L’arbre du mois : l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Publié le 21 Décembre 2022

l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Troncs et aiguilles mucronées de l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
Troncs et aiguilles mucronées de l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
Troncs et aiguilles mucronées de l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Troncs et aiguilles mucronées de l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Après le mélèze qui vous est  bien connu car c’est le seul conifère de nos régions à perdre ses aiguilles, penchons nous sur un arbre de première importance pour l’industrie du bois.

Bernard et Roland


Nom scientifique : Picea abies (L.) H.Karst.1881

Origine du nom : « picea »  vient de pix, lapoix, et   de abies, origine floue, qui désignait sans doute le sapin.

Autre nom commun : Pesse, Fie, Pin pleureur, Sapin du Nord, Sérente etc ….

Nom en dialecte et allemand : Fichte, Rottanne, Gemeine Fichte, Gewöhnliche Fichte, Rotfichte

Nom anglais : Norway spruce or European spruce

Date de l’observation: le 19 décembre à Zittersheim (67)

Famille de plantes : c’est la famille des  Pinaceae . Cette famille regroupe 11  genres de  ces plantes à fleurs nues ou gymnospermes comme les sapins, épicéas et mélèzes. Ces derniers sont très répandus comme arbres en forêt, en sylviculture et acclimatées sous toutes les latitudes. Au total il existe environ 220 espèces, en majorité des arbres et quelques arbustes. Certains comme le sapin de Douglas peuvent atteindre 70 mètres de haut. Une des particularités des arbres appartenant aux Pinaceae est la production de résines odorantes. De part leur toxicité, elles les protègent  contre l’écorçage et le broutage par animaux. Les constituants de ces résines sont des carbures terpéniques dénommés pinènes.
Les feuilles sont des aiguilles enroulées en spirale ou en touffes.
La majorité des espèces sont à feuilles persistantes  (de 2 à 10 ans) mais certains comme les mélèzes perdent leurs aiguilles. Les cônes sont le plus souvent ligneux (de la consistance du bois).
Les pinacées ont une grande valeur économique. Ils couvrent d’immenses zones dans les régions boréales et sur certains massifs comme les Vosges et les Alpes. Ils sont cultivés pour fournir du bois aux industries de construction, de fabrication de mobilier ou pièces spéciales et au chauffage domestique

Type : conifère droit à port pyramidal et aux aiguilles persistantes

Hauteur: 30 à 40 m et jusqu’à 50  mètres (record à 62 m). Il peut croitre de 1 mètre par an pendant les 25 premières années dans de bonnes conditions.


Tronc : droit, prolongé par des racines peu profondes qui rayonnent en surface. Il peut atteindre 1.5 mètre de diamètre.
Écorce de couleur brun-rougeâtre, écailles arrondies, fines sur les jeunes arbres devenant grandes et irrégulières avec l’âge.

Racines : elles sont peu profondes dans les milieux très humides et  rayonnent en surface. Dans ce cas, son enracinement le rend très fragile et sensible aux coups de vent.  Si le sol est profond et l’eau présente en profondeur il sera bien plus résistant en développant des racines de plusieurs mètres.
Cet arbre vit en étroite symbiose avec de nombreux champignons comme les cèpes, les russules, les amanites et d’autres…Rappelez-vous  que la mycorhise permet à l’arbre de recevoir eau et sels minéraux et de donner aux champignons des matières organiques.

Longévité : 300 ans résiste bien aux très grands froids (-60°C) mais est sensible à la pollution de l’air et aux gels tardifs quand il a redémarré sa photosynthèse au printemps. Dans les pays du nord comme en Norvège et Suède il existe des épicés très chétifs, de 2 mètres mais âgés de plus de 8000 à 10 000 ans. Le bois racinaire de l’’un d’entre eux a été daté à 9 550 ans. Vous avez bien lu. Le froid et l’altitude ont fait grandir ces arbres à vitesse d’escargot et les ont préservés des ravageurs et autres aléas.

Feuillage: ce sont des aiguilles persistantes, de 12 à 25 mm, de couleur vert sombre, de section carrée et se terminant par une pointe ligneuse (mucronées). Elles sont insérées en spirale autour du rameau. Les aiguilles distinguent l'Epicéa des sapins comme le souligne La Hulotte.

 

Cônes mâles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
Cônes mâles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Cônes mâles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Cônes  femelles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
Cônes  femelles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)
Cônes  femelles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Cônes femelles d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Graines ailées d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Graines ailées d'Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

répartition selon Inpn de  l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

répartition selon Inpn de l’Épicéa commun, Épinette de Norvège (Picea abies)

Floraison: de mai à juin. Les premières fleurs apparaissent après que l’arbre ait atteint 40 ans. L’épicéa ne fleurit que tous les 7 ans environ.
 
Fleurs: l’épicéa étant monoïque, les fleurs mâles et femelles sont distinctes  mais réunies sur le même arbre. Rappelez-vous que la plupart des plantes à fleurs ont les organes  mâles et femelles réunis sur une fleur unique et sont hermaphrodites comme les marguerites, les roses, les tulipes…
Chez l’Épicéa, les chatons mâles, mesurent de15 à 25 mm et sont jaune-orangé. Les cônes femelles, de 20 à 40 mm, ont des écailles rouges mêlées de vert ou entièrement verts.  A maturité, vers septembre, octobre dans nos régions, les écailles vont brunir et se lignifier. Le cône dressé avant maturité devient pendant.

Confusion possible : oui, avec d’autres conifères et en particulier le Sapin blanc (Abies alba). Les aiguilles du Sapin blanc ne piquent pas et sont disposées presque à plat, et non pas insérées en spirale comme chez l’Épicéa. Les cônes mûrs sont dirigés vers le haut et l’écorce du Sapin blanc est gris clair.
Les différences les plus évidentes entre les résineux résident dans la taille des cônes, et la forme et disposition des aiguilles.
Les scientifiques estiment que l’Épicéa du nord, de la Taïga, Scandinavie et Russie est une sous espèce différente de celui de nos régions, qui est le Picea abies subsp abies, dont les aiguilles sont pointues et non pas arrondies.

Fruit : Les cônes, de 10 à 20 cm sont les plus longs des conifères et ont besoin d’une année pour que les graines atteignent la maturité. Ils sont  pendants et  ne se désarticulent pas. Sous chaque écaille se trouve  une petite graine de 5 à 6 mm accrochée à une aile de 15 mm.


Habitat: l’épicéa a été planté massivement dans toute la France. Les zones de culture intense sont dénommées pessières, mot souvent utilisé par les forestiers  et « hagis » dans les Vosges. L’Épicéa n’aime pas les sols secs. Il tolère le calcaire. Dans notre région il n’est spontané que dans quelques rares vallées vosgiennes  (Val de Straiture, Senones). Il a été planté en monoculture, en rangs d’oignons partout dans les Vosges et ailleurs.  Cette pratique le fragilise et acidifie les sols détruisant ainsi une grande partie de la biodiversité.
Présent dans toutes les régions. Il est depuis quelques années victime du désamour des forestiers. Il est attaqué massivement par des insectes en raison des hivers doux dus au  changement climatique. De plus, il ne résiste pas bien aux coups de vent de plus en plus fréquents.

Protection : arbre planté ne bénéficiant d’aucune protection légale. Il est considéré comme menacé (classement NT) en Lorraine par suite des années successives de déficit hydrique et des attaques importantes des insectes de type scolyte.

Ennemis :
Le grand danger pour l’Épicéa est la sécheresse. Les spécialistes prédisent sa disparition avant que le réchauffement de 2°C du globe soit atteint. En temps normal, sa résine lui permet de se défendre contre les insectes, en particulier contre les 4 espèces de scolytes, dont le Bostryche typographe, Ips typographus responsable de la disparition de centaines  de milliers d’hectares d’Épicéa séchés sur place sans valeur commerciale (1 euro le stère) Les sécheresses successives de 2018,2019,2020, 2022 ainsi que les incendies en Sibérie  ont grandement affecté les surfaces européennes et russes d’Épicéa.

 


Selon l’humidité ambiante et celle du sol, il devient aussi sensible aux mycoses provoquées par la maladie du rond (Fomes annosus), les  armillaires et d’autres champignons.


Utilisation :
La  plantation se fait en rangs serrés écartés de  2.5 m les uns des autres. Le nombre de plants varie de 400 par hectare en  faible densité, à 1000 en forte densité. En l’absence de lumière, les branches basses de l’Épicéa s’élaguent d’elles-mêmes au fur et à mesure de leur croissance.
 Il en résulte des populations homogènes et productives. A 60 ans l’Épicéa peut être récolté ! Ce scénario est fortement contrarié par le changement climatique.

Son bois de cœur blanc, aux belles qualités esthétiques et aux excellentes  propriétés mécaniques et de conservation est très apprécié. L’Épicéa est un bois à tout faire. Les troncs de petit diamètre ou de plus mauvaise qualité, ainsi que les découpes partent à la papeterie, en bois de coffrage, panneaux de particules et pellets de chauffage. Les grandes grumes partiront en bois de charpente.
Les troncs plus fins servent de bois de placage, poteaux, et même lutherie. Des qualités spéciales ont été utilisées pour fabriquer les fameux violons « Stradivarius ».

Il existe plus d’une centaine de variétés d’Épicéa, de formes et d’allures différentes. Ils ont été largement utilisés dans les jardins et comme « sapins de Noël ». Dans nos régions il a été remplacé ces dernières années  par le Sapin de Nordmann, qui garde ses aiguilles plus longtemps.


Les forêts plantées avec cet arbre sont des abris pour les oiseaux comme le Pic noir, le Bec-croisé, le Rouge-gorge, les hiboux, les geais… mais aussi le cerf, les sangliers, certaines plantes comme le Monotrope sucepin, et une multitude d’insectes.

Usage alimentaire :
Les jeunes aiguilles peuvent être utilisées pour fabriquer du thé ou de la bière riche en vitamine C, en prévention au scorbut..

Usage médicinal :
Les jeunes pousses d’aiguilles ont été utilisées en médecine traditionnelle sous la forme de thé ou bains externes pour guérir les troubles des voies respiratoires, les maladies de peau, les infections et les maladies digestives.
La résine de l’Épicéa  possède des propriétés antiseptiques, fongicides, expectorantes et sédatives. Sa distillation fournit de l’essence de térébenthine.


Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.




Texte et photos  Roland Gissinger (Anab)- )- et Bernard Weinzaepflen (Anab)


Sources bibliographiques voir index biodiversité
article sur Epicéa très complet wikipedia
Numéros spéciaux l'Epicéa de La Hulotte

Rédigé par ANAB

Publié dans #Arbres, #Biodiversité de notre région

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article