Enquête mycologique, épisode 43, Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée

Publié le 26 Février 2022

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

 

Scène du crime

 

Nous sommes le 6 octobre, en lisière de forêt de feuillus à Zetting, type chênaie hêtraie, acidiphile.

Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Arme du crime

 

Le champignon pousse au sol, avec beaucoup de débris organiques à la base du pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprotrophe.

 

Profil du suspect

 

La morphologie du champignon est classique, avec un pied et un chapeau. Le chapeau est de couleur jaune cannelle à orangée, veloutée. Mais plusieurs observations sont ici essentielles à faire : sur les sujets jeunes, la présence d’une cortine blanche qui se déchire rapidement lors de la croissance. ATTENTION : présence d’une cortine ne signifie pas nécessairement Cortinaire. Les lames sont noires sur les sujets âgés et exsudent des gouttes. La couleur noire doit orienter vers les genres Agaricus ou Psathyrella. Chez les cortinaires, les lames seraient de couleur rouille, et ils sont également mycorhiziens. Le genre Agaricus est exclu, car les lames sont blanches à roses chez les sujets jeunes.

Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Sur les sujets plus âgés, on voit que cette cortine s’est déposée sur le pied et SURTOUT qu’elle s’est teintée de noir, couleur donnée par le dépôt des spores. Une observation supplémentaire pour exclure complètement un cortinaire où les spores sont rouilles. On est donc en présence d’un membre du groupe des psathyrelles.

Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Lacrymaria lacrymabunda, la Psathyrelle veloutée - Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Le champignon présenté est assez typé, poussant souvent en groupe. Très commun, on le trouve sur des terrains aérés et riches en humus : lisière, bord de chemin, parc, prairie. Il apparaît rapidement après la pluie. C’est effectivement une psathyrelle, la Psathyrelle veloutée ou Lacrymaire velouté ou Psathyrelle pleureuse  (Lacrymaria lacrymabunda). On ne peut pas vraiment la confondre : son chapeau velouté, sa couleur, les lames dites « pleureuses » et noires.

 

Couleur de sporée

 

La couleur est noire. Nul besoin de faire une manipulation, elle est visible sur le pied.

 

 

 

La conclusion de l’enquêteur

 

Déterminer, c’est collecter des observations et procéder par élimination jusqu’à réduire le nombre de candidats possibles. J’aime bien comparer cette démarche au jeu « Qui est-ce ? » où on « élimine » des candidats successivement. Ça nécessite préalablement de maîtriser un minimum de vocabulaire puis de connaître les caractéristiques de chaque groupe. Quand on débute, prêter attention à la couleur des lames, l’insertion des lames, la couleur de la sporée, la présence d’un ornement sur le pied ou à la base du pied, vous donnera le bagage suffisant pour vous prémunir d’une fâcheuse méprise.

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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B
Je trouve très intéressant de rappeler à chaque fois la démarche à suivre.
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G
Bonsoir Bernard,<br /> La méthodologie, c'est la base, il faut toujours là rappeler sans cesse