L’Épiaire des marais, Ortie bourbière (Stachys palustris)
Publié le 2 Octobre 2022
Voici une grande et jolie plante à découvrir encore en ce moment dans les endroits humides et frais, surtout en forêt .
Roland
Nom scientifique : Stachys palustris L., 1753
Autres noms communs :
Nom commun dialecte / allemand : Zumpf-Ziest
Nom anglais : clown's woundwort, clown's heal-all, marsh hedgenettle, or hedge-nettle
Date de l’observation: le 17 septembre à Dieffenbach les Puttelange (Moselle)
Famille de plantes : les Lamiacées. Ce sont souvent des plantes très odorantes comme les lavandes, le Thym, le Basilic, , la Sarriette, la Sauge, les lamiers, les galeopsis.
Cette famille est homogène et comprend 6000 espèces de par le monde, réparties en 210 genres.
Caractéristiques communes : des huiles ou essences aromatiques sont contenues dans des glandes réparties sur la surface des feuilles ou à la base de poils glanduleux.
Les feuilles sont opposées et réunies sur un point de la tige carrée en pseudo verticilles. Il en va de même pour les fleurs.
La fleur est de symétrie bilatérale (ou zygomorphe) avec 5 pétales soudés en une corolle à deux lèvres plus ou moins distinctes.
Elle comporte 4 étamines et quelquefois 2 supplémentaires. L’ovaire possède 4 ovules bien symétriques qui donneront un tétrakène.
Les stachys sont répartis en 300 espèces. Les caractères généraux : plantes dressées, souvent rhyzomateuses, Fleurs typiques des lamiaceae, avec fleurs en cloche de différentes couleurs, fleur en deux parties , la lèvre supérieure en cloche protégeant les étamines.
Catégorie: plante vivace sans odeur produisant des stolons avec de petits tubercules en chapelet
Hauteur: 30 à 110 cm
Tiges et racines: tige quadrangulaire, simple, à poils courts et soyeux, fixée sur une racine qui peut descendre à 60 cm de profondeur
Feuilles : elles sont opposées, couvertes de poils épars et ressemblent à celles des orties. Leur forme est allongée., étroite.
Elles sont crénelées sur le bord et mesurent 2 à 10 cm de long pour 1 à 5 cm de large. Elles ont une forme triangulaire et sont pétiolées à la base et sans pétiole (sessiles) vers le haut
Floraison: de juillet à octobre
Fleurs: fleurs de couleur rose à violet tachetées de blanc. Les fleurs sont groupées sur 10 à 20 pseudo verticilles comprenant chacun 4 à 8 fleurs jusqu’au sommet. L’ensemble forme un long épi terminal.
La corolle à symétrie bilatérale est courbée et mesure 10 à 15 mm. Elle est constituée de 2 lèvres issues de la soudure des 5 pétales. La lèvre inférieure parcourues de dessins blancs en stries sur le fond rose, est divisée en trois lobes . La lèvre supérieure est en forme de casque. Les pétales sont soudés à la base et forment un tube droit de 9 mm, muni à l’intérieur d’un anneau de poils.
La lèvre supérieure est plate pour constituer une vraie piste d’atterrissage à insectes. Elle abrite 4 étamines, 2 longues et 2 courtes. L’ovaire se prolonge par un long style. Les fleurs sont entourées à leur base d’un calice velu, à 5 dents triangulaires égales.
Pollinisation : La plante produit beaucoup de nectar et attire de nombreux insectes, abeilles, syrphes, papillons et surtout les bourdons. Les nectaires sont judicieusement disposés pour obliger l’insecte qui pompe le nectar à se charger en pollen et féconder après sa visite le pistil des autres fleurs de la même espèce.
La production de graines peut être réalisée par autopollinisation avec 44% de succès contre 99% si la pollinisation est faite par un insecte (art 1 K Taylor).
Les plantes invasives sont vraiment nuisibles à la biodiversité. Les chercheurs Chittka et Schürkens (2001) ont montré que la production de nectar dans une fleur est 10 fois moins importante chez cette Epiaire des marais que chez la Balsamine de l’Himalaya (0.47 mg de nectar par heure)et qui produit aussi 2500 graines par plante. Les récompenses en nectar influent sur le nombre de visites de bourdons comme Bombus pascuorum. Elles étaient 4 fois moindres chez l’épiaire que chez la balsamine.
Confusion : sans fleurs il est facile de confondre cette Épiaire des marais avec les orties qui elles piquent. Il existe de nombreuses labiées à fleurs rouges pas si faciles à différencier. Il est nécessaire d’observer les caractères botaniques, fleurs, étamines, sépales, feuilles et le biotope.
Fruits : les fruits sont des akènes de 1 mm réunis par 4 (tétrakène) dans le fond du calice et parsemés de glandes. Les akènes deviennent noirs parsemés de petits tubercules à maturité. Ils seront dispersés par les animaux mais flottent très bien dans l’eau et assurent ainsi leur dispersion.
La multiplication de cette Épiaire des marais se fait aussi de manière végétative grâce à ses longs rhizomes.
Habitat: cette Épiaire est une espèce liée à l’humidité. Il est présent aux endroits ensoleillés, riches en azote, dans les forêts, les prairies humides, marécageuses, dans les fossés le long des routes, les roselières, sur les rives des étangs et rivières. Il aime les sols riches en humus, sableux ou marneux. On le rencontre jusqu’à maximum 500 m et 1000m en Espagne.
Plante pas très fréquente mais présente un peu partout en France mais beaucoup moins dans la moitié sud.
Protection : plante liée aux milieux humides en voie de disparition par suite de destruction des milieux humides et changement climatique. Elle est protégée dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, classée critique dans le Limousin et Znieff dans les régions Languedoc-Roussillon, Corse, Midi-Pyrénées, PACA.
Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation.
Utilisation alimentaire : éviter de les consommer en sauvages car ces plantes sont assez rares et comme les autres plantes de terrains humides peuvent contenir des parasites dangereux comme la Douve du foie et des parasites transmises par les rongeurs (rats..).
Si vous les cultivez en jardin, les jeunes pousses peuvent être cuites ainsi que les tubercules.
Cette plante était utilisée en période de disette en Pologne et Ukraine.
Ecologie et ennemis :
L’article de Kenneth Taylor cité en1 donne la liste complète des insectes et de leurs larves se nourrissant aux dépends de ce Stachys palustris mais aussi les champignons et les nématodes.
Il décrit aussi les associations végétales qui existent avec d’autres plantes et leur phytosociologie.
Utilisation médicinale et toxicité :
Cette épiaire était utilisée autrefois pour favoriser la cicatrisation des plaies d’où son nom anglais aussi « woundwort », « herbe aux blessures ».
Wikiphyto indique que les sommités fleuries sont utilisées ainsi que la plante entière pour faire une teinture mère.
Composants actifs : polyosides, polyphénols, iridoïdes, acide lithospermique proche de l’acide caféique et qui possède des propriétés vasodilatatrices et donc d’hypotension, et antihormonales
Propriétés :
Nettement spasmolytique, effet analogue à celui de la Ballote
Emménagogue
Hypotenseur
Vulnéraire
L’acide lithospermique est anticonceptionnel et antihormonal
Antispasmodique
Effet favorable sur le fonctionnement rénal, diminution de l’urémie, augmentation de la vitesse de filtration glomérulaire, de l’excrétion d’urée et de créatinine
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Article très complet sur Stachys sylvativa de Kenneth Taylor (2011)in English
Polar constituants, essential oil an antixidant ctivity of Marsh Woundwort (Stachys palustris) 2017
Genus Stachys : review of tradional uses, phytochemestry and bioactivity 2020
Liste insectes pollinisateurs donnée par K Taylor
Hymenoptera: Anthidium manicatum L., Anthophora furcata Panzer [Podalirius furcatus L.], Anthophora quadrimaculata (Panzer), Bombus arenicola Ths., B. distinguendus Mor., B. hortorum L., B. lapidarius L., B. lucorum L., B. pascuorum Scopoli [B. agrorum L.], B. pomorum Pz., B. soroeensis (F.) [B. proteus Gerst.], B. ruderarius (Müller), B. sylvarum L., B. terrestris L. Autres visiteurs ordre Coleoptera comme Meligethes sp. et ordre Diptera: Anthomyia radicum L., Peleteria rubescens (Robineau-Desvoidy) [Echinomyia tessellata (F.)], Melanostoma scalare F., Platycheirus albimanus F. and Rhingia rostrata L
Lamiacées déjà traitées sur notre blog
Nom taxon français |
Nom scientifique |
Brunelle commune, Herbe au charpentier |
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Bugle rampante, Consyre moyenne |
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Épiaire des bois, Ortie à crapauds |
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Épiaire des marais, Ortie bourbière |
Stachys palustris |
Galéopsis tétrahit, Ortie royale, Galeopsis orné |
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Lamier argenté, Lamier jaune à feuilles argentées |
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Lamier blanc, Ortie blanche, Ortie morte |
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Lamier jaune, Lamier Galéobdolon |
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Lamier maculé, Lamier à feuilles panachées |
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Lamier pourpre, Ortie rouge |
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Lierre terrestre, Gléchome Lierre terrestre |
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Lycope d'Europe, Chanvre d'eau |
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Menthe aquatique, Baume d'eau, Baume de rivière, Bonhomme de rivière, Menthe rouge, Riolet, Menthe à grenouille |
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Origan commun |
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Sariette commune, Grand Basilic, Calament clinopode |
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Sauge des prés, Sauge commune |
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Thym faux pouillot |