déjà suffisants pour identifier le champignon comme le cortinaire à chaussette (Cortinarius torvus). C’est un cortinaire assez fréquent, préférant les sols peu calcaires.
Couleur de sporée
La sporée est brun rouille, typique des cortinaires.
L’examen par la police scientifique
Les spores sont elliptiques et verruqueuses.
Spores de Cortinarius torvus, le Cortinaire à chaussette- Microscopie X1000- Photo Gilles Weiskircher (Anab)
La conclusion de l’enquêteur
Les cortinaires sont un groupe énorme, de plus de 2000 espèces, qui posent de nombreuses difficultés aux mycologues. Ces derniers disent, avec ironie, qu’un champignon sur deux en forêt est un cortinaire. Surtout pour ce groupe, il est indispensable de disposer de plusieurs spécimens en parfait état et à tous les stades de développement pour espérer une identification correcte.
Retenons que les cortinaires sont des champignons mycorhiziens, à sporée brun rouille, pouvant présenter un voile partiel et un voile général, des spores verruqueuses.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)