La Fauvette des jardins (Sylvia borin)
Publié le 18 Septembre 2022
Voici un oiseau très discret par son plumage mais moins par son chant assez sonore. Vous l’avez sans doute déjà entendu en forêt où il peut se confondre avec celui de la Fauvette à tête noire,.
Roland
Nom scientifique : Sylvia borin (Boddaert, 1783)
Origine du nom : de « sylvia» qui signifie forêt, en lien avec son habitat et « borin » qui vient du nom en italien de cet oiseau lui-même dérivé de « bos », le bœuf, car on croyait que cette fauvette accompagnait les bœufs.
Fauvette viendrait du latin « falvus », couleur de miel. Ce surnom désignait aussi autrefois les personnes à la chevelure blonde tirant sur le roux.
Nom allemand : Gartengras mücke
Nom anglais : Garden Warbler
Observation: le 19 mai à Rosenau (68)
Famille : c’est un passereau de la famille des Sylviidés, Ce sont des oiseaux de petite taille qui comme le nom l’indique (sylvia = la forêt) vivent surtout dans les paysages boisés et les marais. Ils sont de couleur mimétique avec leur environnement et se nourrissent à l’abri de ces écrans végétaux. Bien que difficiles à voir, on peut néanmoins les détecter par leurs chants mélodieux.
Autres sylviidés : la Rousserolle effarvatte, le Pouillot véloce, le Roitelet huppé.
Dimensions et poids : 14 cm de long, avec une envergure de 20 à 25 cm et un poids de 16 à 22 g.
Longévité : 2 ans en moyenne, avec un maxi de 10 ans
Description :
c’est un oiseau de la taille d’un moineau avec une longue queue. La Fauvette des jardins est très peu typée d’aspect. Sa couleur brune est uniforme et passe-partout. Son ventre est brun clair.
Ses yeux sont noirs surmontés d’un sourcil clair. Son bec est assez fort et de couleur brune avec une nuance gris-bleuté comme les pattes. La femelle est identique au mâle, de même que les jeunes. Pour l’identifier, il faut reconnaitre son chant et se rappeler son biotope.
Elle reste peu différente de la Fauvette à tête noire, présente dans les mêmes biotopes, avec un chant voisin mais qui s’en distingue dans son aspect avec sa calotte noire.
Chant:
Vidéo chant: https://www.youtube.com/watch?v=afeGcX2XJ9o
Le chant monte et descend sans vraie mélodie en tirades et 3 à 8 secondes. Il est d’intensité plus constante et n’a pas le son flûté à la fin du chant de celui de sa consœur à tête noire.
La Fauvette des jardins imite quelquefois le chant d’autres oiseaux comme le Pinson des arbres, la Pie-grièche à tête rousse et d’autres.
Son cri de contact quand elle est dérangée est une série de « vit vit vit » rapprochés.
Vol : rapide et un peu ondulé. Les trajets sont courts.
Habitat: elle est présente dans les haies assez hautes, de 2 à 3 mètres, les milieux boisés peu denses comme les lisières forestières, les clairières et ripisylves, bois humides de saules et de bouleaux. Malgré son nom elle fréquente rarement les jardins où elle est trop souvent dérangée.
Nourriture : En saison de reproduction, elle a besoin de plus de protéines et se nourrit alors d’araignées et d’insectes volants ou rampants comme les mouches, les coléoptères mais aussi de larves, vers et chenilles. Elle chasse et parcourt surtout la strate forestière basse (en dessous de 6 m) mais peut selon l’abondance aller visiter le haut de la canopée.
En dehors de cette période où elle nécessite plus de protéines pour pondre des œufs, elle consomme les petits fruits des arbres (Viornes) et des haies (ronces) ainsi que de figues là où les figuiers poussent. Son régime de fruits lui permettra d’augmenter son poids très sensiblement pour mener à bien sa migration.
Comportement : La Fauvette des jardins est un oiseau en principe monogame (le mâle pas toujours…). Il est solitaire hors saison de nidification. Son territoire est très petit, de l’ordre de 0,2 hectare quand l’alimentation est abondante. Il partage son habitat avec un concurrent, la Fauvette à tête noire ce qui provoque des conflits de voisinage.
Quand il revient de migration, le mâle s’approprie un territoire. Il le défend contre tous les autres mâles mais aussi contre les autres espèces de passereaux qui ont le même biotope. Il va attirer la femelle en battant des ailes et en lui présentant plusieurs nids qu’il a ébauchés dans la haie. Le mâle chante quand il est près de la femelle, ou à l’approche d’un concurrent. Il diminue ses vocalises dès les activités de parents terminées.
Nidification : après l’accouplement, entre avril et juin, le couple fabrique dans les parties basses des haies (2 m), des arbres (saules) mais le plus souvent dans un roncier. Le nid a des parois construites sur la base de rameaux et racines entremêlées. L’intérieur de cette coupe profonde est tapissé de fines herbes et mousses. Il mesure en moyenne 8.3 cm de haut, 11.2cm de large et 6.3 cm de profondeur
Début mai, la femelle y pond 3 à 6 œufs d’un poids de 2.2 g en moyenne, de couleur de fond blanc crème avec de nombreuses taches brunes qu’elle couve avec son compagnon pendant 10 à 12 jours. Les deux parents nourrissent les jeunes qui peuvent voler après moins de 2 semaines, mais ne seront autonomes que 2 semaines plus tard. Ceci implique donc un engagement important des parents pendant 5 à 6 semaines. C’est pourquoi, une deuxième couvée est rarement mise en route après cette première. La mortalité est très forte, seuls 25% des jeunes passeront la première année.
Migration : cette fauvette migre dès le mois d’août vers les pays d’Afrique subtropicale.
Prédateurs : le Coucou gris parasite le nid de cette fauvette en y déposant ses œufs. Ceux-ci sont aussi victimes des corvidés comme le geai ou la pie, ainsi que des mammifères comme l’écureuil et l’hermine.
Autres prédateurs : les chats, les corneilles et les rapaces comme les éperviers.
Protection strictement protégée par la loi. D’après l’INPN, sa population a fortement décliné dans les années 2000(-26%) , serait en déclin à long terme mais stable à court terme avec 300 000 à 600 000 couples sur notre territoire. Elle est classée vulnérable (VU) dans plusieurs régions : Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Limousin.
Article illustré par notre talentueux collègue photographe naturaliste Claudy Stenger, d’autres photos d’oiseaux sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger (Anab) synthèse livres et sites internet. Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Musique d’Olivier Messian consacré à cet oiseau :
https://www.youtube.com/watch?v=8woTVFvKBSM