Enquête mycologique, épisode 49 - (Tricholome à pied court) Melanoleuca cf brevipes (
Publié le 30 Avril 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 23 avril 2022, dans une prairie permanente sablonneuse de ripisylve à Zetting. Le terrain est pâturé et la zone de découverte est assez perturbé par les sabots des ruminants, le râtelier à foin étant à proximité. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons allait faire une rencontre que les mycologues en principe redoutent
Arme du crime
Le champignon pousse au sol, avec énormément de débris organiques à la base du pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprotrophe.
Profil du suspect
De morphologie classique pied chapeau, c’est un champignon à lames, de taille moyenne. Les lames sont blanches et non libres, échancrées. Pas d’ornement ou de voile ni sur le pied, ni à sa base, ni sur le chapeau. C’est un champignon de couleur blanc crème. Il pousse de façon grégaire. On décèle une légère odeur de farine. Des champignons qui poussent ainsi en groupe, l’enquêteur pense immédiatement au genre Lyophyllum. Chez ces derniers, la chair est très élastique, ce qui n’est pas le cas ici. L’enquêteur met l’hypothèse de côté mais sait déjà qu’il faudra un examen plus détaillé au microscope.
Arme du crime
Le champignon pousse au sol, avec énormément de débris organique à la base du pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprotrophe.
Profil du suspect
De morphologie classique pied chapeau, c’est un champignon à lames, de taille moyenne. Les lames sont blanches et non libres, échancrées. Pas d’ornement ou de voile ni sur le pied, ni à sa base, ni sur le chapeau. C’est un champignon de couleur blanc crème. Il pousse de façon grégaire. On décèle une légère odeur de farine. Des champignons qui poussent ainsi en groupe, l’enquêteur pense immédiatement au genre Lyophyllum. Chez ces derniers, la chair est très élastique, ce qui n’est pas le cas ici. L’enquêteur met l’hypothèse de côté mais sait déjà qu’il faudra un examen plus détaillé au microscope.
Sporée du Melanoleuca cf brevipes (Tricholome ou Melanoleuca à pied court) - Photo Gilles Weiskircher (Anab)
L’examen par la police scientifique
L’examen des spores dans le réactif de Melzer montre qu’elles sont amyloïdes (de couleur noire) et verruqueuses. On observe également la présence d’une zone qui ne réagit pas au réactif et n’est pas verruqueuse. On parle alors de plage supra apiculaire lisse. On peut éliminer l’hypothèse d’un Lyophyllum.
Spores microscopie x1000 de Melanoleuca cf brevipes (Tricholome ou Melanoleuca à pied court) - Photos Gilles Weiskircher (Anab)
On voit également la présence de cystides cloisonnées, dites en poil d’ortie.
Cystides, microscopie x1000 du Melanoleuca cf brevipes (Tricholome ou Melanoleuca à pied court) - Photo Gilles Weiskircher (Anab)
Avec ces éléments, l’enquêteur sait qu’il est en présence d’un membre du genre Melanoleuca.
Avec la monographie de Metrod (bulletin de la société mycologique de France, tome LXIV, fascicules 3-4, 1948, flore mycologique d’Europe de Marcel Bon sur les tricholomataceae), le candidat retenu est Melanoleuca brevipes, le Mélanoleuca à pied court. Cette identification reste à manier avec prudence car normalement ce champignon est de couleur brune. Comme il a fait sec et chaud depuis plusieurs jours, cette météorologie peut peut-être expliquer cette couleur anormale. Il est à noter que, sur une photo, on voit un minuscule spécimen de couleur brune.
Ce champignon est en tout cas un classique des endroits rudéralisés, perturbés.
La conclusion de l’enquêteur
Le genre Melanoleuca, disons-le d’emblée, est un genre difficile à reconnaître à l’œil sans expérience (silhouette grêle, lames blanches et mamelon doivent orienter vers ce genre), et quasiment impossible à déterminer l’espèce sans un examen minutieux au microscope. C’est un genre difficile, très peu connu des amateurs. Les clés d’identification datent et un toilettage s’avère nécessaire dans ce groupe. Ils restent malgré tout de majestueux champignons qu’on peut observer dans les prés, souvent à proximité d’arbres.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)