Enquête mycologique, épisode 69, Inocybe geophylla
Publié le 3 Décembre 2022
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 6 octobre 2022, dans la forêt de Siltzheim. Voilà une famille de champignons difficiles qui attend notre enquêteur
Arme du crime
C’est un champignon qui pousse au sol, sans agglomérer des débris de bois à la base du pied. Nul doute qu’il est mycorhizien.
Profil du suspect
Son profil est classique, pied chapeau. C’est un champignon à lames, adnées échancrées. Le chapeau est conique, campanulé, les lames gris terreux, mais surtout une odeur spermatique. Le pied est blanc.
Un réflexe à retenir : quand on est en présence d’un champignon à chapeau conique, souvent fibrilleux, avec des lames grisâtres et surtout une odeur spermatique, on est très certainement dans le genre Inocybe. Groupe assez difficile, l’appel à la police scientifique est quasiment indispensable.
Sporée
Même pas besoin ici de faire une manipulation spécifique puisque la sporée d’un champignon s’est déposée sur le dessus du chapeau du champignon situé en dessous. Sans surprise, pour un inocybe, elle est de couleur brun-tabac.
Examen part la police scientifique
Les spores sont quasiment en forme d’ellipses et lisses.
Les cheilocystides sont métuloïdes, c’est-à-dire à paroi épaisse longuement incrustées vers le sommet.
Les basides sont tetrasporiques.
La détermination de Inocybe geophylla (Sowerby) P. Kummer (1871), l’inocybe à lames terreuses, est confirmée.
Statut selon l’INPN : LC (Préoccupation mineure) sur la liste rouge des champignons supérieurs menacés d’Alsace
La conclusion de l’enquêteur
Un inocybe, ce n’est jamais une mince affaire. Il reste un genre encore aujourd’hui mal connu des mycologues et peu de mycologues s’y frottent vu la complexité de ce groupe. D’identification difficile, certains restent faciles à déterminer sur le terrain avec un peu d’expérience. Cette espèce est assez typique, relativement commune sur sol argilo-calcaire, aussi bien sous feuillus que sous calcaire
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)