Le Panicaut de mer, Chardon des dunes, Chardon bleu, (Eryngium maritimum) et photos du Panicaut champêtre (Eryngium campestre)
Publié le 11 Décembre 2022
Cette belle plante ressemble à un chardon mais n’en est pas un. Elle est le symbole et un ornement du rivage, en particulier des zones dunaires. Il existe un autre panicaut dans nos régions continentales, le Panicaut champêtre, Eryngium campestre assez proche dont je vous présente quelques photos.
Roland
Nom scientifique : Eryngium maritimum L., 1753
Origine du nom scientifique : vient du grec «eruggarein» «éructation» en vertu de la recommandation comme remède à la flatulence par le fameux médecin grec Dioscoride. « Eryggos » désignait déjà sous les grecs cette plante épineuse. Le latin « maritimum », signifie « de la mer », le bord de mer est le lieu de vie de cette plante.
Autres noms communs: Chardon Roland, Chardon des dunes, Chardon bleu des sables.
Allemand/ dialecte: Stranddistel, auch Meer-Mannstreu
Anglais : sea holly or sea eryngo, or sea eryngium
Date et lieu de l’observation : le 15 juillet à Bréhat (22)
Famille de plantes : C’est la famille des Apiacées, autrefois dénommée Ombellifères. Elle inclut la carotte, le fenouil, le persil ainsi que d’autres plantes de nos jardins.
Cette famille comprend 3000 espèces de par le monde. Caractéristique commune : les fleurs sont disposées en ombelles souvent déclinées en petites ombellules, à l’origine de l’ancien nom de famille. Elle est assez homogène avec ses fleurs de type 5, 5 pétales, 5 étamines libres, 2 carpelles soudés en un ovaire dit infère. A noter que la fleur est de symétrie axiale mais les pétales de la périphérie sont souvent plus grand que ceux situés vers l’intérieur de la fleur. Les ombelles sont de forme variable et c’est un élément essentiel pour leur identification. Il faut regarder de très près certaines espèces et chaque détail à la loupe. Les Apiacées sont souvent aromatiques, comme la coriandre, la livèche, et parfois comestibles, mais quelquefois extrêmement toxiques, comme la Grande cigüe ou allergènes, comme la Berce du Caucase.
Les plantes sauvages de cette famille sont à observer avec beaucoup d’attention pour ne pas se tromper d’espèce et ainsi éviter une intoxication grave. Le mieux est de s'abstenir de les consommer si vous n'avez pas de connaissances botaniques.
Il existe plus de 250 espèces dans le genre Eryngium sur notre planète et une dizaine en France dont le fameux Eryngium alpin protégé et très spectaculaire. Inutile de le cueillir, il se trouve aussi en jardinerie.
Catégorie : plante bisannuelle ou vivace, glabre, glauque. Elle est qualifiée d’halophyte (résistante au sel), de xérophyte (résistante à la sécheresse) et même de psammophyte. Ce dernier qualificatif, peu connu, signifie que le Panicaut de mer est adapté au sable et à son agression provoquée par le vent.
Port et tige : tiges rameuses, striées. Racine très profonde (jusqu’à
Hauteur : 30 à
Feuillage feuilles à trois lobes peu divisés, et coriaces. Elles résistent à l’abrasion des grains de sable car elles sont recouvertes d’un revêtement végétal dur comme du plastique. Les feuilles sont ondulées sur les bords et très épineuses. Les pointes sont plus longues que celles des autres panicauts.
Elles sont vert violacé et enroulées quand elles sont jeunes. Elles ont une bordure blanche épaisse. Les feuilles du bas qui mesurent de 5 à
Floraison : juin à octobre
Couleur des fleurs : bleu violacé à blanc. Les fleurs de
Disposition des ombelles : Les ombelles principales ou primaires portent 2 à 4 bractées (= petites feuilles) non découpées, à trois lobes, très épineuses. Des rayons inégaux, de 2 à 6, portent des ombellules qui portent les glomérules de fleurs.
Pollinisation : fleurs pollinisées par des papillons et d’autres insectes.
Fruits : ce sont des akènes, de 13 à
Habitat : dunes mobiles de l’Atlantique et du nord de la Méditerranée, riches en calcaire. Même s’il n’a besoin que d’un minimum d’éléments nutritifs, il disparait de certaines dunes trop pauvres. Il est plus rare sur les côtes de la Manche et de la mer du Nord
En Europe il est présent sur les zones côtières du sud de la Scandinavie à la mer Noire.
Il est présent sur des habitats aux conditions extrêmes avec de forts vents d’eau salée, des températures élevées ou très basses, du soleil dense et des risques d’enfouissement par le sable.
Confusion possible : oui, avec d’autres Eryngium comme le Panicaut champêtre, l’Eryngium campestre de nos régions. Il est rarement sur le littoral. Ses fleurs ne sont pas bleutées et ses feuilles sont coriaces. Il est présent sur les terrains calcaires très secs et exposés au soleil
Statut de protection de la plante
Le Panicaut de mer est victime de la dégradation des dunes et du vandalisme des ignorants
Il est classé critique (CR) en Haute-Normandie, vulnérable (VU) en Picardie. Il est sous statut de protection régionale en Bretagne, Nord-Pas-de-Calais, PACA, Aquitaine et protégé de la cueillette en Manche, Calvados, Loire-Atlantique. Il est classé Znieff dans toutes ces régions et départements.
Usage horticole
Le risque de disparition du Panicaut maritime provient de sa faculté à former en se desséchant naturellement, de magnifiques bouquets identiques à l’original. Le lapin quand il existe en forte densité, le broute et peut aussi constituer un danger.
Usage alimentaire :
En Angleterre, du XVI ème au XIX siècle les racines de Panicaut maritime étaient confites et vendues comme friandises et aphrodisiaques. Ils sont fous ces bretons comme dirait Obélix. Les racines bouillies sont comestibles après cuisson.
Usage médical :
traditionnellement consommée pour lutter contre diverses affections (voir plus bas), notamment grâce à la forte activité antioxydante de la plante et à sa teneur en composés phénoliques et flavonoïdes dont des triterpènes.
Le Panicaut maritime a été utilisé pour ses propriétés diurétiques, stimulantes, antilithiasiques, aphrodisiaques, expectorantes et vermifuges. De plus, les huiles essentielles, extraites par distillation à l’eau, des parties aériennes de la plante contiennent des sesquiterpènes oxygénés avec activité antimicrobienne contre E. coli et L. monocytogenes
Extrait ci-dessous de l’article de wikiphyto
Composants principaux de la plante communs aux eryngium :
flavonoïdes : carvacrol, naringénine, catéchine, acide t-cinnamique
nombreux minéraux : sodium, potassium, calcium, magnésium
Saponosides (saikosaponine c, a, et d) et stérols anti-inflammatoires Endo-α-(1→4)-polygalacturonase (PG-1, PG-2, and PG-3) (Bupleuran 2IIc)
Un composant marqueur est l’eryngial. L’huile essentielle des eryngium possède des propriétés antibactériennes démontrées.
Propriétés de la plante :
Anti-inflammatoire, diurétique et apéritive
Insuffisante rénale
Antimicrobienne, antifongique, antioxydante
Inhibiteur d’enzymes digestives comme alpha-amylase et alpha-glucosidase
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab) ) - relecture Bernard Weinzaepflen
Propriétés médicinales et études in vitro d’Eryngium maritimum 2019
A Rich Medicinal Plant of Polyphenols and Flavonoids Compounds with Antioxidant, Antibacterial and Antifungal Activities 2012
Voir la bibliographie utilisée dans notre rubrique répertoire- index des plantes