Le Pigeon ramier (Columba palumbus)
Publié le 14 Décembre 2022
Les pigeons et les tourterelles sont des oiseaux très communs. Leur biologie n’est pas toujours bien connue. Voyons ce que nous écrivent les observateurs pour celle du Pigeon ramier.
Roland
Nom scientifique : Columba palumbus Linnaeus, 1758
Origine du nom: vient de « columba » la colombe, le pigeon en latin, et de « palumbus », le pigeon des bois en latin.
Le mot ramier vient de rames, les branches d’un arbre, car ce pigeon niche toujours dans les arbres. Le mot rame est peu utilisé pour désigner une branche d’un arbre. On parle plus de la ramure d’un arbre, l’ensemble de ses branches.
Autres noms communs : palombe, Pigeon biset.
Nom allemand : Ringeltaube
Nom anglais : common wood
Observation: le 2 décembre à Rimsdorf (67)
Famille : celle des Columbidae qui sont des oiseaux de petite à grande taille mesurant de 15 cm à plus de 70 cm tels les pigeons et les colombes. Ils vivent sur tous les continents et dans tous les milieux.
Il existe 350 espèces dont certaines colorées et très différentes de notre pigeon comme le Goura de Victoria de Nouvelle Guinée.
Dimensions et poids :
La longueur du pigeon ramier: est de 40 à 45 cm et son envergure de 70 à 80 cm. Son poids varie de 450 à 600 g.
Longévité : jusqu’à 15 ans mais la survie n’est que de 50% la première année.
Description : mâles et femelles sont identiques d’aspect. Le plumage est de couleur gris à gris bleuté sur la tête et le corps. La poitrine est nuancée de violet. Les rémiges sont foncées et les plumes de queue ou rectrices ont une pointe sombre. Le cou est marqué chez les adultes de nombreuses taches blanches formant un col surmonté d’une tache verte. Les jeunes n’ont pas de taches blanches sur le cou (voir la photo de Claudy).
Le bec est rouge tandis que celui des jeunes est gris et l’iris est jaune pâle.
Particularité du plumage : le plumage est épais mais les plumes sont faiblement attachées. Cette fragilité du plumage est en fait un moyen de se soustraire aux griffes de ses prédateurs comme en particulier l’Autour des palombes. Celui-ci rate souvent son attache et en voulant saisir le pigeon il ne repart qu’avec des plumes.
Le pigeon peut être confondu avec les tourterelles mais il est bien plus grand.
Chant : le pigeon roucoule. C’est un chant guttural et monotone typique des Columbidae
Vol: le vol est rapide jusqu’à 40 à 60 km/h et direct, mais ne peut être maintenu longtemps.
Habitat: cet oiseau très résistant colonise tout type de milieu y compris la montagne, sauf les zones trop chaudes et désertiques. Forestier à l’origine, le pigeon ramier s’est adapté à vivre en ville.
Nourriture : son régime est granivore, céréales, glands, faines mais il picore aussi au sol les jeunes pousses, bourgeons, feuilles vertes , racines et tout insecte ou ver passant à portée de son bec. Le pigeon est très grégaire et quand il se nourrit en groupe, hors de la période de nidification, les oiseaux dominants restent au centre de ce groupe. Ils profitent de la fonction de sentinelle des oiseaux de périphérie et ont ainsi plus de temps pour se nourrir.
En automne, la nourriture est largement disponible. Il ne consacre que 10% de sa journée à la rechercher alors qu’en hiver ce temps passe à 90%.
Le Pigeon ramier est souvent empoisonné par les graines enrobées de pesticides qu’il consomme sur les semis ; en particulier, le fonofos très utilisé pour le maïs, a été retrouvé dans le jabot de 30% de pigeons tués à la chasse.
Reproduction : de mars à juillet
Le changement de plumes ou mue a lieu au printemps. Le début de la première phase de reproduction est lié à la disponibilité de la nourriture et donc de la température de chaque endroit.
Le mâle séduit la femelle par une parade : il fait un vol de 20 à 30 m, ascensionnel rapide et quasi vertical. Arrivé à un point, il plonge en faisant de grands bruits avec ses ailes bien étendues tout en enfonçant sa tête dans le cou pour paraitre plus gros. Cette acrobatie est répétée plusieurs fois ... Après l’accouplement, la femelle cherche une fourche dans un arbre pour y construire son nid, toujours à quelques mètres en hauteur. Elle le confectionne avec des petites branches et brindilles si disponibles.
En ville, les nids sont construits sur des corniches, et sur des îles sans arbres ils sont au sol. Un nid mesure de 15 à 25 cm. Le mâle défendra son territoire autour du nid. Le Pigeon ramier est monogame et fidèle jusqu’à la disparition de sa (son) partenaire.
La femelle couve pendant deux semaines deux (rarement 1 ou 3) œufs, blancs et brillants. Elle peut mener 2 à 3 pontes sur une année. Les petits sont nourris plusieurs fois par jour par les deux parents avec une substance riche en protéines (13 à 19%). Elle est exempte de sucres et est secrétée par le jabot. La durée de cette alimentation est de15 jours. Par la suite les parents vont régurgiter des végétaux prédigérés.
Après 20 à 35 jours les jeunes sont indépendants, puis adultes après un an.
Vie en société :
Le Pigeon ramier n’est grégaire qu’en dehors de la saison de reproduction. Pour se protéger des prédateurs, comme d‘autres oiseaux, les Pigeons ramiers ont pris l’habitude de se regrouper pour migrer, rechercher leur nourriture et s’abriter le soir en hiver. Les dortoirs peuvent quelquefois être situés loin de leur aire de nourrissage, 10 à 15 km et exceptionnellement jusqu’à 65 km. Ils doivent se sentir en sécurité dans un lieu boisé avec vue et ils feront tout pour trouver des lieux de nourrissage plus proches qui leur évitent des dépenses d’énergie inutiles.
Seuls les oiseaux du nord migrent vers le sud à partir de la mi-septembre. Ce sont ces populations qui sont les plus impactées par la chasse, en particulier aux abords des Pyrénées.
Confusion possible : oui avec des espèces voisines. Martine nous donne un truc pour les différencier avec leur œil:
Pigeon biset : iris rouge, Pigeon colombin : iris sombre: Pigeon ramier : iris jaune.
Protection et prédateurs :
Cet oiseau est un des plus chassés de France, plus de 5 000 000. La chasse est encouragée par les municipalités des villes envahies de pigeons. Problème, les pigeons sont tués par des cartouches à grenaille de plomb qui provoquent du saturnisme chez les prédateurs des oiseaux blessés et morts, et des contaminations au plomb un peu partout sur le territoire.
Malgré cela, ses effectifs sont en augmentation et se situent selon l’INPN entre 2 500 000 et 3 500 000 couples et reste l’une des espèces les moins préoccupantes figurant sur la liste de l’UICN, Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Ce pigeon est classé Znieff en Bourgogne-France-Comté et en Corse.
Les prédateurs naturels sont l’Autour des palombes et l’Aigle de Bonelli mais aussi le Hibou grand-duc et les faucons.
L'expression "se faire pigeonner".
Les pigeonniers étaient autrefois symbole de richesse. La quantité de volatiles dans ces constructions était proportionnelle à la surface des terres du propriétaire et, en principe, à sa richesse. Pour réussir de beaux mariages et donc de belles alliances, certains n’hésitaient pas à ajouter de faux boulins, ces trous accueillant les pigeons, afin de se faire passer pour plus fortunés qu'en réalité. La mariée et sa famille se faisaient ainsi "pigeonner".
(copié de projet voltaire)
"être pris pour un pigeon": vient du fait qu'enlever les plumes à un oiseau signifie qu'il perd sa faculté de voler et donc qu'il perd tout. Se faire déplumer, ou se "faire plumer", c'est se faire voler. Le pigeon oiseau commun ajoute un aspect péjoratif à cette expression. Une personne crédule qui se fait voler est ainsi considérée comme "un pigeon".
Article illustré par notre talentueux collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger, relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Bibliographie :
Pigeon ramier