Airelle, Myrtille, Maurette (Vaccinium myrtillus)
Publié le 23 Novembre 2022
voici une plante que tout le monde connaît, du moins quand elle porte ses fruits. Enfin, en principe. Oui, car ce n’est pas toujours le cas. Cette année encore, dans notre région, des personnes ont été intoxiquées en confondant ses fruits avec ceux de la Belladone. Leur tarte aux myrtilles était en effet une tarte à la Belladone, plante de la famille des solanacées qui est très toxique.
La Belladone est une grande plante aux fruits très noirs avec des feuilles immenses, tandis que la myrtille a des fruits bleu-violet et ses feuilles sont très petites, moins de 3 cm.
Pour ceux qui n'aiment pas la médecine et la chimie, vous pouvez zapper l'annexe.
Roland
Nom scientifique : Vaccinium myrtillus L.1753
Origine du nom : Le nom de genre « vaccinium » a une origine imprécise, peut-être vient-il de « vaccinus », la vache. Myrtillus vient de « myrtus », le myrte, sans doute pour une ressemblance avec les feuilles.
Le mot airelle vient du latin « atra » noir.
Autres noms communs de cet arbrisseau : Brimbelle, gueule noire, mouret, raisin des bois, bleuet…la liste est loin d’être exhaustive. Chaque région a son « petit nom » et il en est de ainsi pour tous les pays d’Europe.
Nom commun dialecte / allemand : Heidelbeere, Pouljer, Grämbeere, Blaubeere ….
Nom anglais : European blueberry, bilberry …
Date de l’observation: le 29 octobre à Lemberg (Moselle), à l’état végétatif.
Famille de plantes : les Ericacées, qui englobent les bruyères, les azalées, les cranberries et les myrtilles. Elles sont surtout présentes dans les zones froides et tempérées de l’hémisphère nord. Ces plantes sont basses et constituent souvent des arbrisseaux rampants.
C’est une famille représentée par une centaine de genres, comprenant plus de 4300 espèces. Les fleurs sont en majorité de symétrie axiale et en forme de tube plus ou moins long. Ces plantes développent des réseaux mycorhiziens avec les champignons du sol. Ceci explique leur survie sur des zones très peu riches en éléments nutritifs comme les tourbières ou les sols rocailleux.
Catégorie: arbrisseau très ramifié y compris dans sa partie souterraine.
Un seul plant peut couvrir 1000 m carrés en surface et vivre 30 ans.
Hauteur: 10 à 50 cm
Tiges et racines: les tiges sont anguleuses et ligneuse sur les parties âgées
/image%2F1479375%2F20221119%2Fob_7d6f50_vaccinium-myrtillus-hanau-d72-7688-3.jpg)
Feuilles : elles sont ovales caduques et minces, leur bord n’est pas enroulé comme chez l’Airelle rouge. Les faces sont vert vif et le dessus est luisant. . Les feuilles mesurent 10 à 30 mm de long pour 8 à 15 mm de large. Elles sont alternes et finement dentées.
Couleurs des fleurs: vert tendre à rougeâtre portées par un pédicelle de 2 à 3 mm. Elles sont en forme de toupie de 3 à 6 mm, divisée en 5 lobes courts à base violette ; et sont disposées par deux ou solitaires.
Pollinisation : elle se fait par les insectes, bourdons et abeilles. La demande en myrtilles explose ce qui entraîne la culture en champs ou sous serres. Une étude publiée par Hortimedia au Maroc, présente une étude comparative de pollinisation sur des serres séparées par le Bourdon terrestre, Bombus terrestris, l’Abeille asiatique, Apis cerana et l’abeille domestique, Apis mellifica.
Le résultat est sans appel en faveur du bourdon. Grâce à sa longue trompe et son bourdonnement, il saupoudre plus rapidement et en quantité double le pollen sur les stigmates. Il rend ainsi la pollinisation bien plus efficace :
le poids moyen des fruits est de 2.8 g pour le Bourdon, 2.7 g pour l‘Abeille asiatique et 1.2 g pour l’abeille domestique. Mieux, le taux de fruits supérieur à 18 mm est respectivement de 50.8%, 32.9% et 22.5%.
Incroyable non ?
Confusion : elle ressemble à la Myrtille des marais, Vaccinium uliginosum, bien plus grande (80cm), mais la chair de son fruit est peu colorée. Les rameaux possèdent des tiges ligneuses rondes contrairement à notre petit bleuet.
Les tiges florales se développent toute l’année. Certaines peuvent déjà avoir des fruits au début de l’été alors que les autres vont fleurir et fructifier en automne.
Fruits : ce sont des baies violettes de 5 à 15 mm très colorées, autant la peau que la chair et qui contiennent de très petites graines.
/image%2F1479375%2F20221119%2Fob_a16613_vacciinus-myrtillus-perheux-solbach-ds.jpg)
Habitat: la myrtille est un marqueur de l’acidité des sols, c’est un indicateur des sols gréseux ou granitiques. Elle est présente sur les chaumes, les landes, tourbières, forêts claires, les moraines, souvent dans les pentes et jusqu’à 2500 m ; mais absente des pays calcaires et des plaines.
Protection : elle est présente un peu partout, mais devient rare dans les Hauts-de-France et Picardie, Midi-Pyrénées, Champagne-Ardenne. Elle est quasi absente sur la façade Atlantique. Elle est classée Znieff dans les régions citées et en Aquitaine.
Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation à partir de listes d’espèces peu courantes ou rares.
La cueillette est réglementée dans la plupart des régions où elle est abondante comme le Massif central, les Alpes et les Vosges. L’utilisation pour la cueillette d’un peigne est interdite sauf cas particulier.
Utilisation alimentaire :
Les fruits des myrtilles sont très appréciés même s’ils colorent en violet les dents et la langue.
C’est la différence visible avec les myrtilles cultivées ou américaines seulement colorées en surface, peu dans la chair. Elles n’ont pas de goût. Dommage pour nous elles sont très utilisées par les restaurateurs y compris en zone de montagne. Elles sont plus grosses, se conservent mieux et sont sans doute moins chères.
Les recettes à base de myrtilles sont innombrables. Citons tout de même, la tarte aux myrtilles, la glace, la confiture, les gâteaux, le coulis, le jus, les liqueurs, eaux de vie…
Les feuilles étaient infusées en tisane.
Signalons que ce fruit est accessible aux animaux comme le renard qui peut les contaminer avec ses excréments.
Les myrtilles sont aussi appréciées d’autres animaux sauvages, les ongulés, mais aussi l’ours, le Grand tétras et bien d’autres.
Autres usages
Le jus de myrtille était utilisé depuis fort longtemps pour teinter les vêtements en Scandinavie et Angleterre. Il était aussi utilisé pour colorer des produits alimentaires comme le vin.
Mythe et légende :
En langage des fleurs la myrtille signifie la recherche de solitude.
Utilisation médicinale et toxicité :
Il existe de pleines pages sur l’utilisation de cette plante et de ses fruits.
Elles étaient utilisées pour presque tout :
Wikiphyto est très prolixe concernant cette plante. Vous allez être très étonnés par cette liste à rallonge et peut-être manger beaucoup de myrtilles. MAIS, attention il existe des contre-indications comme lors de la prise simultanée de médicaments anti diabétiques et antiagrégants plaquettaires ainsi qu'avec une utilisation prolongée des feuilles.
Très long voir notre annexe.
Texte et photos Roland Gissinger et Bernard Weinzaepflen (Anab)
ANNEXE à l’article :
La copie ci-dessous est extraite de Wikiphyto
Se reporter à Wikiphyto pour le texte complet et les propriétés des feuilles
L’usage médicinal est dû à la présence dans les myrtilles des composants actifs suivants :
- Tanins catéchiques (10 %)
- Trans-resvératrol
- Tanins catéchiques (10 %)
- Anthocyanosides (0,5% du fruit frais) hétérosides du delphinidol (delphinidine), du malvidol (malvidine) et du cyanidol (cyanidine), pelargonidine, péonidine, hirsutidine, pétunidine
- (Le tableau ci-dessus est issu du site très intéressant sur les couleurs
https://questionsdecouleur.wordpress.com/2022/11/12/pourquoi-la-couleur-bleue-est-elle-rare-dans-nos-assiettes/)
- Proanthocyanidols (dimères du catéchol et de l’épicatéchol)
- Flavonoïdes (hyperoside), hétérosides du quercétol et du kaempférol (astragaloside)
- Acides phénols (acide malique, acide citrique, acide quinique), acide chlorogénique, acide p-coumarique, acide férulique, acide hydroxycinnamique
- Oligosaccharides (sucres, 3 à 7 %) et pectines
- Caroténoïdes
- Trans-resvératrol
Propriétés du fruit :
Antidiarrhéique
Vaso-protecteur, les anthocyanosides de Vacinium myrtillus sont plus actifs que la rutine dans les tests mesurant la perméabilité capillaire et la résistance vasculaire avec une longue durée d’action, anti-œdémateux (tanins, anthocyanosides), améliore la résistance capillaire
Inhibition de l’agrégation plaquettaire (flavonoïdes, anthocyanosides)
piégeur des radicaux libres, activité vasomotrice (les anthocyanosides améliorent la vasomotricité et la redistribution du flux sanguin microvasculaire) préservation de l'endothélium vasculaire, s'oppose aux dommages dus au processus d'ischémie-reperfusion (anthocyanosides)
Anti-hypertenseur par effet inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), l’extrait total est actif alors que les anthocyanidines seules (cyanidine, delphinidine, malvidine) ne le sont pas
Activité anti-inflammatoire, améliore la fonction articulaire, réduit les signes cliniques, la résorption osseuse, le gonflement des tissus et la formation d'ostéophytes
La quercétine inhibe l'oxydation des LDL
Amélioration de la vision nocturne (régénération de la rhodopsine), protecteur rétinien par effet antioxydant (anthocyanosides et anthocyanidines : cyanidine, delphinidine, malvidine), mais les études cliniques manquent ]
Amélioration de la mémoire
Antibactérien intestinal et urinaire : inhibition de l’adhésion du colibacille dans la vessie et l’intestin (propriétés sans doute identiques à celles de Vaccinium vitis idæa et Vaccinium macrocarpon ou Vaccinium oxycoccos), effet antibactérien vis-à-vis de Staphylococcus aureus et Escherichia coli, effet anti-biofilm ], E. coli et Proteus mirabilis, mais beaucoup moins de preuves cliniques que Vaccinium macrocarpon
Diminution de la douleur des colites spasmodiques
Protection vis-à-vis de la radiothérapie, les myrtilles semblent permettre à la fois un effet radio-sensibilisateur in vitro sur des lignées de cellules humaines de cancer du col de l'utérus, et réducteur de la croissance cellulaire
action sur la néo-angiogenèse rétinienne dans les rétinopathies, prévient la rétinopathie diabétique, réduit la néovascularisation du glaucome, diminue le stress oxydant dans les pathologies oculaires induites par un stress oxydant
Neuroprotection des neurones dopaminergiques
Un apport régulier et modéré de myrtilles ou d'anthocyanes est associé à un risque réduit de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 et à une aide au maintien du poids, à des effets neuroprotecteurs, anti-inflammatoires et antioxydants, effets bénéfiques sur la fonction vasculaire et la régulation de l’équilibre glycémique, action favorable sur la microflore gastro-intestinale, avec des implications dans les affections dégénératives et dans le processus de vieillissement
Photoprotecteur vis-à-vis des UV-B
Propriétés antioxydantes ], prévient les dommages hépatiques et rénaux causés par un stress oxydant
à l’âge (DMLA) en limitant la production de pigments autofluorescents qui s'accumulent dans les cellules épithéliales de la rétine prevention de la cataracte
Prévention du cancer (anthocyanes) [, inhibition des récepteurs tyrosine kinases (RTK), préférentiellement VEGFR-2 et EGFR
Prévention de la transformation carcinomateuse des polypes coliques adénomateux (anthocyanosides)
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.