Enquête mycologique, épisode 55, Le Bolet framboise (Hortiboletus rubellus)

Publié le 9 Juillet 2022

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

 

Scène du crime

 

Nous sommes le 6 juillet 2022, dans la forêt de Zetting, une forêt à tendance acidiphile à tendance limoneuse. Dominée majoritairement par des hêtres, ce massif forestier est surnommé localement le Zettingerwald et s’étend sur près de 144 hectares. Les passionnés d’histoire pourront emprunter ses chemins de randonnée et admirer des bornes cadastrales de 1768, érigées par les comtes de Nassau Sarrebruck lorsque la commune était terre d’empire germanique.

Bolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo :  Gilles Weiskircher (Anab)

Bolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo : Gilles Weiskircher (Anab)

Arme du crime

 

Le champignon pousse au sol, sans débris organiques agglomérés à la base du pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon mycorhizien.

Bolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo :  Gilles Weiskircher (Anab)

Bolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo : Gilles Weiskircher (Anab)

Profil du suspect

 

Le champignon est de morphologie classique, pied/chapeau. Le chapeau est feutré, typiquement rouge vif et subitement décoloré au bord.

En dessous, et c’est une observation importante, il présente des tubes jaunes, bleuissant au contact.

Cette observation nous permet déjà d’affirmer qu’on est en présence d’un bolet.

 

Comment identifier un bolet ?

On prêtera notamment attention à la couleur des pores, le bleuissement de la chair après coupe, l’ornementation du pied, la viscosité du chapeau et aussi l’arbre sous lequel il pousse. Les bolets sont en effet des champignons mycorhiziens, donc leur mycélium établit des symbioses avec les racines des arbres. Certains bolets sont spécifiques à une essence d’arbre comme d’autres peuvent se retrouver sous différentes espèces d’arbre.

Le chapeau est ici feutré, non visqueux. Les tubes sont anguleux et difficile séparables du chapeau. Nul doute qu’on est en présence du genre Xerocomus  ou autre espèce dite xerocomoïde. Ce n’est pas un groupe facile mais la clé de l’identification réside dans la couleur du chapeau et la couleur de la chair après coupe longitudinale. Cette coupe est une étape indispensable pour les identifier correctement.

Avec ce chapeau rouge vif, décoloré au bord, la chair jaune avec des points rouge sang à la base du pied, on peut avancer sans risque qu’on est en présence du Bolet framboise, Hortiboletus rubellus.

Coupe longitudinale du pied deBolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo :  Gilles Weiskircher (Anab)

Coupe longitudinale du pied deBolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo : Gilles Weiskircher (Anab)

L’appel à la police scientifique

Pour le plaisir de les voir, les spores sont fusoïdes et lisses, également une caractéristique du genre Hortiboletus.

Spores, microscopie x1000 - de Bolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo :  Gilles Weiskircher (Anab)

Spores, microscopie x1000 - de Bolet framboise (Hortiboletus rubellus) Photo : Gilles Weiskircher (Anab)

La conclusion de l’enquêteur :

 

Les études phylogénétiques ont profondément remanié le groupe des bolets ces dernières années. C’est loin d’être un groupe facile. Il faut être observateur et surtout penser à couper le champignon jusqu’à la base du pied pour arriver à une détermination.

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article