Enquête mycologique, épisode 60, Le Polypore moucheté (Polyporus forquignonii)
Publié le 24 Septembre 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 12 septembre 2022, dans la forêt de Siltzheim, une forêt à tendance acidiphile à tendance limoneuse. Après des semaines et des semaines de sécheresse, c’est à la faveur de pluies orageuses que les gangs fongiques sortent du sol.
Arme du crime
Le champignon pousse sur une branche de bois. Aucun doute qu’il s’agit d’un champignon saprophyte.
Profil du suspect
Le champignon est de morphologie classique, pied + chapeau.
Le chapeau est crème jaune, avec une marge frangée et fimbriée (finement et irrégulièrement découpée).
Un coup d’œil en dessous permet de voir qu’il s’agit d’un champignon à pores. Ces pores sont allongés polygonaux et dentées. On compte un pore par mm et ils sont décurrents sur le pied.
Couleur de la sporée.
La sporée est blanche.
La police scientifique
Les spores sont grandes, en moyenne 13 micromètres
Spores au microscope X 1000- du Polypore moucheté (Polyporus forquignonii) - Photo Gilles Weiskircher (Anab)
Les polypores
Le terme polypore ne correspond pas à une classe phylogénétique particulière. Cette morphologie est apparue de nombreuses fois, dans des groupes très différents.
Polypore désigne un champignon qui possèdent des tubes débouchant sur des pores mais avec une chair coriace. Ainsi, les bolets, à chair tendre, ne sont pas considérés comme des polypores.
La conclusion de l’enquêteur :
Avec tous ces éléments, le champignon est Polyporus forquignonii, le Polypore moucheté, qui vient en particulier sur bois mort de feuillus, en particulier chêne et hêtre, après les pluies. Certains mycologues le synonymisent avec Polyporus tuberaster mais ce dernier serait très rare et pousserait sur un sclérote noir. Ce point est encore débattu.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)