Le Chrysotoxe prudent (Chrysotoxum cautum)

Publié le 1 Mai 2022

Le Chrysotoxe prudent (Chrysotoxum sp cautum ou arcuatum )

Ce Chrysotoxe prudent nous rend « prudents » ainsi que les prédateurs car il ressemble fort à une guêpe. Il est tout à fait inoffensif et ne pique pas. Il utilise ce mimétisme (les anglais disent mimicry) pour décourager les éventuels prédateurs à renouveler une mauvaise expérience de piqûre.
Roland

Nom scientifique : Chrysotoxum cautum (Harris, 1778)

Origine du nom : provient du latin« khrysos », «l’or » et de « toxum» mot peut-êtrepersan qui signifie « semence », soit semence d’or sans doute allusion à sa belle couleur jaune doré. Le prénom « cautum », veut dire en latin « prudent ».

Observation : le 1^er avril à Rouhling (57)
Nom allemand : Gemeine Wespenschwebfliege (syrphe commun)

Nom anglais : large swap hoverfly

Classification : ce Chrysotoxe prudent appartient à la famille des syrphes, à l’Ordre des Diptères ( du grec di, deux et pteron, ailes ) Ce groupe comprend les insectes aux noms vernaculaires de mouches, syrphes, taons, moustiques.. Il existe 500 espèces de syrphes différentes en France. Plus de 6000 ont déjà été décrites au niveau mondial par les entomologistes spécialistes de ces insectes. Leur particularité est d’avoir des couleurs vives et d’imiter celles d’insectes piqueurs comme les guêpes et les abeilles. Par ce camouflage que l’on désigne du nom savant d’« aposématique », ils se mettent à l’abri des attaques de nombreux prédateurs prudents qui veulent éviter les guêpes.

Dimensions : 10 à 15 mm avec une envergure de 20 mm

Durée de vie : avril à août

Description : mouche de taille assez grande et au corps large ressemblant à une guêpe. La tête est caractéristique avec deux grands yeux noirs munis de poils denses et courts. Le masque facial, (la tête vue de face) est un critère important pour les spécialistes. Il ne peut être bien examiné que pour les animaux récoltés pour les collections des muséums.
Les antennes noires, dirigées vers l’avant, sont plus longues que celles la majorité des syrphidés, insectes dits « brachycères ». Ces diptères se distinguent par ce critère car "brachycère" signifie « à antennes courtes ». Le dernier article de l'antenne porte un cil plus ou moins long dénommé arista.
Le 3^ème article, celui de l’extrémité est aussi long que les deux premiers fixés sur la tête. Ceci est un critère propre à cette espèce.

Les yeux du mâle sont contigus, ceux de la femelle en principe séparés ce qui permet de distinguer les deux genres. La forme de l’extrémité de l’abdomen
y contribue aussi. Les genitalia (organes génitaux) des mâles de cette espèce sont très gros, dissymétriques et s’étendent jusqu’au 4 ème segment.

L’abdomen est marqué de demi-bandes jaunes arquées alternées avec des bandes noires. Le point de jonction entre les ailes, le scutellum est brillant et couvert de poils brunâtres. Les ailes sont fumées d’orange et translucides. Les ailes vestigiales, les balanciers, de couleur jaune clair servent
de contrepoids, stabilisateurs de vol et permettent des manœuvres extraordinaires. En forme de mini-haltères, ils tournent très rapidement.
A la manière d’un hélicoptère le syrphe peut faire des acrobaties et en particulier du vol stationnaire comme les autres syrphidés.
Les pattes sont jaunes, longues et fines .Les fémurs des deux premières pattes sont rouges à la base.

Mimétisme: ce syrphe est un de ceux qui imite le mieux la guêpe

Biologie et activité: la femelle pond ses œufs dans le bois pourri

Nourriture et biologie des larves : Les larves qui vont émerger de ces œufs se nourriront de pucerons et de cochenilles vivant sur les racines des plantes.

Elles subiront plusieurs mues et en fin de cycle s’enfouiront dans le sol, hors du nid, pour se transformer en une nymphe dénommée pupe comme chez tous les diptères. De cette nymphe, au printemps ,au terme de la dernière mue dite imaginale, sortira l’insecte adulte appelé imago.

Nourriture des adultes: l’insecte adulte ailé, n’est pas un prédateur de mouches ou autres insectes. Le Syrphe prudent se nourrit du pollen et du nectar de fleurs très diverses comme l’Ail des ours, la Caltha des marais, les cornouillers, les euphorbes, les géraniums, les renoncules, les ronces, les sorbiers, et le pissenlit.

Habitat : présent dans de nombreux pays d’Europe, plus fréquent au sud. Les adultes fréquentent les endroits ensoleillés dans les forêts de feuillus.
On les trouve aussi le long des chemins, dans les parcs et jardins riches en fleurs. Cette espèce est également présente dans les prairies non labourées.

Confusion possible avec d’autres syrphes du même genre

Prédateurs : chauve souris, oiseaux.

Protection : insecte non protégé par la loi

Texte Roland Gissinger et Bernard Weinzaepflen (ANAB), et Photos : Roland-

Confirmation des insectes sur les photos: Martine Devondel (ANAB)

Bibliographie; voir index-annuaire des fiches biodiversité

vol stationnaire voir la courte démo vidéo de 20secondes (la version longue c’est 64 euros)

Etudes sur le mimétisme des syrphes
https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2016.1585#d3e749
https://academic.oup.com/beheco/article/18/2/337/203302

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0024406600904553

Guide gratuit d’identification des syrphes pour débutants – très belles photos et bonnes explications mais en anglais