La Grive musicienne (Turdus philomelos )
Publié le 17 Avril 2022
Voici un chanteur particulièrement doué, d'où son nom. Vous l'avez sans doute vu et entendu dans votre jardin si vous en avez un.
Roland
Autres noms communs : “grive commune”, “de pays”, “de vignes”, “vendangeuse” ou encore “chiqueuse”
Etymologie : "turdus" viendrait de l'indo-européen "trozdos", qui signifie "oiseau noir comme le merle. et « philo » "melos", qui signifie "qui aime la chanson. A noter que « philomela " désignait "le rossignol». Philomèle et Procné étaient deux princesses sœurs de la mythologie grecque. Philomène s’était fait agresser et couper la langue. Pour compenser et fuir elles ont été transformées en oiseaux chanteurs, l’une en rossignol et l’autre en hirondelle ! Linné a désigné sous le nom de « Philomèle » le rossignol et la Grive musicienne pour rappeler leurs grandes qualités d’oiseaux chanteurs.
Nom Allemand/dialecte : Singdrossel
Nom anglais : Song thrush
Observation : à Blies Ebersing (57) le 15mars
Classification et famille: la Grive musicienne appartient à la famille des Turdidae (ou turdidés) , famille de petits oiseaux de type passereaux constituée de 17 genres. Cette famille est proche de celle des rougequeue et des tariers. (les Muscicapoidae ). Il existe 83 espèces de par le monde dans le genre turdus qui regroupe les merles et les grives.
Description :
le plumage de la Grive musicienne est brun sur le dessus et largement crème , tacheté de flammes noires sur le poitrail et sur le dessous. Sa taille est inférieure à celle du merle. Le bec est jaunâtre et les pattes roses. Il est très difficile de distinguer mâle et femelle.
Dimensions : 20 à 22 cm de long pour 30 à
Longévité : 14 ans
Chant :
La Grive musicienne a un cri court et aigu. Les phrases sont répétées 2 à 4 fois et coupées de notes suraigües. Ce chant est très riche et mélodieux, et peut atteindre une centaine de variations. La grive imite d’autres chants d’oiseau et des sons comme ceux du téléphone.
Écoutez son chant ci-dessous :
Comme tous les turdidés, la grive recherche sa nourriture au sol de préférence. Elle est avant tout insectivore. Elle mange aussi des vers et des limaces ainsi que de petits escargots. Pour accéder à la chair des escargots, la grive a une technique bien rodée : Elle casse leur coquille en les frappant sur une pierre préférée dite « enclume », comme un forgeron.
En automne, elle se nourrit également de nombreux baies et fruits sauvages comme du sureau, des prunelles, des mûres ainsi que de fruits du verger (pommes, poires, cerises, olives, raisins…). A la fin de l’hiver et au printemps, à une période où les autres fruits ont disparues, les baies du lierre sont une source de nourriture providentielle.
Les ornithologues qui ont étudié la Grive musicienne en Angleterre rapportent qu’en hiver les vers de terre constituent 94% de son menu, . En juin elle avale des chenilles (72%) puis des fruits de septembre à novembre (jusqu’à 93% !). La grive est opportuniste. En Espagne, à Cordoue, le climat est sec et produit peu de vers de terre en hiver. Elle consomme 70 et 82% de fruits et complète avec des insectes, petits coléoptères ne particulier
Reproduction: dès mars la grive cherche dans un arbre buissonnant un emplacement pour y établir son nid, généralement à une hauteur de 1 à
En début de saison la préférence va à un arbre au feuillage persistant comme un résineux pour cacher son nid. Ensuite elle choisit des arbres à feuilles caduques.
La période de nidification varie de mi-mars à début juillet. Elle peut s’élargir en fonction de l’habitat. En zone urbaine plus chaude, des pontes ont été observées dès janvier !
Le mâle est monogame et défend son territoire dès son installation.
Un nid artistique
La femelle construit seule en quelques jours un joli nid en forme de coupe avec des brindilles, de la mousse, des herbes et termine l’intérieur toujours avec de la boue. Tous les nids de ce genre turdus se ressemblent en particulier la présence de boue comme liant.
La cuvette du nid est moulée et lissée avec sa poitrine ce qui lui donne un aspect de poterie. Elle est la seule parmi les autres grives et les merles à faire cela. Le nid mesure 14.8 cm en diamètre extérieur 9.1 cm en hauteur et 6.7 cm en hauteur de coupe. (= moyennes évidemment) . La Grive draine fait un nid de18.5 cm de diamètre externe. Les différences entre espèces se voient jusque dans la construction et la taille du nid.
Pour revenir à notre grive du jour, la musicienne, elle pond en moyenne 4 œufs (de 2 à 6 œufs), bleu-vert, brillants, tachetés finement de noir. Après 2 semaines les petits sortent des œufs et les 2 parents les nourrissent par d'incessantes allées et venues, pendant 15 jours. Ils privilégient de la nourriture carnée pour leurs oisillons. Sortis du nid les parents continuent à les nourrir.
La grive peut faire 2 à 3 couvées par an.
Habitat : son territoire habituel est la forêt d'arbres à feuilles caduques et les haies jusqu’à
Les besoins en habitat sont de l’ordre de
Migration : C’est un migrateur partiel (sauf en ville). Comme les merles, une partie des grives migre dès le début de l'automne en direction du sud ou du sud-ouest jusqu’en Afrique du Nord. Les mâles reviennent dès le mois de mars dans nos régions.
Prédateurs : Parmi les prédateurs on trouve le chat et l’écureuil ainsi que d’autres oiseaux tels le hibou et
surtout les corvidés comme la pie qui s’attaque aux petits.
Statut et protection: le nombre actuel de grives est assez important et ne pose pas d'inquiétude. Les effectifs ont tout de même chuté de plus de 70% dans certains pays tel que l’Angleterre qui a étudié la dynamique de leur population. Le développement de l’agriculture intensive avec ses pesticides et la disparition des haies en est la cause principale.
En plus cet oiseau figure sur la liste des espèces chassables !
Article illustré par notre collègue photographe naturaliste, Claudie Stenger dont vous avez déjà pu apprécier les photos sur notre blog. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Bernard Weinzaepflen et Roland Gissinger (Anab)
avec la participation de Martine
synthèse de sites internet et livres
Bibliographie :
La référence est le livre de Georges Oslo, Grives et merles chez Delachaux et Niestlé