Enquête mycologique, épisode 48, Merismodes anomala
Publié le 23 Avril 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 8 mars , dans une forêt acidiphile de Zetting, plus précisément sur un tronc de chêne au sol.
Arme du crime
Le champignon pousse sur du bois. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprophyte.
Profil du suspect
La morphologie du champignon est déroutante. Il se présente en petites fructifications, en troupe dense, en forme de coupe (cupulé) et avec une taille atteignant à peine 0,5 mm. Il faut vraiment le voir ce champignon. Sa couleur est ocre et sa face est couverte de poils brun clair. La morphologie en coupe, avec une petite dépression, s’appelle en mycologie une cyphelle.
À ce stade, l’enquêteur soupçonne fortement un ascomycète. La forme de coupe est classique chez eux, il suffit de penser aux pézizes ou aux dasyscyphelles.
Néanmoins, l’appel à la police scientifique est indispensable
L’examen par la police scientifique
La première surprise arrive sous le microscope et elle est de taille. L’observation montre que le champignon possède des basides. Par conséquent, on peut éliminer tous les ascomycètes.
Les spores sont en forme de haricot, de dimension 8-11 x 3,5-5 micromètres
Les poils sont incrustés et terminés par une ampoule hyaline.
La conclusion de l’enquêteur
Avec tous ces éléments, on peut conclure qu’il s’agit de Merismodes anomala, qui n’a pas de nom commun en français. C’est un très joli petit champignon qui pousse sur bois mort de feuillus. Il ne faut jamais se fier aux apparences en mycologie.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)