Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Publié le 6 Novembre 2022

Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Il est rare et curieux de trouver de grands massifs de plantes blanches fleuries au milieu de l’automne. C’est le cas avec cette Bertéroa blanchâtre encore en pleine forme à cette époque. Pour le moment, dans notre région, nous ne l’avons trouvée que le long des voies ferrées mais en abondance..

Roland


Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)


Nom scientifique : Berteroa incana (L.) DC., 1821
Synonymes : Alyssum incanum, Draba cheiranthifolia. Il en existe toute une liste.

Origine du nom : plante dédiée au botaniste piémontais Carlo Giuseppe Luigi Bertero  (1789- 1831). Le nom d’espèce vient du latin « incanus», qui signifie « blanc ».

Autres noms communs français : Bertéroa blanchi, Alysson blanchâtre

Noms en dialecte alsacien, en allemand: Graukresse

Noms anglais : Hoary Alison, hoary berteroa

Date et lieu  de l’observation : vue en fleurs le  octobre à Keskastel  (67)

Famille de plantes: celle des Brassicacées ( la Cardamine des prés , la Capselle bourse-à-pasteur, l’Alliaire officinalela Cardamine hérissée, la Moutarde des champs, le Passerage champêtre, le Radis sauvage, le Tabouret perfolié  et des comestibles comme les choux,  le colza, moutardes ).

Cette famille est homogène. Les caractères de base  sont pour la  plupart des genres européens :
 une symétrie d’ordre 4 et bilatérale. Les 4 pétales et les 4 sépales sont libres et protègent les 6 étamines, 4 petites et 2  grandes.
Les fruits sont  très variés, de la forme d’un petit haricot à une pièce de monnaie ou une petite bourse. La clé de reconnaissance des espèces repose en grande partie sur l’aspect des fruits de « très allongé » à « circulaire » et  à leur segmentation interne.



Catégorie : plante annuelle ou bisannuelle, blanchâtre, couverte de poils blancs étoilés


Hauteur : 25 à 60 cm.

Tige: dressée, très rameuse sur une racine pivot

Feuilles : nombreuses feuilles  de 2 à 5 cm de long, lancéolées, plus larges à l’extrémité, les inférieures  pétiolées, celles du haut sessiles à bords entiers ou à dents espacées.
La présence de nombreux poils est un signe d’adaptation aux milieux secs. Ils servent à capter l’humidité et aussi à se protéger des rayons du soleil.


 

Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Silicules de Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)
Silicules de Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Silicules de Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Selon INPN, répartion de Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

Selon INPN, répartion de Bertéroa blanchâtre, Alysson blanc, Alysse blanche (Berteroa incana)

 

Floraison : juin à octobre.

Fleurs : blanches, assez petites, (de 4 à 6 mm) aux pétales profondément divisés (bifides). Elles sont groupées nombreuses en grappes. Les fleurs de la Bertéroa blanchâtre ont 4 pétales, 4 sépales verts de 1.5 à 2 mm et 6 étamines comme des brassicacées typiques et un style de 2 à 3 mm de long.
Les fleurs sont souvent dépassées par les premières siliques.

Pollinisation : L’inflorescence est fournie et attire de nombreux insectes et en particulier les syrphes, abeilles mellifères.


Fruits : ce sont des silicules velues, rugueuses, elliptiques (silicule = siliques arrondies ou moins allongées que les siliques)  de 5 à 10 mm pour 3 à 5 mm d’épaisseur. Elles sont dressées et  portées par un petit pédicelle de 5 à 10 mm de long. Les silicules contiennent de nombreuses petites graines (1.3 à 2 mm) entourées d’une aile étroite. La dissémination est assurée par le vent (anémochorie), les animaux (zoochorie) et  les eaux de pluie.

Habitat : Elle tolère les sols pauvres comme les terrains sablonneux, siliceux, terrains vagues et friches, ballast des voies ferrées, berges des cours d’eau. Elle est présente dans toute l’Europe jusqu’à 2000 m. Adaptée aux climats continentaux, on la trouve dans le centre du pays, le Massif central et l’Est. Elle est  absente ou rare sur une très large bordure des façades maritimes et de tout le Sud Ouest .
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Statut et réglementation: espèce non réglementée, car considérée comme plante introduite ne faisant pas partie de la flore initiale de France. Elle fait partie des plantes dites « obsidionales » ou polémoflore, c’est à dire des plantes introduites par les armées. Les graines contaminent les champs de luzerne et de trèfle. Ce sont les soldats, qui en véhiculant le foin nécessaire à l'alimentation des chevaux et mulets, ont contribué à sa dissémination. Voir l’excellent livre de François Vernier à ce sujet (références ci-dessous). Selon la Flore d’Alsace, cette plante a été introduite dans la région de Colmar au début du XIX siècle. Elle s’est propagée ensuite le long des voies ferrées.
La Bertéroa blanchâtre  est considérée comme nuisible et envahissante dans certains états des Etats-Unis comme la Californie, le Colorado, le Montana, l’Oregon… Ceci provient de sa faculté à s’adapter et s’implanter dans les sols secs  au détriment des plantes locales ceci en l’absence de ses prédateurs phytophages du Vieux Continent. 



Confusions possibles : oui avec d'autres brassicacées à fleurs blanches, mais son aspect blanchâtre et ses fruits ne sont pas communs.


Usage ornemental : utilisé dans les jardins  ou pour couvrir certains sites perturbés comme des sites miniers

Usage alimentaire : les graines de cette Bertéroa sont utilisées pour faire de l’huile de cuisine dans certaines régions.

Usage agricole :
Cette plante n’est pas toxique pour les humains. Elle est en principe rejetée par le bétail. En revanche les chevaux peuvent être atteints d’œdèmes, de fièvre, de troubles cardiaques et en mourir suite à l’ingestion de grosses quantités. La toxine n’a pas été identifiée. Cette plante pauvre en nutriments a peu d’intérêt comme herbe de fourrage.
Usage médicinal :
il n’existe pas d’indication médicale pour cette plante sur wikiphyto et je n’en ai pas trouvé ailleurs
Elle aurait des propriétés antioxydantes, antibactériennes  et contre les œdèmes et fièvres..
Pour le moment aucune étude n’a confirmé ces propriétés.

Des chimistes ont analysé cette plante et ont trouvé comme éléments majeurs : des polyphénols dont l’isoquercitrine, la quercétine, l’acide sinapique, l’acide férulique aux propriétés oxydantes modérées. De l’arabinose et du glucose sont présents ainsi que des sucres complexes comme des glucosinates spécifiques : glucobertéroine et glucoalyssine.

Il est connu par ailleurs que les espèces de ces familles des brassicacées contiennent des composants anticancéreux.
Ce n’est pas l’une ou l’autre molécule isolée qui est bénéfique mais le cocktail qui comprend des stérols, caroténoïdes, triglycérides insaturés et acides gras essentiels.

Les éléments chimiques des brassicacées de la famille des glucosinates s’hydrolysent, et se transforment facilement en isothiocyanates, composés bioactifs.

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Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.

Texte,  photos, bibliographie  Roland Gissinger (Anab)- relecture par, bien sûr,  le génial Bernard Weinzaepflen!



Bibliographie
Voir fin d’article index plantes

Livre de François Vernier, Plantes obsidionales : L'étonnante histoire des espèces propagées par les armées, Strasbourg, Vent d'Est
Fiche de Bertero incana USDA
Composition biochimique de Berteroa incana (2017)
Fiche de Bertero incana wikipedia Ge

Propriétés médicinales et composition en glucosinolates des brassicacées : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/13129476?dopt=Abstract
Isothiocyanates et action anticancéreuse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4002831/
http://www.wikiphyto.org/wiki/Isothiocyanates
Thèse soutenue à Strasbourg sur la Recherche d'isothiocyanates à intérêts fonctionnel et technologique chez les Brassicacées

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs blanches

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P
Merci Roland pour les précisions apportées à Toll. Et aussi pour avoir signalé l'ouvrage de François Vernier que je vais me procurer.
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T
Merci pour cet article très intéressant, et, comme toujours, pour les belles photos. <br /> Une fleur que j'ai souvent vue, mais jamais assez remarquée pour en rechercher le nom.<br /> Il y a quelques années, un chauffeur de taxi d'Alsace Bossue m'a expliqué, lors d'un long et joli détour par la campagne (pour cause de travaux) que la raison pour laquelle une route qui contournerait Sarre-Union n'avait jamais été construite était UNE SEULE FLEUR obsidionale et rare. <br /> <br /> Il n'a pas été en mesure de nommer la plante. Il n'a pas utilisé le mot obsidional non plus, ce qui est peu étonnant ; ce terme, je l'ai appris il y'a quelques mois seulement, grâce à l'ANAB.<br /> <br /> La carte de répartition de cette plante nous apprend qu'elle est très présente en France.<br /> J'imagine que les informations glanées par le chauffeur de taxi étaient à la fois exagérées et simplistes, et que l'importance du réservoir de biodiversité autour de Sarre-Union lui avait complètement échappé.<br /> https://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/1_alsace_bossue.pdf<br /> https://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/fiches_synthetiques_reservoirs_de_biodiversite.pdf<br /> <br /> Je voudrais signaler l'ironie de la faute de frappe dans le nom de famille de Bernard - malgré la relecture 😳😊
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R
Merci Toll de ce commentaire étoffé. Je vais essayer de répondre à tes interrogations.<br /> <br /> Pour ce qui est du contournement de Sarre-Union bloqué par « une seule fleur ». il s'agit en fait du mensonge propagé sur les radios et journaux, par un élu favorable au projet.<br /> La musique était " vous vous rendez compte "ils " bloquent ce projet pour une seule fleur protégée, la Scabieuse des prés, alors qu'elle n'est pas protégée en Lorraine.<br /> Cette musique est arrivée jusqu'à ton chauffeur de taxi.<br /> Par la suite ce même élu a signé une convention avec Alsace Nature d’un projet d'arrêté de protection sur le biotope concernant ce périmètre du contournement et comportant 101 espèces et milieux protégés.<br /> Cherchez l'erreur.<br /> Ce projet, soutenu par les élus du coin, est tout à fait prêt et toujours dans les tiroirs👿.👿. Il manque juste de l'argent et quelques hectares de prairies compensatoires réclamées par le CNPN.<br /> <br /> Je revendique et présente mes excuses pour la faute de frappe concernant le nom du relecteur. Il n'y est pour rien puisqu’elle a été faite après sa relecture...🙁
P
Merci pour cet article très complet, comme toujours.<br /> J'avais appris ce terme"obsidional' lors de la découverte de Carex brizoides dans la plaine d'Ambert, en bord de Dore.
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R
Merci Pomme 63 , de ton commentaire. Le terme obsidional ne fait pas partie du langage courant. Une visite par le livre de François Vernier ou des liens internet permettent de découvrir certaines plantes sous un autre jour. On les croyait chez nous depuis toujours et ce n'est pas le cas comme aussi ce Carex brizoides