Le Criocère de l'asperge (Crioceris asparagi)
Publié le 8 Juin 2022
Ce Criocère de l'asperge ne passe pas inaperçu avec ses taches blanches sur fond noir et rouge. Il est toxique pour la plupart des prédateurs et cette carapace voyante doit dissuader ses prédateurs éventuels. Autre particularité: il a une préférence alimentaire exclusive.
Roland
Nom scientifique : Crioceris asparagi (Linnaeus, 1758)
Etymologie : «Crioceris» vient de « cryos » le bélier et « ceris », la corne, soit « corne de bélier ».
Son nom d’espèce « asparagi», est lié à son appétit exclusif pour l’asperge.
Nom allemand : Gemeines Spargelhähnchen
Nom anglais: Common asparagus beetle
Les coléoptères sont, rappelez-vous, des insectes à métamorphose complète qui possèdent deux paires d’ailes, l’une coriace, non nervurée et l’autre membraneuse.
Le criocère de l'asperge, appartient à la famille des Chrysomelidae. Ce sont des coléoptères mangeurs de plantes sur un mode souvent exclusif (un seul genre ou famille par exemple). Ils sont dits monophages et souvent bien exposés à la vue des prédateurs. Les Chrysomèles disposent d’un arsenal chimique toxique en cas d’attaque ou d’ingestion. Ils ont en plus développé des autodéfenses naturelles avec leurs motifs de carapace ou leur couleur très voyante souvent métallique. Le prédateur est ainsi averti ou réaverti, avant une attaque, par ces couleurs très voyantes que les Chrysomèles sont toxiques.
Date de l’observation: le 15 mai au Bollenberg (68)
Dimensions : 5 à 8 mm de long pour 3 à 4 mm de large,
Sa forme est celle d’un rectangle allongé. Ses élytres sont très voyantes: 6 rectangles crème sur fond noir lui même entouré du rouge de l’abdomen.
Les couleurs sont vernissées. Sa carapace est ponctuée de petites dépressions. Son pronotum (dos du premier segment thoracique) a une forme cylindrique et est rouge. Son ventre est noir. Les antennes noires sont constituées de gros anneaux articulés en 11 pièces comme les autres chrysomèles.
Les pattes sont noires et longues, terminées par 3 très courts articles larges et épais. Elles lui permettent de se déplacer avec agilité et vitesse.
Comportement : Adulte, il vole rapidement pour chercher un conjoint ou échapper à un danger. Comme de nombreux coléoptères, pour dissuader une attaque il tombe, « raide mort ». Il peut aussi les chasser en émettant des sons aigus obtenus par glissement des élytres sur son abdomen.
Nourriture : exclusivement herbivore, ce Criocère de l’asperge est un monomaniaque on dit plutôt, monophage d’asperge. Les larves et adultes rongent la partie externe des tiges d’asperge conduisant à la mort de la plante s’ils sont trop nombreux.
Reproduction : cette période se situe d’avril à septembre.
La femelle pond une centaine d’œufs au printemps sur des plants d’asperge. Les larves sont de petits vers gris de 2 à 8mm, avec une tête noire issues des œufs . Elles vont se nourrir pendant quelques semaines de la plante. Elles se transforment par plusieurs mues successives. En fin de cycle, elles se laisser tomber au sol pour se nymphoser et émergent ensuite en adulte (imago). 2 à 3 générations peuvent se succéder en cours d’année. Ce criocère hiverne à l’état adulte sous la terre ou sous des feuilles ou dans les tiges de l’asperge.
Confusion : il existe une espèce proche, Crioceris duodecimpuncta, le Criocère à 12 points que nous avons vu au même endroit sur des plants d’asperge. Difficile tout de même de les confondre. Ces 2 criocères ont des préférences gastronomiques légèrement différentes ce qui permet une coexistence pacifique. Le Criocère à 12 points préfère les fruits !
Habitat : les adultes sont observables sur les plants d’asperge dans toute l’Europe jusqu’au sud de la Scandinavie et en Amérique du Nord et Asie
Protection
Pas de protection spéciale ou légale pour ce coléoptère considéré comme nuisible à l’agriculture
Ennemis et prédateurs : une guêpe parasitoïde, Tetrastichus coeruleus (photo wikipedia) est utilisée avec succès dans la lute biologique contre ce ravageur de l’asperge. La mortalité peut atteindre 71%. Les oiseaux, chauvesouris sont d’autres prédateurs possibles.
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Photos Martine Devondel, texte Roland Gissinger (Anab), identification des insectes : Martine
Bibliographie
Livres jolis et très instructifs:
Petites bêtes des forêts de Lorraine et d’ Alsace JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise
Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise