La Listère ovale, Grande Listère (Neottia ovata)
Publié le 8 Mai 2022
Cette orchidée passe facilement inaperçue car elle se fond dans la verdure. Elle est très discrète et seules ses feuilles ovales et assez grandes permettent de la détecter.
Roland
Nom scientifique : Neottia ovata (L.) Bluff & Fingerhutt 1837
autrefois dénommée Listera ovata
Autres noms communs : Néottie ovale, Grande Listère, Double-feuille, Listère à feuilles ovales
Origine du nom: du grec « neotteia », qui signifie, « nid» allusion à son rhizome aux racines entrelacées autour d’un axe principal, en forme de nid et de « ovata », « ovale », en rappel à ses feuilles ovales.
commun allemand/ dialecte : Große Zweiblat
Nom anglais : Common Twayblade (anglais ancien signifiant deux feuilles)
Date de l’observation: 3 mai à Siersthal (57)
Famille de plantes : les Orchidées, dont font partie le phalaenopsis, l'orchidée des grandes surface et jardineries, ainsi que la vanille exotique et le très rare sabot de Vénus. Les plantes de cette la famille des Orchidées est, d’après les scientifiques très évoluées. Elles s’installent dans tous les milieux, des plus secs aux plus humides. Il en existe près de 30 000 espèces. Elles sont menacées car peu résistantes à la pollution et sont quelquefois pillées.
Une des particularités des orchidées est leur vie en symbiose avec un champignon.
Elles ont besoin de trouver dans le sol ce champignon avec lequel elle vont s’associer. Il leur est indispensable pour faire germer leurs graines. Celles-ci sont microscopiques, presque dépourvues des réserves contrairement à la plupart des graines des autres plantes. C’est sans doute au fur et à mesure du développement de leur symbiose avec les champignons qu’elles ont perdu la faculté de développer des graines avec réserves. De ce fait, elles ont un besoin impératif du mycélium émis par ce champignon « compagnon ». Ce fin filament puise des nutriments minéraux dans le sol pour sa croissance et les partage avec l’orchidée.
Grâce à ses apports, la graine va pouvoir germer et développer ses premières racines et feuilles. Le champignon mycorhizien est très sensible aux changements d’acidité des sols provoqués par des apports de lisier et d’engrais chimiques ainsi qu’aux pesticides.
C’est pour cette raison que les orchidées sont si sensibles à la pollution par les fongicides, herbicides et les engrais même à faible dose pour certaines.
Les orchidées de notre région sont en voie de disparition. Leurs milieux, coteaux secs et zones humides disparaissent. De plus, les pratiques d’agriculture intensive avec engrais et fumures détruisent ce champignon microscopique.
Les fauchages de prairies et zones herbeuses trop précoces (avant juillet et août) interdisant leur production de graines sont une autre cause de leur disparition.
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Les orchidées de notre région sont en voie de disparition. Leurs milieux, coteaux secs et zones humides disparaissent. De plus, les pratiques d’agriculture intensive avec engrais et fumures détruisent ce champignon microscopique.
Les fauchages de prairies et zones herbeuses trop précoces (avant juillet et août) interdisant leur production de graines sont une autre cause de leur disparition.
Description: plante vivace de taille moyenne entièrement verte, fleurs comprises.
Hauteur: 20 à 60 cm
Tiges et racines: tige verte, solide, unique, ronde, feuillée au tiers inférieur. Sa racine tubérisée va grossir durant la belle saison en accumulant des réserves. Au début de l’année suivante ce rhizome va servir à faire croitre les feuilles et la tige.
Feuilles: opposées de forme circulaire et lancéolées, marquées de nombreuses et fortes nervures. On dirait une feuille de plantain.
Leur longueur atteint 20 cm pour une largeur de 3 à 8 cm. Les feuilles supérieures sont engainantes.
Fleurs: les fleurs forment une inflorescence en épi lâche qui porte de 20 à 80 fleurs sans pétiole. Elles sont vert-jaune avec des nuances foncées et claires sauf les sépales quelquefois pourprés.
Le labelle (partie basse de la fleur) mesure de 7 à 15 mm, et est divisé en 2 lobes bien séparés. Il porte à sa base une cuvette nectarifère et est replié vers l’arrière. La fleur a une allure de petit bonhomme, le labelle représentant les jambes. Elle mesure en moyenne 1 à 2 cm et ne possède pas d’éperon comme de nombreuses orchidées. L’axe de l’inflorescence possède des poils visqueux sans doute pour limiter l’accès des fleurs aux insectes rampants et phytophages.
Pollinisation :
Les étamines sont soudées en deux petites boules jaunes, les pollinies, visibles sous le casque. Elles vont être mûres avant l’ouverture de la fleur. Quand un insecte touche l’endroit où elles sont fixées (le rostre), elles sont éjectées et collées sur l’insecte par un liquide émis par la plante. En général le collage se fait sur la tête de l’insecte, guêpes parasites, tenthrèdes et coléoptères. Cette pose facilite la transmission du pollen quand l’insecte ira butiner une autre listère.
Le pollen féconde rarement les parties femelles de sa propre fleur (autogamie). Il féconde les parties femelles d’autres plantes arrivées à maturité. Ce système dit « allogamie » est le plus répandu chez les plantes. Il a pour avantage de croiser les gènes et éviter la dégénérescence des espèces.
Confusion : elle ressemble à d’autres orchidées de même aspect comme la Listère cordée Listera cordata, rare et la Néotie nid d’oiseau, Neottia nidus-avis mais il est difficile de les confondre car les couleurs sont très différentes.
Fruits : c’est une gousse qui après fécondation va se remplir de nombreuses et minuscules graines de moins de 0.3 mm. Chacune peut en contenir plusieurs dizaines de milliers. Au final, entre trouver le filament du bon champignon, le bon sol, et la bonne exposition, seule une graine sur un million germera et donnera une plante viable.
La Listère ovale peut se développer avec 60 sortes de mycéliums mycorhiziens. Les nombreux insectes tolérés, et sa diversité mycologique, expliquent en partie sa plus grande fréquence.
Habitat : plante de demi-ombre qui pousse sur les dunes, pelouses, broussailles et bois clairs à humidité moyenne et de préférence sur calcaire jusqu’à 2500 m.
Protection : ne pas ramasser, car elle reste peu commune. Elle est classée « préoccupation mineure » ou LC, mais ses habitats régressent rapidement.
Ravageurs : les cervidés et limaces sont les principaux ravageurs de cette orchidée, mais aussi les promeneurs ignorant la rareté de cette plante.
Utilisation médicinale : Utilité alimentaire:
Aucune des croyances anciennes leur attribuant des vertus aphrodisiaques n'est avérée. Ces croyances ont contribué à une cueillette excessive et provoqué leur raréfaction.
Photos, texte Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Orchidées déjà présentées sur notre blog:
Nom taxon français | Nom scientifique |
Céphalanthère pâle, Céphalanthère à grandes fleurs, Helléborine blanche | Cephalanthera damasonium |
Epipactis des marais | Epipactis palustris |
Eppipactis pourpre | Epipactis atrorubens |
Gymnadène à long éperon, Gymnadénie moucheron, Orchis moucheron, Orchis moustique | Gymnadenia conopsea |
Listère ovale, Grande Listère | Neottia ovata |
Ophrys abeille | Ophrys apifera |
Ophrys bourdon, Ophrys frelon | Ophrys fuciflora |
Ophrys élevé | Ophrys fuciflora subsp. elatior |
Orchis bouc, Himantoglosse à odeur de bouc | Himantoglossum hircinum |
Orchis bouffon | Anacamptis morio |
Orchis de Fuchs, Orchis tacheté des bois, Orchis de Meyer, Orchis des bois | Dactylorhiza fuchsii |
Orchis de mai, Dactylorhize de mai | Dactylorhiza majalis |
Orchis mâle, Herbe à la couleuvre | Orchis mascula |
Orchis pourpre, Grivollée | Orchis purpurea |
Orchis pyramidal, Anacamptis en pyramide | Anacamptis pyramidalis |