L’Ophrys bourdon, Ophrys frelon (Ophrys fuciflora)

Publié le 29 Mai 2022

L’Ophrys bourdon, Ophrys frelon  (Ophrys fuciflora)
L’Ophrys bourdon, Ophrys frelon  (Ophrys fuciflora)
L’Ophrys bourdon, Ophrys frelon  (Ophrys fuciflora)
L’Ophrys bourdon, Ophrys frelon  (Ophrys fuciflora)

L’Ophrys bourdon, Ophrys frelon (Ophrys fuciflora)

Cette petite orchidée est multicolore et habite les endroits très secs. Elle devient très rare dans nos régions.

Roland


Nom scientifique : Ophrys fuciflora (F.W.Schmidt) Moench, 1802
Ancien nom scientifique ; Ophrys holosericea
Autres noms communs :



Origine du nom: du grec  « ophrys », qui  signifie, « sourcil» allusion au duvet qui couvre son labellle et de « fuci », « faux_bourdon », et flora ,la fleur, en rappel à son allure d’insecte.

commun allemand/ dialecte : Hummel-Ragwurz

Nom anglais : late spider orchid

Date de l’observation: 16 mai au Bollenberg   (68)

Famille de plantes : les Orchidées, dont font partie le phalaenopsis, l'orchidée des grandes surface et jardineries, ainsi que la vanille exotique et le très rare sabot de Vénus. Les plantes de cette la famille des Orchidées est, d’après les scientifiques très évoluées. Elles s’installent dans  tous  les milieux, des  plus secs aux plus humides. Il en existe près de 30 000 espèces. Elles sont menacées car  peu résistantes à la pollution et sont quelquefois pillées.

Une des particularités des orchidées est leur vie en symbiose avec un champignon.
Elles ont besoin de trouver dans le sol ce champignon avec lequel elle vont s’associer. Il leur est indispensable pour faire germer  leurs  graines. Celles-ci sont microscopiques, presque dépourvues des réserves contrairement à la plupart des graines des autres plantes. C’est sans doute au fur et à mesure du développement de leur symbiose avec les champignons qu’elles ont perdu la faculté de développer des graines avec réserves. De ce fait, elles ont un  besoin impératif du mycélium émis par ce champignon « compagnon ». Ce fin filament puise des nutriments minéraux dans le sol pour sa croissance et  les partage avec l’orchidée.
Grâce à ses apports, la graine va pouvoir germer et développer ses  premières racines et feuilles.  Le champignon mycorhizien est très sensible aux changements d’acidité des sols provoqués par des apports de lisier et d’engrais chimiques ainsi qu’aux pesticides.
C’est pour cette raison que les orchidées sont si sensibles à la pollution par les  fongicides, herbicides  et les  engrais même à faible dose pour certaines.


Les orchidées de notre région sont en voie de disparition. Leurs milieux, coteaux secs et zones humides disparaissent. De plus, les pratiques d’agriculture intensive avec engrais et fumures détruisent ce champignon microscopique.
Les fauchages de prairies et zones herbeuses trop précoces (avant juillet et août) interdisant leur production de graines  sont une autre cause de leur disparition.



Description: plante vivace de petite taille aux multiples et vives couleurs.

Hauteur: 10 à 30 cm

Tiges et racines: tige verte, solide, unique, portant 2 à 10 fleurs. Sa racine tubérisée va grossir durant la belle saison en accumulant des réserves. Au début de l’année suivante ce rhizome va servir à faire croitre les feuilles et la tige.

Feuilles: de couleur vert très clair et lancéolées. Elles forment une rosette à la base avant éclosion de la fleur. Les feuilles de la rosette vont se faner les premières et prendront un aspect de feuilles brûlées. Les feuilles de la tige  sont engainantes et, marquées de nervures

 

Un Oprys hybride dont  nous attendons votre identification exacte

Un Oprys hybride dont nous attendons votre identification exacte

L’Ophrys élevé  = Ophrys fuciflora subsp. elatior (Gumpr. ex Paulus) R.Engel & Quentin, 1997)
L’Ophrys élevé  = Ophrys fuciflora subsp. elatior (Gumpr. ex Paulus) R.Engel & Quentin, 1997)

L’Ophrys élevé = Ophrys fuciflora subsp. elatior (Gumpr. ex Paulus) R.Engel & Quentin, 1997)

Floraison: fin avril  à juin.
La floraison débute en plus tôt dans les régions méditerranéennes, en mai  chez nous dans l’est, et  se poursuit  en juin en altitude (jusqu’à 1800m en France).
Il existe une sous-espèce "eliator" découverte par notre botaniste alsacien vedette Roger Engel, disparu voici peu. Cette espèce fleurit un mois plus tard , fin juin et est nettement plus grande,  jusqu'à 40 ou 50 cm. Il existe quelques stations le long du Rhin et du Rhône. Pour remercier Roger Engel de tout son travail sur les orchidées,  les botanistes lui ont donné comme nom scientifique
"Ophrys fuciflora subsp. elatior (Gumpr. ex Paulus) R.Engel & Quentin, 1997"

Fleurs: les fleurs forment  une inflorescence en épi lâche. La fleur est composée de 3 pétales de 10 à 15 mm qui surplombent un labelle. Ce dernier a l’aspect d’une brosse,  hérissée de poils courts et  à couleur dominante brune.
Il porte des dessins très variables mais souvent  une tache jaune en forme de H. L’extrémité porte une petite bosse jaune ou verte  à 3 dents, dirigée vers l’avant.
Le labelle est plus large que long et mesure 14 à 20 mm de large. Cette largeur le différencie d’Ophrys apifera plus fréquent au label étroit.

Pollinisation :
Les étamines sont soudées en deux petites boules jaunes, les pollinies, visibles sous le casque. Elles vont être mûres avant l’ouverture de la fleur. Les insectes sont attirés par la forme de la fleur et son odeur.
Une espèce d’abeille Eucera longicornis émet  une hormone destinée à attirer son partenaire. Cet oprhys émet une hormone similaire.
L’abeille arrive sur la fleur et croyant trouver un partenaire, tente de s’accoupler au labelle qui ressemble à un insecte. Ce faisant, il  touche les organes mâles. Ils sont constitués de boules de pollen ou pollinies. Ils vont être  éjectés et collés sur l’insecte par un liquide émis par la plante.  En général le collage se fait sur la tête Cette pose facilite la transmission du pollen quand l’insecte tentera de butiner ou s’accoupler  à nouveau avec une autre fleur de la même espèce.
Le pollen  féconde rarement les parties femelles de sa propre fleur (autogamie). Il féconde les parties femelles d’autres plantes arrivées à maturité. Ce système dit « allogamie » est le plus répandu chez les plantes. Il a pour avantage de croiser les gènes et éviter la dégénérescence des espèces.

Confusion : elle ressemble à d’autres ophrys ; comme apifera  et d’autres.  Le nom « Ophrys bourdon » est donné à plusieurs orchidées de ce type. C’est encore une raison de plus pour ne pas utiliser  les noms communs. Il est nécessaire de nommer les espèces avec leur  nom scientifique  si l’on veut éviter les confusions et faire une étude sérieuse à leur  sujet.

Les orchidophiles et orchidomaniaques recherchent tous les ophrys ayant un  aspect irrégulier, bizarre, un  manque ou excès de couleur, une fleur double ou avortée, une hybridation…; Ils en font une vraie chasse au trésor photographique.

Fruits : c’est une gousse qui après fécondation va se remplir de nombreuses et minuscules graines de moins de 0.3 mm. Chacune peut en contenir plusieurs dizaines de milliers. Au final, entre trouver le filament  du bon champignon, le bon sol, et la bonne exposition, seule une graine sur un million germera  et donnera une plante viable.


Habitat : plante de pleine lumière sur pelouses sèches, calcaires, broussailles et bois et pinèdes clairs jusqu’à 1500m. Absente dans l’ouest de notre pays.

Protection : interdiction de ramassage et destruction. Plante classée en danger et protégée par la loi dans de nombreuses régions et pays. Ses habitats régressent rapidement.

Ravageurs : les cervidés et limaces sont les principaux ravageurs de cette orchidée, mais aussi les promeneurs ignorant la rareté de cette plante.

Utilisation médicinale : Utilité alimentaire:
Aucune des croyances anciennes leur attribuant des vertus aphrodisiaques n'est avérée. Ces croyances ont contribué à une cueillette excessive et provoqué leur raréfaction.

 


Photos, texte Roland Gissinger (Anab) 

Sources bibliographiques voir index biodiversité

Orchidées déjà présentées sur notre blog:

Nom taxon  français Nom scientifique
Céphalanthère pâle, Céphalanthère à grandes fleurs, Helléborine blanche Cephalanthera damasonium
Epipactis des marais Epipactis palustris
Eppipactis pourpre Epipactis atrorubens
Gymnadène à long éperon, Gymnadénie moucheron, Orchis moucheron, Orchis moustique Gymnadenia conopsea
Listère ovale, Grande Listère Neottia ovata
Ophrys abeille Ophrys apifera
Ophrys bourdon, Ophrys frelon Ophrys fuciflora 
Ophrys élevé Ophrys fuciflora subsp. elatior
Orchis bouc, Himantoglosse à odeur de bouc Himantoglossum hircinum
Orchis bouffon Anacamptis morio
Orchis de Fuchs, Orchis tacheté des bois, Orchis de Meyer, Orchis des bois Dactylorhiza fuchsii 
Orchis de mai, Dactylorhize de mai  Dactylorhiza majalis
Orchis mâle, Herbe à la couleuvre Orchis mascula
Orchis pourpre, Grivollée Orchis purpurea
Orchis pyramidal, Anacamptis en pyramide Anacamptis pyramidalis
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Ophrys fuciflora subsp. elatior (Gumpr. ex Paulus) R.Engel & Quentin, 1997. S'agit-il un hommage à M Engel comme indiqué dans le texte ? <br /> Je pense plutôt que c'est M Engel et M. Quentin qui ont nommé la sous-espèce ainsi. Ils l'auraient renommé après Gumpr. qui lui-même aurait modifié Paulus. S'il s'agissait d'un hommage ce serait dans le nom en italique.<br /> J'ignore ce que Grump. puis Engel et Quentin ont changé pour avoir le droit de modifier le nom. Ce serait intéressant de suivre cette évolution taxonomique.<br /> Merci pour cette belle monographie. Jamais trop tard pour rattraper mon retard de mails. 18/02/2023.
Répondre
R
Bonne chasse!! <br /> Monsieur l'enquêteur JC L
J
Merci pour ton retour. J'ai consulté le remarquable livre d'ENGEL & MATHE. Ophrys fuciflora subsp. elatior (Gumpr. ex Paulus) R.Engel & Quentin, 1997 y est très bien décrit, mais pas d'historique taxonomique.<br /> Ce qui est sûr c'est que Engel & Quentin ont eu l'honneur d'apporter la dernière nomenclature à ce taxon. J'ignore tout le reste... C'est maintenant que mon enquête démarre : l'évolution du nom, pourquoi, etc. Tout cela pour une orchidée que ne verrai probablement jamais. <br /> à suivre ...
R
Merci jc de ces remarques et appréciations.<br /> <br /> Je ne connais pas l'histoire exacte de la taxonomie de cet ophrys.Il a été nommé une fois en 1996 et renommé Quentin et Engel en 1997.<br /> Il faudrait demander Henri Mathé coauteur de leur livre sur les orchidées et qui est encore vivant.
P
Bernard W68 a raison.<br /> Mais vous êtes gentil quand vous parlez "d'orchidomaniaques" , nous sommes plusieurs à parler...d'orchidopathes ! Il faut absolument trouver des hybrides...ces hybrides sont-ils stables ? Vaste débat.
Répondre
A
Excellent Pomm63, je ne connaissais pas ce terme mais par contre je connais des chasseurs d'orchidées que l'on peut qualifier ainsi
B
L'orchidée,un leurre pour l'abeille. Une belle ingrate !
Répondre
R
Merci Bernard. Pas de place pour de la reconnaissance ou pour des sentiments dans la nature !