La Fougère femelle, Polypode femelle (Athyrium filix-femina)
Publié le 16 Novembre 2022
Voici une belle fougère et l’une des plus communes de nos forêts de l’Est. L’identification des fougères reste un art difficile.
Roland
Nom scientifique : Athyrium filix-femina (L.) Roth, 1799
Origine du nom: dérive du grec «thurion», petite porte, car l’organe reproducteur est couvert par une membrane qui s’ouvre comme la charnière d’une porte. « filix-femina», vient du latin « filicis », la fougère et femina, féminin, donc, « fougère femelle ». C’est une allusion à sa forme élégante et féminine comparée à une autre fougère commune, la Fougère mâle. Ce nom pourrait aussi provenir de son utilisation ancienne en gynécologie.
Autre nom commun : Athyrium fougère-femelle
Nom commun allemand/ dialecte : Wald-Frauenfarn, Frauenfarn
Nom anglais : Lady-fern
Date de l’observation: le 11 novembre en forêt de Danne-et-Quatre-Vents (57)
Les fougères, constituent l’une des 4 divisions des plantes sans fleurs ni graines dénommées Ptéridophytes. Elles diffèrent de ce sens de la très grosse majorité des fleurs et arbres comme la marguerite, le pommier…. Elles sont présentes surtout dans les zones forestières et humides des pays tropicaux et chauds.
Elles possèdent une partie souterraine gorgée de réserves, le rhizome qui émet des racines. La partie qui sort du sol est une feuille même si elle prend une allure de petit arbre pour certaines espèces tropicales, « les fougères arborescentes ». Cette feuille est dénommée « fronde » et porte à son envers des petits sacs ou sporanges contenant des spores. Une spore emportée par le vent et la pluie va germer en tombant au sol. Elle va produire un minuscule organisme vert en forme de cœur, le prothalle, qui portera des gamètes mâles et femelles. Pour qu’elles se rencontrent il faut de l’eau. C’est une fécondation aquatique donc très différente des plantes à fleurs dont la fécondation est toujours ou presque aérienne.
Famille de plantes : celle des Aspleniaceae selon worldfloraonline et Kew.org ou celle des Woodsiaceae selon l’INPN et wikipedia..
La classification des fougères est complexe. Elle a été remaniée plusieurs fois et ne semble toujours pas figée. Il est donc inutile de rentrer dans les détails si déjà les spécialistes ne s’entendent pas entre eux.
Catégorie : plante vivace, grande fougère en touffe aux frondes non persistantes
Hauteur: 20 à 130 cm
Tiges et racines: pétiole glabre sur un rhizome allongé assez épais et ayant souvent une longueur de 30cm
Rappelez-vous que le rhizome n’est pas une racine mais une tige souterraine horizontale. La preuve, elle possède des nœuds très visibles à partir desquels de nouvelles « tiges » peuvent pousser. Ces « tiges » ou nouveaux rhizomes se terminent par des racines et poils radicants. Le rhizome est donc une tige à allure et fonction de racine !
« Feuilles »: pour les fougères, l’organe qui sort de terre enroulé en crosse, la fronde, n’a pas de tige mais un pétiole car elle est analogue à une feuille. La partie large et vert-foncé de la fronde est le limbe. La fronde est 4 à 5 fois plus longue que large et se réduit au sommet. La nervure principale porte peu d’écailles qui sont de forme lancéolée. Les écailles sont ces squames brunes qui couvrent en partie le pétiole. Le limbe est vert clair et finement découpé en petites divisions dénommées pennes (2.5 à 3 fois plus longues que larges), puis pinnules dentées.
Ils sont couverts de petits poils lorsque la fougère est jeune et peuvent apparaitre comme laineux.
La base du pétiole ou rachis est verte ou rougeâtre et porte quelques écailles.
Sporulation: juillet à octobre mais surtout juillet- août. La feuille apparait en avril et disparait en se desséchant en fin d‘année
Les fructifications des fougères sont appelés « sores ». Ce sont des amas de petites boules brunes ou sporanges sous le limbe. La Fougère femelle a des sores en forme de rein (réniformes) protégée par une membrane persistante très fine, l’indusie.
Ils sont disposés en rangs entre le bord des pennes et la nervure
Ils sont blancs et deviennent bruns à maturité. Ils produisent alors de très nombreuses spores, 20 à 80 millions. En germant elles donneront naissance à un gamétophyte, une petite feuille miniature qui possède des organes mâles et femelles. En présence d’eau, les gamètes ou cellules sexuelles mâles et femelles se rencontrent et fusionnent. L’embryon formé se développe et produit des racines et un limbe.
Le cycle de cette plante est résumé dans le schéma
Confusion : elle ressemble à d’autres fougères dont la Fougère mâle aux sores différentes et aux découpes moins fines.
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Habitat : C’est une espèce faiblement silicole que l’on trouve souvent sur calcaire. Elle est dans les lieux humides et ombragés comme les forêts aux sols lourds, les pentes, les rochers. Elle est présente sur toutle continent jusqu’en Extrême-Orient, partout en forêt humide jusqu’à 2400 m. Elle est absente des forêts sèches et du pourtour méditerranéen.
Protection : la Fougère femelle, est une des fougères les plus fréquentes. Elle n’a pas de protection légale.
Usage alimentaire :
Le rhizome de cette fougère et les jeunes pousses étaient consommés autrefois après avoir été rôties à la poêle chez certaines peuplades.
Utilisations médicinales:
Les usages traditionnels rapportés sont liés à l’accouchement et aux menstruations et d’autres, à la toux, aux problèmes respiratoires et de digestion.
Il n’existe pas de documentation sérieuse sur l’efficacité de cette plante et donc on s’abstiendra.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité