Hirondelle rustique, Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica)

Publié le 12 Juin 2022

Hirondelle rustique, Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica) Photos Claudie Stenger

Voici un oiseau qu’il est inutile de présenter. Problème : il devient de plus en plus rare.
Roland

Nom scientifique : Hirundo rustica Linnaeus, 1758)

Etymologie : « hirundo» vient d’un mot latin qui désignait l’hirondelle et «rustica», signifie « rustique ».
Le mot commun « hirondelle de cheminée » provient du fait qu’elle construisait son nid dans les maisons ou granges. Elle allait et venait par un trou d’où s’échappait la fumée du foyer ou du fumoir. Cette habitude perdure dans certaines régions comme la Bretagne.

Nom Allemand/ dialecte : Rauchschwalbe

Nom anglais : barn swallow (hirondelle des granges)

Observation : à Veckersviller (57) le 25 mai

Dimensions et poids : de 17 à 19 cm de long, pour 32 à 35 cm d’envergure. Poids de 16 à 22 g.

Longévité : 2 à 4 ans. La longévité de 7 ans est raccourcie par les risques liés à la migration.

Classification et famille: celle des Hirundinidae : ce sont des oiseaux de taille moyenne qui se caractérisent par leur migration. Ils construisent leurs nids avec de la boue (sauf une espèce) prélevée sur le rivage de lacs, étangs ou rivière. La présence d’eau est donc un critère important pour leur mode de vie. Leur queue est souvent fourchue, et leurs ailes très longues par rapport au corps. C’est pourquoi ils sont capables de très longues migrations (10 000 km). Ils ne se nourrissent qu’en vol en gobant des insectes.
Cette famille d’oiseaux comprend 19 genres et 88 espèces. Il n’existe que 4 autres espèces répertoriées en France en plus de celle-ci :
l’Hirondelle des fenêtres, celle des rivages, celle rochers et l’Hirondelle rousseline. Les effectifs de ces espèces sont en chute libre. Ceci est lié à la diminution très importante des insectes (-75% en dix ans) par abus d’insecticides et l’intensification à outrance de l’agriculture.

Description :

L’Hirondelle rustique se distingue surtout par son corps très gracile et fuselé comme un avion. Ce corps est terminé par une longue queue finement fourchue. Elle est formée de deux plumes réduites en largeur à l’épaisseur d’un fil et dénommées d’ailleurs « filets ». Ce filet est plus court chez les femelles.
La gorge et l’espace sous le front sont rouge brique. Le dos est bleu-noir métallisé et son ventre est blanc.
La femelle se distingue par des filets plus courts et un ventre plus clair que le mâle.

Chant :
Le chant de l’Hirondelle de cheminée est un gazouillis rapide, pas très aigu se terminant souvent par une note suraigüe. Les cri d’alarme sont des cris plus secs.

Hirondelle rustique, Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica) Photos Claudie Stenger

Nourriture: elle est insectivore et ses terrains de chasse sont les plans d’eau et les champs des activités agricoles. Elle suit le ballet des tracteurs qui dérangent les insectes et en profite pour attraper, mouches, papillons, pucerons. La chasse est au ras du sol et souvent à 7-10 mètres de hauteur. l'Hirondelle rustique boit en vol en rasant la surface de l’eau telle, l’avion bombardier d’eau des pompiers, le Canadair!
Chacun de nous l’a constaté : les hirondelles chassent souvent en groupes tourbillonnants au ras du sol en exécutant des acrobaties d’une extrême virtuosité grâce à des ailles performantes.
Lors de leur migration elles parcourent les roselières pour trouver des insectes et reconstituer leurs réserves de graisses. Cette étape est importante.

Vol : la vitesse habituelle est de 10 à 20 m/s mais peut atteindre 30 m/s soit 100 km/h en chasse. Difficile alors pour les insectes d’échapper à ce chasseur de haute voltige.

Reproduction: au printemps, le mâle choisit un emplacement et réalise des acrobaties tout en criant pour séduire les femelles. Des études ont montré que les mâles aux plus longues plumes arrières sont recherchés par les femelles car plus résistants aux maladies sans pouvoir expliquer le lien de cause à effet. . Les hirondelles du nord de l’Europe ont des filets bien plus développés que ceux qui restent au sud. L’écart de longueur entre les filets mâle et femelle est de 5% en Espagne et plus de 20% en Finlande.
Le couple une fois formé, l’est pour la vie. Le mâle est territorial et chassera avec agressivité tous les intrus. Les études ADN des œufs montrent qu’il tentera avec succès de se reproduire avec d’autres femelles. Avant chaque couvée, Il doit prouver à nouveau ses qualités pour maintenir le lien avec sa partenaire. Ceci indique une réassurance pour la femelle concernant la vitalité de ses futurs jeunes.

La femelle, quelquefois aidée du mâle, fabrique un nid avec de la boue prélevée sur des flaques ou le long d’un cours d’eau. La boue est mélangée à des herbes ou des mousses. Il mesure 22 cm de large et 11cm de profondeur. Des ornithologues ont compté le nombre de voyages nécessaire, (plus de 1000) pour confectionner un tel nid qui pèsera sec au final 200 grammes environ.. Son fond est garni de plumes douillettes prélevées sur des poulaillers des environs..
Un même nid est réutilisé pendant 10 à 15 ans, et des cas de près de 50 ans d’utilisation continue ont été rapportés. L’Hirondelle de cheminée est en partie grégaire et souvent plusieurs nids sont construits à proximité les uns des autres.

Nidification La femelle pond 4 à 5 œufs de 2 grammes, couleur blanc crème, ponctués de grosses taches brunes. Elle les couve avec un partage inégal avec le mâle (25%) pendant un peu plus de 2 semaines.
Les jeunes peuvent voler après 18 à 23 jours et sont autonomes après 1 mois. Le père participe au nourrissage des jeunes même après leur premier envol. La mère entreprend une deuxième ou troisième couvée dans le même nid. La mortalité moyenne reste très importante pour les jeunes de moins d’un an (80%).

Habitat : cette hirondelle aime les espaces ouverts avec une végétation basse aux abords d’un plan d’eau ou une rivière du sud au nord de l’Europe et l’Asie. Elle évite les espaces boisés et recherche les bâtiments sur lesquels elle peut accrocher son nid : granges, hangars agricoles…. Sur les lieux de sa migration hivernale, elle habite les campagnes, savanes, espaces agricoles et évite les villes.

Migration : A l'automne, des groupes de plusieurs milliers d’individus se forment en Europe pour entreprendre la migration. Elles migrent en Afrique surtout de part et d’autre du Sahara, mais peuvent aller jusqu’en Afrique du Sud. Les hirondelles parcourent plus de 10 000 km avec des étapes de plus de 200 km. Elles reviennent aux mêmes endroits chaque année, confirmation faite grâce au bagage de certains oiseaux..

Prédateurs : peu de prédateurs : les moineaux qui peuvent squatter le nid en éjectant la couvée et quelques rapaces

Statut et protection: oiseau totalement protégé par la loi. Le nombre actuel d’individus est en nette régression, -43% en France d’après une étude de la LPO de 2016 sur une vingtaine d’années.
Le nombre d’oiseaux reste élevé mais sa diminution est très importante et préoccupante dans certains pays comme le notre.

Histoire -Légendes :
L’hirondelle est associée aux humains et vit en leur compagnie. C’est elle qui annonce le printemps et signale aussi l’arrivée prochaine de l’automne.
En Europe, l’hirondelle construit son nid sur des habitations depuis plus de 2000 ans comme le racontent certains écrivains romains. En Amérique du Nord ce n’est que vers le XIX siècle. Par la suite ses populations ont énormément augmenté.
Une peur dans les campagnes existait sur la destruction des nids d’hirondelles. Cette destruction impliquait dans cette croyance la peur de voir les vaches donner du sang au lieu du lait, et les poules cesser de pondre. Cette superstition a contribué à protéger leurs nids.

Dictons : il est dit qu’une hirondelle ne fait pas le printemps.
Hirondelle aux champs amène joie et printemps
Hirondelle volant haut, le temps sera beau, hirondelle volant bas, bientôt il pleuvra. Pas toujours vérifié…
Où se posaient les hirondelles avant l’arrivée du téléphone (Cavanna)

Article illustré par notre collègue photographe naturaliste, Claudie Stenger dont vous avez déjà pu apprécier les photos sur notre blog. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)

Texte Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)