La Grive musicienne (Turdus philomelos )

Publié le 17 Avril 2022

La Grive musicienne (Turdus philomelos  ) - Photos Claudie Stenger
La Grive musicienne (Turdus philomelos  ) - Photos Claudie Stenger

La Grive musicienne (Turdus philomelos ) - Photos Claudie Stenger

Voici un chanteur particulièrement doué, d'où son nom. Vous l'avez sans doute vu et entendu dans votre jardin si vous en avez un.
Roland

Nom scientifique : Turdus philomelos  C. L. Brehm, 1831
Autres noms communs : “grive commune”, “de pays”, “de vignes”, “vendangeuse” ou encore “chiqueuse”


Etymologie : "turdus" viendrait de l'indo-européen  "trozdos", qui signifie "oiseau noir comme le merle. et « philo » "melos", qui signifie "qui aime la chanson. A noter que «  philomela " désignait "le rossignol». Philomèle et Procné étaient deux princesses sœurs de la mythologie grecque. Philomène s’était fait agresser et couper la langue. Pour compenser et fuir elles ont été transformées en oiseaux chanteurs, l’une en rossignol et l’autre en hirondelle ! Linné a désigné sous le nom de « Philomèle »  le rossignol et la Grive musicienne pour rappeler leurs grandes qualités d’oiseaux chanteurs.

Nom Allemand/dialecte : Singdrossel

Nom anglais : Song thrush

Observation : à Blies Ebersing (57)  le 15mars

Classification et famille:  la Grive musicienne appartient à la famille des  Turdidae (ou turdidés) ,  famille de petits oiseaux de type passereaux constituée de 17 genres. Cette famille est proche de celle des rougequeue et des  tariers. (les Muscicapoidae ). Il existe 83 espèces de par  le monde dans le genre turdus qui regroupe les merles et les grives.

Description :
le plumage de la Grive musicienne  est brun  sur le dessus et largement  crème , tacheté de flammes noires sur le poitrail et sur le dessous.  Sa taille est inférieure à celle du merle. Le bec est jaunâtre et les pattes roses. Il est très difficile de distinguer mâle et femelle.


Dimensions : 20 à 22  cm de long pour 30 à 40 cm d'envergure. Son poids moyen est de 70 g (50 à 100 g)
Longévité : 14 ans

Chant :
La Grive musicienne a un cri court et aigu. Les phrases sont répétées 2 à 4 fois et coupées de notes suraigües.  Ce chant est très riche et mélodieux, et peut atteindre une centaine de variations. La grive imite d’autres chants d’oiseau et des sons comme ceux du téléphone.
Écoutez son chant ci-dessous :

 

 

 

 

Nourriture:
Comme tous les
turdidés, la grive recherche sa nourriture au sol de préférence. Elle est avant tout insectivore. Elle mange aussi des vers et des limaces ainsi que de petits escargots. Pour accéder à la chair des escargots, la grive a une technique bien rodée : Elle casse leur coquille en les frappant sur une pierre préférée dite « enclume », comme un forgeron.
En automne, elle se nourrit également de nombreux baies et fruits sauvages comme du sureau, des prunelles, des mûres ainsi que de fruits du verger (pommes, poires, cerises, olives, raisins…). A la fin de l’hiver et au printemps, à une période où les autres fruits ont disparues,
les baies du lierre sont une source de nourriture providentielle.
Les ornithologues qui ont étudié la Grive musicienne en Angleterre rapportent qu’en hiver les vers de terre constituent 94% de son menu, . En juin elle avale des chenilles (72%) puis des fruits de septembre à novembre (jusqu’à 93% !). La grive est opportuniste. En Espagne, à Cordoue, le climat est sec et produit peu de vers de terre en hiver. Elle consomme 70 et 82% de fruits et complète avec des insectes, petits coléoptères ne particulier
La grive se nourrit dans les sous-bois et espaces ouverts, mais toujours à proximité du couvert végétal.

Reproduction: dès mars la grive cherche dans un arbre buissonnant un emplacement pour  y établir son nid, généralement à une hauteur de 1 à 3 m. La hauteur est choisie pas trop basse pour éviter les chats et pas trop élevées  pour éviter les autres prédateurs, corvidés et les pies en particulier. Elle a une préférence pour  le lierre, le houx, l’aubépine, arbustes qui offrent des abris et défenses naturelles.
En début de saison la préférence va à un arbre au feuillage persistant comme un résineux pour cacher son nid. Ensuite elle choisit des arbres à feuilles caduques.
La période de nidification varie de mi-mars à début juillet. Elle peut s’élargir en fonction de l’habitat. En zone urbaine plus chaude, des pontes ont été observées dès janvier !
Le mâle est monogame et défend son territoire  dès son installation.


Un nid artistique
La femelle construit seule en quelques jours un joli nid en forme de coupe avec des  brindilles, de la mousse, des herbes et termine l’intérieur  toujours avec de la boue. Tous les nids de ce genre turdus se ressemblent en particulier  la présence de boue comme liant.

La cuvette du nid est moulée et lissée avec sa poitrine ce qui lui donne un aspect de poterie. Elle est la seule parmi les autres grives et les merles à faire cela. Le nid mesure 14.8 cm en diamètre extérieur 9.1  cm en hauteur et 6.7 cm en hauteur de coupe. (= moyennes évidemment) . La Grive draine fait un nid de18.5 cm de diamètre externe. Les différences entre espèces se voient jusque dans la construction et la taille du nid.
Pour revenir à notre grive du jour, la musicienne, elle  pond en moyenne 4 œufs (de 2 à 6 œufs), bleu-vert, brillants,  tachetés finement de noir. Après 2 semaines les petits sortent des œufs et  les 2 parents les  nourrissent par d'incessantes allées et venues, pendant 15 jours. Ils privilégient de la nourriture carnée pour leurs oisillons. Sortis du nid les parents continuent à les nourrir.
La grive peut faire 2 à 3 couvées par an.


Habitat : son  territoire habituel est la forêt d'arbres à feuilles caduques et les haies jusqu’à 2000 m. Elle apprécie  aussi les parcs et  les jardins aux conditions souvent plus favorables que la forêt. Sa population y est plus importante en termes de densité à l’hectare qu’en forêt. Une étude anglaise fait apparaitre que 71% des territoires de la grive sont des jardins qui ne représentent que 2% de la surface du Royaume Uni.
Les besoins en habitat sont de l’ordre de 0.16 ha dans nos régions tandis qu’ils s’élèvent à 2.8 ha dans les pays du Nord, comme la Scandinavie, qui sont plus pauvres en diversité.



Migration : C’est un migrateur partiel (sauf en ville). Comme les merles, une partie des grives  migre dès le début de  l'automne en direction du sud ou du sud-ouest jusqu’en Afrique du Nord. Les mâles reviennent dès le mois de mars dans nos régions.

Prédateurs : Parmi les prédateurs on trouve le chat et l’écureuil ainsi que d’autres oiseaux tels le hibou et
surtout les corvidés comme la pie qui s’attaque aux petits.


Statut et protection: le nombre actuel de grives est  assez important  et ne pose pas d'inquiétude. Les effectifs ont tout de même chuté de plus de 70% dans certains pays tel que  l’Angleterre qui a étudié la dynamique de leur population.  Le développement de l’agriculture intensive avec ses pesticides et la disparition des haies en est la cause principale.
En plus cet oiseau figure sur la liste des espèces chassables !


Article illustré par notre
collègue photographe naturaliste, Claudie Stenger dont vous avez déjà pu apprécier les photos sur notre blog. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)




Texte Bernard Weinzaepflen et Roland Gissinger (Anab)
avec la participation de Martine

synthèse de sites internet et livres


Bibliographie :
La référence est
le  livre de Georges Oslo, Grives et merles chez Delachaux et Niestlé

 

 

 

La Grive Lithorne (Turdus pilaris)  à la nuque et au capuchon gris, aux pattes sombres -  Photo Claudie Stenger

La Grive Lithorne (Turdus pilaris) à la nuque et au capuchon gris, aux pattes sombres - Photo Claudie Stenger

Rédigé par ANAB

Publié dans #Oiseaux, #Biodiversité de notre région

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Commenter cet article
M
Merci, Roland pour cet article intéressant sur un oiseau de nos jardins.<br /> Je voudrais préciser cependant qu'un intrus s'est glissé parmi les photos, je pense à sa cousine la Grive litorne à la nuque et au capuchon gris, aux pattes sombres ( la Grive musicienne a les pattes claires ) mais qui présente comme la Gm des tâches sagittées sur les flancs, peut être est ce l'origine de la confusion..<br /> Heureuse confusion qui nous permet de faire la comparaison !
Répondre
R
Merci beaucoup Martine de cette remarque et d'avoir relevé cette confusion; Je n'ai pas d'excuse car en plus la photo était ben identifiée...<br /> Heureusement une ornithologue compétente veille au grain.