Enquête mycologique, épisode 42, Coprinellus micaceus, le Coprin micacé

Publié le 19 Février 2022

Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

 

Scène du crime

 

Nous sommes le 30 septembre 2015, à Zetting (57) en lisière de forêt de feuillus, type chênaie hêtraie, acidiphile.

Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Arme du crime

 

Le champignon pousse au sol, avec beaucoup de débris organiques à la base du pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprotrophe.

 

Profil du suspect

 

La morphologie du champignon est classique, avec un pied et un chapeau. Sa croissance est fasciculée, signifiant que plusieurs champignons poussent en faisceau. Effectivement, ce champignon pousse rarement seul.

La morphologie du chapeau est ovoïde, campaniforme (en forme de cloche). Rien que cette morphologie fait déjà soupçonner à l’enquêteur qu’on est peut-être en présence d’un membre de la famille des coprins.

La couleur du chapeau est jaune ocre. On observe, sur les sujets jeunes, un saupoudrage de petites écailles brillantes, au milieu du chapeau.

Tous ces éléments permettent d’affirmer qu’on est en présence d’un coprin micacé ou membre très proche. Les petites écailles brillantes, comme du mica, expliquent le nom du spécimen.

 

Les coprins

 

Pour le grand public, coprin est synonyme du célèbre coprin chevelu, un champignon comestible. Mais les apparences sont trompeuses. Derrière ce nom se cache un groupe assez difficile, avec près de 150 espèces en Europe. De manière générale, les coprins sont des champignons à chair fragile, à lames libres, avec une sporée noire, se liquéfiant assez rapidement, ce qui complexifie leur étude. Ils sont saprotrophes.

Pour les étudier, un examen de la surface du chapeau est indispensable pour évaluer la nature du voile présent : filamenteux, farineux, etc.

Les coprins sont nombreux, variés et exigent une détermination minutieuse au microscope.

 

Pour affiner et confirmer la détermination, l’examen par la police scientifique est indispensable.

Spores de Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Spores de Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Couleur de sporée

 

La couleur est noire

 

L’examen par la police scientifique

 

Les spores sont mitriformes (en forme de mitre)

Un mot sur les « paillettes » du chapeau

 

Le revêtement du chapeau est, pour de nombreuses espèces, un critère important de détermination. L’observation de son aspect fait partie intégrante du processus de détermination. La présence d’écailles fines signe la présence d’un revêtement dit en épithélium. Il est constitué de grosses cellules rondes qui se renouvellent continuellement, donnant visuellement l’aspect d’une poudre. La microscopie met bien en évidence ce revêtement granuleux.

Cellules épithéliales, microscopie x1000 de Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Cellules épithéliales, microscopie x1000 de Coprinellus micaceus, le Coprin micacé- Photo Gilles Weiskircher (Anab)

La conclusion de l’enquêteur

 

Tous les éléments collectés permettent d’identifier le spécimen comme le coprin micacé, Coprinellus micaceus.

Les petits coprins, appartenant aux genres Coprinellus et Coprinopsis, sont difficiles à identifier. Ce sont déjà des champignons très fragiles. Une fois prélevé, et le temps de rentrer, le spécimen n’est souvent plus exploitable. Il faut enfin disposer de spécimens jeunes pour observer les voiles, ces derniers disparaissant rapidement lors de la croissance. En bref, c’est un groupe compliqué à tous les niveaux.

 

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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J
J'aurais aimé une photo sur laquelle on voit les paillettes comme sur le mica mais j'imagine que peut-être l'algorithme de votre appareil photo corrige automatiquement ce genre de détail comme le fait celui de mon Smartphone malheureusement... Sinon, superbe reportage, très instructif et accessible aux apprenants, MERCI.
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G
Bonjour Laetitia,<br /> Effectivement, sur smartphone, c'est difficile de faire ressortir les paillettes. De plus, ces dernières ne sont visibles que sur les sujets très jeunes, ils disparaissent très vites.<br /> Bref, pas faciles ces petits coprins
V
Bravo encore et encore pour tes enquêtes mycologiques qui sont devenues des compagnes sur le chemin de découvertes des champignons. Et merci.
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G
Bonjour Martine,<br /> Merci pour tes encouragements et aussi d'apprécier ces enquêtes.