Deux poules rousses dans le jardin , pour réduire la poubelle.
Publié le 14 Octobre 2022
Paru sur le site l'Alsace le 13/9/2022
Transmis par Bernard merci Bernard.
Elles pondent, oui, mais surtout elles mangent les épluchures et les restes de repas. La distribution de 400 poules sur le parking de l’Espace 110 à Illzach a déclenché un enthousiasme communicatif. On est venu en famille récupérer ses deux cocottes.
Hélène, de Flaxlanden, accompagnée de ses enfants pour chercher ses poules. Romy et ses frères, Robin et Louis, sont ravis -Cette habitante de M2A prend la pose devant la photographe Marie Nussbaumer avant de repartir avec ses poulettes
Les boîtes de transport en carton percées de trous s’étagent les unes sur les autres, protégées de la pluie qui menace. Les poulettes y seraient-elles agglutinées ? Pas d’inquiétude, à leur arrivée du Couvoir de la solitude à Bréchaumont où elles sont nées, elles ont été placées dans un enclos provisoire sur une bonne couche de paille.
« On les a réceptionnées et on les a comptées, elles sont bien 400 », confirme Évelyne Glaas, de l’Association des aviculteurs de Mulhouse-Dornach mobilisée pour la matinée. Elle constate que « les poules ne sont pas stressées et se laissent faire. Elles ne sont pas sauvages, elles ne sautent pas ».
À deux minimum, sinon c’est la déprime
C’est la 4e opération « J’adopte des poules » de Mulhouse Alsace Agglomération (M2A) et, dès l’ouverture, les premiers adoptants repartent rapidement avec leur carton à bout de bras. Certains en portent plusieurs, comme Monique de Bruebach, agricultrice, qui a fait une demande, tout comme sa fille et sa petite-fille.
Dans chaque boîte, deux poules attrapées facilement et âgées de 5 mois, prêtes à pondre. Il faudra quand même un temps d’adaptation, relève Élodie Passat, directrice de la transition écologique et climatique de M2A. Logées et nourries dans de bonnes conditions, elles pondront « au moins six œufs par semaine ». Les services de l’agglo ont vérifié avec l’application Google Maps que les 200 foyers retenus ont bien « un espace extérieur d’au moins 8 ou 10 m² ».
Carte d’identité de ces gallinacés
● Espèce : poule rousse.
● Âge : 5 mois.
● Lieu de naissance : le Couvoir de la solitude à Bréchaumont.
● Particularité : pondeuse (au moins six œufs par semaine).
● Caractère : sociable (a besoin de vivre avec d’autres poules sinon elle se laisse dépérir).
● Habitat : un poulailler dans un espace extérieur d’au moins 8 à 10 m².
● Alimentation : graines en mélange, biodéchets, limaces et vers de terre (eau à dispo).
● Prix : 8,50 € HT (gratuite ici pour l’habitant).
● Prédateurs : la fouine, le renard.
Les familles ont été informées à l’avance des conditions d’accueil, jusqu’à l’entretien du poulailler et les déjections, car c’est une charge. Parmi leurs obligations, les adoptants s’engagent à garder les poules en vie pendant deux ans au minimum (sous-entendu à ne pas les mettre dans la cocotte avant cette échéance) et ne pas prendre de coq pour ne pas créer de tensions dans la basse-cour.
Côté bien-être, « les poules ont besoin d’être à deux minimum, sinon elles ne mangent pas », continue Évelyne Glaas, toujours occupée à les distribuer deux par deux, cette fois en direction de Wittelsheim. « Allez, bonne route et bonne omelette ! », encourage-t-elle.
Tout comme les autres bénévoles aviculteurs, elle glisse volontiers des conseils. « Les poules ne craignent pas le froid, à deux elles se blottissent l’une contre l’autre. » Ce qui leur faut dans le bec : « Des graines en mélange pour poules pondeuses, de la salade, des restes de nourriture, toujours de l’eau à dispo. » Et ce sont ces habitudes alimentaires justement qui intéressent l’agglo dans le cadre de sa politique Déchets 2030 et qui la pousse à offrir ces poules aux habitants.
« Les épluchures finissent dans le poulailler »
« L’objectif est d’aller vers la réduction des déchets », explique Loïc Richard, vice-président en charge de la transition environnementale et qui a préparé cette action avec Danièle Goldshein, conseillère communautaire déléguée. « C’est tout l’enjeu des bio-déchets : les épluchures vont finir dans le poulailler, ils deviennent une ressource. Pendant longtemps dans notre environnement, il y avait des poules. Il faut réapprendre à vivre avec elles. »
On estime qu’une poule à elle seule permet de réduire jusqu’à 150 kg de déchets organiques par an. « Avec deux poules dans son jardin, indique M2A, une famille de quatre personnes peut ainsi réduire d’un tiers le volume de sa poubelle. »
Impatients de repartir, les adoptants, Melissa et ses parents d’Illzach, Marielle et Maxence de Baldersheim…, ont joué le jeu et se sont arrêtés à la borne photo pour immortaliser ce moment avec l’une de leur poule rousse serrée contre eux. Dans les familles, ce sont les enfants qui choisiront les petits noms.