La Cécidomyie du hêtre,- La galle des feuilles de hêtre (Mikiola fagi)

Publié le 9 Novembre 2022

La Cécidomyie du hêtre,- La galle des feuilles de hêtre (Mikiola fagi)
La Cécidomyie du hêtre,- La galle des feuilles de hêtre (Mikiola fagi)

Voici une anomalie de feuille de hêtre que vous avez sans déjà repérée en forêt. Quelle en est son origine ?
Roland

Les galles sont des excroissances produites par les végétaux en réaction à des piqûres d’animaux parasites. On les désigne sous le nom de cécidogènes. Plus de 75% sont le fait d’insectes, 15% d’araignées. Les autres proviennent d’attaques de bactéries, champignons ou vers.
Le végétal est perturbé par certains produits chimiques émis par le parasite. Vous avez tous vu la galle du rosier, appelée aussi Bédégar. La piqûre d’une petite guêpe, un cynips nommé Diplolepsis rosae provoque une boursouflure en forme de petite perruque. Sa piqûre et la présence de la larve perturbe la croissance des cellules végétales. Celles-ci vont s’allonger mais seulement sur un côté ce qui va provoquer la formation de fils pouvant  atteindre 10 cm :

La cécidomyie du hêtre est provoquée par le développement sur une feuille d’une larve d’une petite mouche, Mikiola fagi.

Nom scientifique : 
Mikiola fagi (Hartig, 1839)


Origine du nom : Mikiola, provient du nom de
Joseph Mik (1839-1900) un entomologiste morave spécialiste des diptères. Il est contemporain de Jean-Jacques Kieffer natif de notre région (Bitche 57). Le genre MIKIOLA est un hommage donné par Kieffer à son confrère. Avant de le renommer ainsi le genre était décrit sous le nom HORMOMYIA (ou OLIGOTROPHUS).
Merci jc d'avoir complété ce paragraphe qui était bien vide.
"Fagus" est le nom latin du hêtre.


Nom Allemand: Buchengallmücke auch Große Buchenblattgallmücke


Nom anglais : beech gall midge


Classification Les cécidomyes  appartiennent à la famille des
Cecidomyiidae et  à l’ordre très important des Diptères ( du grec di, deux et pteron, ailes).
Ce groupe comprend les insectes aux noms vernaculaires de mouches, syrphes, taons, moustiques. Ils sont le deuxième groupe, après les hyménoptères (abeilles…), le plus impliqué dans la pollinisation.  Ils ont un rôle très important dans la dégradation des détritus de toutes sortes puisque certains sont coprophages et nécrophages tandis que leurs larves, détriphages , vivent et se nourrissent dans la boue, les milieux putrides ou l’eau. Ils produisent ainsi de grandes quantités d’humus.

Nombre d’espèces : il existerait 150 000 espèces de mouches ou de diptères dans le monde. Ce sont des insectes qui ont la particularité d’avoir deux ailes membraneuses et deux ailes rudimentaires, les balanciers. Ces balanciers en forme de mini haltères leur permettent de faire des acrobaties en vol et du surplace à la manière des hélicoptères. Quelques diptères parasites sont devenus aptères car ayant perdu leurs ailles.

 

Famille des Cecidomyiidae
Pour approfondir cette  famille sachez que l’on en dénombre au moins 6000 (selon les sources) .espèces différentes Ce sont des diptères nématocères (antennes en fil, plus de 3 articles).
Il sont caractérisés par leur petite taille, leurs longues antennes, en moyenne 12 à 14 articles, et jusqu’à 40 articles. Leurs ailes  sont transparentes, souvent velues et leur nervation peu développée. Leurs pièces buccales sont peu développées. Leurs yeux sont globuleux et peuvent voir dans toutes les directions. Ils sont la nourriture de base de nombreux oiseaux comme les hirondelles,  et aussi des chauves-souris. Les larves créent des gales dans les végétaux et certaines espèces parasitent les végétaux même à l’âge adulte. La
Mouche du blé, Mayetiola destructor cause de sérieux dégâts aux cultures de blé, d’orge et de seigle. Il existe des espèces qui s’attaquent à d’autres cultures et ou qui les protègent car ils prédatent des ravageurs  comme les pucerons et les cochenilles. Certains sont élevés par des industriels pour  être utilisés en lutte biologique.
Une étude au Canada sur l’ADN des insectes présents donnait une estimation de 16 000 cécidomyiidés pour ce seul  Canada. Ceci équivaudrait à  1 000 000 d’espèces au niveau mondial. Un tel foisonnement d’espèces  bousculerait tous les chiffres sur les diptères et insectes.

Observation : le 28 octobre à Lemberg (57)  

Dimensions: 4 à 5 mm de long

Durée d’observation: mars à juillet


Description : il est difficile   d’observer cette mouche de couleur brun-noir vraiment minuscule.

Nourriture:
La nourriture des adultes n’est pas un gros sujet d’étude car je n’ai pas trouvé de précision. Avec des pièces buccales peu développées, cette mouche ne peut se nourrir que de nectar des fleurs et de pollen, Son espérance de vie est très réduite, sans doute quelques jours.

 

Reproduction: au printemps, mars et début avril, la Cécidomyie du hêtre émerge de sa galle. Après fécondation, la femelle pond 200 à 300 œufs sur les feuilles de hêtre à la fin du printemps. La petite larve qui va sortir de l’œuf va provoquer par sa morsure de la feuille la formation d’une galle en forme de fuseau. La galle est induite par les substances émises par la larve qui perturbent la croissance des cellules végétales Elle va grandir, pousser autour de la larve de manière synchrone et se refermer autour d’elle. Elle peut atteindre une taille de 5 à 10 mm. La larve elle-même n’est visible qu’à la loupe ou avec de très bons yeux et atteindra au plus 4 mm au stade final.


Chaque galle ne contient qu’un individu. Les galles obtuses contiennent des individus femelles tandis que les  galles pointues en forme de citron, contiennent des mâles.  La galle est verte au début et devient jaune puis rouge à l’automne accompagnant ainsi le changement de couleur des feuilles du hêtre.
Les différents stades ont lieu à l’intérieur de la galle jusqu’à la formation d ‘une nymphe dans une pupe caractéristique des mouches.
C’est à ce stade, fin octobre, que la galle tombe à terre et sous cette forme qu’elle va hiverner dans la litière du sol.

L’insecte (imago) n’en sortira qu’au début du printemps.


Cycle biologique et activité:

Des fluctuations de cette galle se produisent avec un pic tous les 7 à 10ans. Elle n’a pas d’effet visible sur la croissance d’un hêtre adulte mais peut perturber la croissance d’un jeune hêtre.

 

Habitat: il est identique à celui du Hêtre commun, Fagus sylvatica, présent dans toute l’Europe tempérée. Les galles semblent plus fréquentes dans les zones ensoleillées et dans le haut de l’arbre.



Prédateurs et dangers: les petits rongeurs raffolent de ces galles riches en protéines. Les  chauves-souris, oiseaux et les  pesticides de l’agriculture intensive  et aussi de petites guêpes parasitoïdes limitent la pullulation de ces insectes.. 



Statut de protection : espèce non protégée par la loi.





Texte et photos  Roland Gissinger (Anab)





Webographie : 

https://ephytia.inra.fr/fr/C/20307/Forets-Galle-des-feuilles-de-hetre
Vous aimez les galles végétales ? oui, alors vous êtes cécidologue ou bien le Prince de Galles 
https://www.animateur-nature.com/guide-galles/espece-galles1.html
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J
Étymologie : Joseph Mik (1839-1900) est un entomologiste morave spécialiste des diptères. Il est contemporain de Jean-Jacques Kieffer. Le genre MIKIOLA est un hommage donné par Kieffer à son confrère. Avant de le renommer ainsi le genre était décrit sous le nom HORMOMYIA (ou OLIGOTROPHUS).
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J
Le nom du genre MIKIOLA aurait été donné en 1896 par notre éminent entomologiste bitchois Kieffer.
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R
Ça alors, incroyable. Merci jc..
B
Intéressant ce voyage au pays de (la) galle.
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R
Merci Bernard, as-tu mis ton beau costume de.Prince de G.. pour le voyage?