Enquête mycologique, épisode 61, Coprinellus xanthothrix (le Coprin à flocons jaunes )

Publié le 1 Octobre 2022

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

Scène du crime
Nous sommes le 13 septembre 2022, dans la forêt de Zetting, une forêt à tendance acidiphile à tendance limoneuse. Après des semaines et des semaines de sécheresse, c’est à la faveur de pluies orageuses que les gangs fongiques sortent du sol.

 

Arme du crime
Le champignon pousse au sol, avec des débris de bois agglomérés à sa base. Aucun doute qu’il s’agit d’un champignon saprophyte.

Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Profil du suspect

Le champignon est de morphologie classique, pied + chapeau. Plusieurs points attirent l’attention :

- sa morphologie : pied fin et chapeau en cloche. Il y a peu de champignons qui ont cette morphologie : les mycènes et les coprins/psathyrelles au sens large

- c’est un champignon très fragile, qui se casse facilement. C’est un signe qu’il pourrait s’agit d’un membre du groupe des coprins/psathyrelles

- sur le dessus du chapeau se trouve une « poudre ou flocons », correspondant à des restes de voile. Encore un élément qui penche pour un coprin/psathyrelle.

Voile sous forme de flocons du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photos Gilles Weiskircher (Anab)
Voile sous forme de flocons du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Voile sous forme de flocons du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photos Gilles Weiskircher (Anab)

Le pied est blanc. Un coup d’œil en dessous permet de voir qu’il s’agit d’un champignon à lames, noires. Ça confirme qu’on est dans ce groupe.

Disons-le honnêtement, quand on est dans ce groupe, c’est la croix et la bannière. C’est un gang très difficile à appréhender et il est indispensable d’avoir plusieurs spécimens pour observer finement la nature du voile.

Les flocons sont ici pointus rouillé-pâle. Vu les flocons, on est déjà dans le genre Coprinellus. Un examen microscopique des spores va être nécessaire également, ainsi que la forme du voile.

 

Couleur de la sporée.

Sporée du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Sporée du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)

La sporée est noire, ce qui confirme qu’on est en présence d’un membre du groupe des psathyrelles/coprins.

 

La police scientifique

 

Le voile (flocons) est constitué d’éléments globulaires disposés en chaîne

Voile au microscope X 1000 du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Voile au microscope X 1000 du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Les spores sont elliptiques ovoïdes, non réniformes et ne dépassant pas 10 microns. Ça permet déjà d’éliminer plusieurs candidats.

 

Spores du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Spores du Coprinellus xanthothrix (Coprin à flocons jaunes) – Photo Gilles Weiskircher (Anab)

Avec tous ces éléments, on peut conclure qu’on est en présence du Coprin à flocons jaunes (Coprinellus xanthothrix). En anglais, "Fireug Inkcap". C’est une espèce qu’on peut observer à tout moment de l’année sur souches, branches et débris ligneux.

 

La conclusion de l’enquêteur :

Les coprins et psathyrelles sont une hantise pour les mycologues. Leur caractère fragile ne facilite en rien leur manipulation. Souvent, arrivé à la maison, le préleveur constate que le champignon est complètement disloqué. C’est un groupe où le prélèvement doit être étudié assez rapidement. C'est plus prudent d'emmener la glacière en forêt et surtout observer avec soin le voile sur le chapeau.

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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T
Merci pour cet article très intéressant.
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W
Merci Toll d'apprécier