Le Gendarme (Pyrrhocoris apterus)- le Suisse, le Soldat, la Punaise rouge, la Punaise de feu, le diable cherche-midi, l
Publié le 2 Mars 2022
Le Gendarme, (Pyrrhocoris apterus)- le Suisse, le Soldat, la Punaise rouge, la Punaise de feu, le diable cherche-midi, la Bête indienne ou le Pompier.
Nous l’avons tous vu courir sur les murs ou le pavé de la cour d’école plantée de tilleuls ou ailleurs. Il porte deux taches rondes noires. Il existe une trentaine de ces punaises de couleur, rouge et noir. Voyons les différences.
Roland
Nom scientifique : Pyrrhocoris apterus (Linnaeus, 1758)
Etymologie du nom : « Pyrrhocoris» dérive sans doute du grec « pyrrho », le feu et de « koris »,la punaise, donc « punaise de feu », et « apterus » signifie en latin « sans aile ».
Autres noms communs: le Suisse, le Soldat, la Punaise rouge, la Punaise de feu, le diable cherche-midi, la Bête indienne ou le Pompier.
Nom allemand : Gemeine Feuerwanze
Nom anglais : Fire bug
Observation : le 26 février à Postroff
Famille : le Gendarme est un insecte de la famille des Pyrrhocoridae , Ordre des Hétéroptères, Super Ordre des Hémiptères.
Ce Super Ordre des Hémiptères comprend un nombre énorme d’espèces, 100 000 espèces environ dans le monde !
Les Hémiptères sont des insectes qui possèdent des pièces buccales piqueuses enfermées dans un rostre et fonctionnant comme une petite aiguille hypodermique qui aspire les sucs des plantes ou de petits animaux .
On distingue deux ordres : les Hétéroptères : la Punaise pijama, notre Gendarme, les réduves ..
les Homoptères : les cigales, les cercops, les pucerons , les cochenilles ..
Chez les Hétéroptères (30 000 espèces), les ailes antérieures sont divisées en 2 régions : l’une basale, coriace ( la corie ), l’autre apicale toujours membraneuse ; les ailes postérieures sont toujours membraneuses.
NB : chez les Homoptères, les ailes antérieures ont une structure uniforme soit coriace soit membraneuse. Il existe 150 différentes punaises en France et plus de 1300 ont été répertoriées au niveau mondial. Parmi les punaises rouge et noir, notre Gendarme (Pyrrhocoridae: 4 articles antennaires et sans ocelle) se distingue d’autres punaises rouge /noir, comme la Punaise à damier (Spilostethus saxatilis ) une Lygaeidae avec 4 articles antennaires, des ocelles et une membrane avec moins de 5 nervures.
Dimensions: 6.5 à 12 mm sans prendre en compte les antennes.
Durée de vie: mars à octobre, hivernage sous forme adulte
Description:
Pour bien la distinguer d’autres punaises noires et rouges, voici des points de reconnaissance :
1/ Les antennes sont composées de 4 segments noirs (5 articles antennaires chez Eurydema ornatum : Pentadomidae).
2/ Le pronotum ( partie antérieure du thorax situé derrière la tête ) est rouge sur le bord et noir au centre en formant un rectangle .
3/ Les hémélytres sont rouge vif avec un tache circulaire noire au centre.
Les ailes membraneuses sont parcourues de 7 à 8 nervures.
Particularité : 95% des individus n’ont pas d’ailes complètes. Pour cette raison, cette espèce est dénommée Pyrrhocoris apterus, « Punaise de feu sans aile ». Même ceux qui ont des ailes complètes, ne volent pas !
A remarquer également, cette punaise vue à l’envers rappelle très nettement un masque africain !
4/ Les pattes sont noires.
Les larves ont l’abdomen presque entièrement rouge brique.
Nourriture:
Elle se nourrit grâce à son rostre, tuyau acéré qu’elle plonge dans les tissus des plantes. S’en servant comme paille, elle aspire la sève sucrée des plantes. Elle se nourrit de la sève de Malvacées, comme les tilleuls, les mauves et de leurs fruits, et aussi du Robinier faux acacia (Robinia pseudoacacia)
et du châtaignier.
Elle peut aussi selon les conditions s’en prendre à des œufs d’insectes, des insectes morts ou même aux larves de leur propre espèce (cannibalisme) en cas de famine.
Habitat: murs rochers, falaises, troncs .
Elle aime la chaleur et les rochers quand il y en a, d’où sans doute leur nom commun de « Cherche midi ».
Il est présent dans toute l’Europe et l’Asie, manque dans le Nord.
Biologique et activité:
Cette punaise produit deux sortes de salive pour piquer les végétaux :
une salive gel qui maintient le rostre dans le végétal piqué et une salive injectée qui liquéfie les tissus grâce à ses enzymes.
Elle possède un appareil odoriférant constitué de glandes situées sur la partie dorsoabdominale chez les larves et métathoracique au niveau de la deuxième paire de pattes chez les adultes.
Les punaises en général, produisent des sécrétions toxiques et nauséabondes mais pas celle-ci.
Reproduction: Les adultes s’accouplent pendant 20 minutes à trente heures. La copulation a lieu têtes opposées entre mai et juin. Cette durée permettrait au mâle d’assurer sa descendance en évitant l’approche d’autres mâles.
Les femelles fécondées pondent de 40 à 80 œufs sous des feuilles dans des trous du sol ou des cavités qu’elles ont creusées.
Les œufs vont éclore après 3 à 4 semaines. Des punaises miniatures en sortent et se développent en 5 stades successifs. Ils arrivent au stade adulte sans passer par un stade nymphe ou chrysalide comme chez d’autres insectes. On parle dans ce cas de métamorphose incomplète ou d’insecte paurométabole (métamorphose pauvre). C’est le cas aussi chez les sauterelles, les criquets et les mantes.
Entretemps les larves se nourrissent des feuilles et rameaux. Elles seront adultes fin août.
Incidence agricole :
Cette punaise cause peu de dégâts mais des quantités importantes peuvent se trouver au pied des tilleuls.
Il est possible d’en diminuer les populations en plantant du Sapin baumier, Abies balsamea.
Ce dernier secrète une substance analogue à l’hormone juvénile de ces punaises, la « juvabione ».
En présence de cette hormone, la punaise reste au stade juvénile et ne peut se reproduire.
Cette substance a été trouvée par hasard quand des chercheurs tchèques voulaient élever des Gendarmes. Ces Gendarmes restaient au stade juvénile. Dans les boites se trouvaient des serviettes de propreté en papier. Seules, celles fabriquées avec du sapin baumier produisaient cet effet.
Cette juvabione est donc un insecticide naturel secrété par l’arbre.
Prédateurs: chauve souris, oiseaux
Protection : pas de statut de protection pour cet insecte, fréquent.
Texte et bibliographie : Martine Devondel et Roland Gissinger (Anab)
Photos : Roland
Bibliographie
Sites internet d’entomologie
Très joli et instructif livre , Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise