Rain-Un roman dessiné sur une question environnementale
Publié le 23 Août 2022
Sylvie nous fait découvrir cette bande dessinée sur la destruction des milieux par la chasse au coq de bruyère.
Le roman graphique Rain est une histoire environnementale. Les personnages sont fictifs mais l’histoire est basée sur des événements réels: les inondations dévastatrices du nord de l'Angleterre en 2015. J'ai choisi de me concentrer sur le déluge du lendemain de Noël dans deux petites villes du Yorkshire : Hebden Bridge et Mythomroyd parce que je pouvais facilement trouver des informations détaillées, non seulement sur les conséquences de ces inondations, mais d'autres facteurs qui étaient intervenus. Les effets du changement climatique étaient exacerbés par des éléments perturbateurs locaux; une bonne partie des collines sont gérées par une élite, les propriétaires terriens, créant un impact désastreux sur la majorité des habitants de la vallée en contrebas. En effet, la chasse au Tétras rouge, Lagopus lagopus est une activité économique très lucrative.
Les tourbières du nord de l'Europe (Nord de l’Angleterre, Ecosse, Irlande, Scandinavie) recèlent des quantités prodigieuses de carbone et d'eau. Elles sont l'Amazone d'Europe et existent depuis 9 000 ans. Les tourbières saines sont des sites d’une biodiversité énorme. Malheureusement ce sont aussi des domaines de tir de gibier. Le Red Grouse Lagopus lagopus (nommé le roi du gibier) se nourrit de pousses de bruyère. De ce fait, les gardes-chasses brûlent la bruyère en automne et en hiver pour la stimuler, c'est à dire pour favoriser la repousse de jeunes bruyères, appétente pour le Lagopède. La pratique de ces brûlis sèche la tourbe et libère du carbone. En même temps, on creuse des tranchées de drainage, un terrain plus sec créant de meilleures conditions pour faire pousser la bruyère. Du coup, la nappe phréatique baisse, atteignant des niveaux qui sont dangereux pour les vallées. Résultat: des inondations catastrophiques dans les villes en contrebas.
Rain aborde le thème de la dégradation de l'environnement qui nous menace tous, ici et maintenant. L'histoire suit les expériences quotidiennes de gens ordinaires, en traitant de la pollution, du changement climatique, de la mauvaise gestion des campagnes. Elle traite donc de la perturbation, de la misère et de la perte que ces choses entraînent. Les personnages sont fictifs, mais pas les événements. Le livre aborde différentes formes de protestation et d'activisme, légales ou illégales. Je conclus par une réflexion sur tous les autres ‘Earthlings’: les compagnons terrestres non-humains avec lesquels nous partageons la planète.
Une de mes sources a été le livre Inglorious: Conflict in the Uplands de Mark Avery, ancien Directeur de Conservation pour la Royal Society for the Protection of Birds. Mark Avery est blogueur spécialisé de la faune sauvage et militant inlassable contre la chasse aux tétraonidés et l'abattage illégal d'animaux sauvages. Le titre fait référence à la ‘Glorious 12th’ (le 12 août ). Le 12 août est la date d'ouverture de la chasse.
Dans un podcast réalisé en 2021 par des chercheurs en doctorat de l'université de Sheffield ( Animal Studies in Focus 1 – Gemma Curto and Juliet de Little in Conversation, en anglais), ces dernières discutent de la perspective biocentrique, ou non-anthropocentrique, du livre. Je n'avais jamais entendu l'un ou l'autre de ces termes auparavant.
Rain a déjà été présenté dans Landscape une revue professionnelle
d' architectes paysagistes. https://www.mary-talbot.co.uk/rain-featured-in-the-journal-of-the-landscape-institute/ (en anglais).
Pour les détails concernant le roman graphique, cliquer ici: https://www.mary-talbot.co.uk/graphic-novels/rain/ (en anglais).