Le Grand murin
Publié le 24 Août 2022
Il existe 23 espèces de chauves-souris dans notre région. Leurs populations ont énormément diminué les dernières années par suite de la disparition des insectes et de l’abus des pesticides. Nos Chauves-souris régionales sont exclusivement insectivores comme ce Grand murin présenté ici. Le toit de la maison de notre collègue Christian de l’Anab abrite une des plus grandes colonies du Bas-Rhin. Ses effectifs fluctuent de manière importante. Bravo à lui, et à ses parents avant lui, de supporter tous les désagréments d’une grande colonie. Ils sont de vrais amoureux des chauves-souris et animaux en général.
Participez à la nuit de la Chauve-souris dans votre région organisée cette semaine. Vous apprendrez ainsi à mieux les connaître et à éviter les préjugés. (Recherchez internet, « nuit de la Chauve-souris).
Roland
Nom scientifique : Myotis myotis (Borkhausen, 1797)
Origine du nom : ce nom provient des mots grecs « myo et oitos », oreille de souris car ses oreilles rappellent celles de la souris.
- allemand : Großes Mausohr
Nom anglais : Greater mouse-eared bat
Classification et famille : il existe 1400 espèces de chauves-souris dans le monde et d’autres encore à découvrir. La famille de ce grand murin, celle des Verpertillionidae regroupe 407 espèces réparties en 48 genres. Ce sont des espèces de petite taille, 3 à 13 cm (pour 40 à 80 grammes). La plupart ont des oreilles réduites sauf les Plecotus (oreillards) et quelques autres. Pour repérer leurs proies, elles utilisent l’écholocalisation (principe du radar) en émettent des ultrasons de fréquence variée. Elles les capturent ensuite avec leurs membranes alaires, puis les saisissent avec leurs dents. Ces chauves-souris habitent tous les continents sauf l’Antartique.
Date de l’observation: le 13 juillet à Harskirchen
Description et présentation générale
C’est la plus grande de nos chauves-souris locales. Elle est brune, avec un pelage ventral très clair, presque blanc. Les membranes des ailes sont également brunes.
Dimensions : la longueur tête-corps est de 65 à 85 mm et son envergure de 35 à 45 cm. Le poids varie de 20 à 45 g
Longévité : 3 à 5 ans en général mais est possible jusqu’à 20 ans et plus.
Chasse par écholocation ?
Les chauves souris sont presque toutes « équipées » d’un sonar, un système émetteur d’ondes ultra soniques et qui en se réfléchissant sur les obstacles reviennent déformées sur les pavillons auditifs de l’animal. La différence lui donne une image en relief de son environnement et ce en pleine obscurité. Les longueurs d’ondes utilisées vont de 22 à 86 kHz avec un maximum d’énergie vers 37. Les impulsions sont émises toutes les 6 millisecondes et donnent ainsi une image en temps réel.
Cependant, le Grand murin n’utilise pas son sonar pour chasser les proies. Il va glaner sa nourriture entre le sol et 1 mètre au dessus en s’appuyant sur les bruits qu’elles génèrent. De nombreuses proies peuvent capter les ultrasons des chauves-souris et tenter d’échapper à leurs prédateurs au dernier moment. A l’approche d’une proie, il a été démontré que le Grand murin cesse son écholocation ou diminue fortement son intensité pour éviter sa fuite.
Quand il chasse au sol il émet au dernier moment un bourdonnement semblable à celui d’un frelon. Cela lui permet de préciser sa phase d’approche et capturer la proie.
D’autres expériences ont été menées par A. Schaub en proposant au grand murin des secteurs de chasse sans bruit, avec un faible bruit, un bruit produit par un ordinateur, un bruit de fond très important. Il en est ressorti clairement que les Grands murins étaient indisposés par le bruit, y compris le faible bruit généré par l’ordinateur. Ce bruit correspondant en fait au bruissement des insectes et donc à la zone de bruits qui permet au Grand murin de détecter ses proies. C’est dire l’importance qu’il y a de préserver pour ces animaux à la fois l’absence de lumière, (la fameuse Trame noire) mais aussi une absence de bruit de fond (Trame blanche)
Reproduction
Les accouplements ont lieu l’année n-1, d’août à novembre. Les mâles veillent sur des harems de 4 à 7 femelles. Le développement des embryons peut être retardé.
Les femelles se groupent par colonies dans les gîtes de mise-bas dits de « parturition ». Leur nombre peut être très important : de 200 à 2000 et plus. Les mâles sont à part et occupent des gîtes plus petits ou des cavités naturelles (troncs d’arbre creux).
Les femelles donnent naissance à un seul jeune de 4 à 7 grammes .Le temps de gestation, qui dépend entre autres de la température, varie autour de 2 mois. Les naissances ont lieu de fin mai à fin juin. La femelle allaite son petit durant 2 mois et le sèvre définitivement à 2 semaines après.
Nourriture : le Grand murin se nourrit d’insectes terrestres de moins d’un cm comme des coléoptères, carabes, bousiers, sauterelles, petits papillons, tipules, araignées et opilions Il chasse au sol et en rase mottes une fois que la nuit est devenue bien noire.
Habitat: C’est une chauve-souris de plaine et basse altitude. Elle fréquente les vieilles forêts, paysages de haies et pâtures. Le territoire est de 100 hectares par individu et son rayon de dispersion varie de 10 à 15 km.
Elle privilégie les cavernes, grottes, carrières, souterrains
Elle hiberne dans ces endroits de fin octobre à fin mars. Au printemps, elle cherche un endroit plus abrité et plus chaud comme le toit d’un clocher ou une vieille grange pour mettre bas et élever sa progéniture. Elle y reste fidèle. En général le déplacement ne dépasse pas 100 km. Dans le sud elle peut séjourner toute l’année dans sa caverne.
Les facteurs qui influencent la dynamique des populations peuvent être :
le dérangement, l’éclairage, l’accès pour le gîte. Les autres facteurs sont la disponibilité des proies (déjà commenté).
Prédateurs : Ils sont nombreux : rapaces nocturnes, mustélidés comme les fouines, martres et belettes.
Les chauves souris véhicules à virus
Il faut éviter de manipuler les chauves-souris sans précautions. Toutes leurs sécrétions peuvent véhiculer des virus. Elles ont un taux de viroses plus élevé que les autres mammifères car leur système immunitaire est moins performant. Leur style de vie fait aussi qu’elles peuvent disperser assez loin les virus.
Ceci a été mis en évidence lors des épisodes Covid après ceux du SRAS (en 2003), du MERS (en 2013). Les chauves souris sont contaminées par de très nombreux coronavirus,.47 ont été dénombrés. Des chauves-souris ont abrité un coronavirus qui avait 99 % et plus de patrimoine génétique commun avec le fameux Covid. C’est le dernier ou avant dernier animal hôte du virus avant son passage sur l’homme.
Statut et protection : espèce protégée au niveau national et international (Convention de Bonn, Annexe II). L’état de conservation de ses habitats est classé comme défavorable – inadéquat partout en métropole.
Bernard Weinzaepflen (Anab) et Roland Gissinger (Anab) texte et bibliographie
Pour en savoir plus :
Echolocation and passive listening by foraging bats Myotis myotis and M. blythii -2006
Les chauves-souris glaneuses évitent le bruit (le Grand murin) 2009