Enquête mycologique, épisode 58, Gymnopus dryophila- Collybie des chênes
Publié le 10 Septembre 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 7 septembre 2022, dans la forêt de Siltzheim, une forêt à tendance acidiphile à tendance limoneuse. Après des semaines et des semaines de sécheresse, c’est à la faveur de pluies orageuses que les gangs fongiques sortent du sol
Arme du crime
Le champignon pousse au sol, avec des débris organiques agglomérés à la base du pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprophyte.
Profil du suspect
Le champignon est de morphologie classique, pied/chapeau.
L’hyménophore (ou dessous du chapeau) est constitué de lames.
Pas de voile présent sous forme de cortine, écaille, anneau ou volve
Difficile à première vue de définir l’insertion des lames sur le pied : libre ou très échancrée ? Dans ce cas, une coupe longitudinale du chapeau en passant par le pied permet de conclure. Donc très échancrée.
Chapeau orangé, pied lisse, base du pied sans bulbe, pied fibreux à la cassure.
Une petite morphologie avec un pied grêle et un chapeau moyen, c’est ce qu’on appelle une morphologie collybioïde.
Ces observations, à la portée de tous, permettent déjà d’éliminer de nombreux candidats, comme les amanites/agarics (lames libres), les russules/lactaires (pied cassant net), les cortinaires (pas de cortine).
Pour aller plus loin, il faut réaliser une sporée.
Couleur de la sporée.
Elle est blanche
Avec ces éléments, on est dans le grand groupe des collybies ou des marasmes. Plus précisément ici, il s’agit du classique Collybie des chênes (Gymnopus dryophila)
La police scientifique
Juste pour le plaisir, une vue microscopique des spores à x1000, de morphologie ellipsoïde.
Spores au microscope x1000 de Gymnopus dryophila- Collybie des chênes - Photo : Gilles Weiskircher (Anab)
La conclusion de l’enquêteur :
Cette collybie est très fréquente. Elle est une des premières à apparaître après chaque pluie. Il ne faudra pas la confondre avec Gymnopus aquosus qui possède un pied avec un bulbe.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)