Un parasite du loup qui dicte le choix du chef de la meute
Publié le 13 Décembre 2022
Paru sur Midi libre le 2/12/2022
idée d'article transmise par Christian. Merci Christian.
L'agent pathogène responsable de la toxoplasmose influence le comportement de ces animaux comme le démontre une étude.
Et si l'infection d'un parasite pouvait changer le comportement des animaux ? C'est en tout cas ce que vient de démontrer une étude publiée fin novembre dans Nature Communications Biology.
n effet, après avoir utilisé 26 ans de données comportementales, spatiales et sérologiques sur les loups du parc national de Yellowstone, dans le Wyoming, aux États-Unis, les chercheurs ont pu avancer que les loups infectés par le parasite responsable de la toxoplasmose avaient plus de chance que les autres de devenir chef de meute.
Infection due au contact avec des pumas
Il faut savoir que les loups infectés par la toxoplasmose le sont à la base via les pumas.
Mais comme les loups infectés deviennent moins peureux que les autres, ils vont ensuite davantage au contact des pumas et retransmettent le parasite aux hôtes d'origine. La boucle continue ainsi...
Toxoplasma gondii est un parasite protozoaire capable d'infecter toute espèce à sang chaud et principalement les félins (donc les pumas), mais il peut se transmettre aux loups et aux humains également.
Un parasite qui entraîne le comportement à risque
Les résultats des recherches publiées montrent que les loups infectés adopteraient très jeunes un comportement plus risqué que leurs congénères non infectés.
En effet, ces loups infectés quittent de manière plus précoce leur meute pour tenter de fonder leur propre meute. Ensuite ils adoptent des comportements plus agressifs, plus dominants, expliquant qu'ils deviennent plus facilement des chefs de meute.
Changements hormonaux ?
Les chercheurs expliquent que "des études expérimentales ont montré que les infections chroniques, même chez les individus en bonne santé, peuvent entraîner une augmentation de la production de dopamine et de testostérone. Ces changements hormonaux peuvent entraîner une augmentation de l'agressivité et des comportements à risque tels que l'augmentation des mouvements hyperactifs, l'incapacité à éviter les signaux olfactifs des prédateurs (c'est-à-dire rechercher au lieu d'éviter l'urine des félidés) entre autres".
Résultat les loups infectés sont plus dominants, ont moins peur et sont plus conquérants notamment dans la reproduction.
Des avantages pour le parasite
L'agent se transmet ainsi plus facilement par voie sexuelle, par le fait que les loups vont conquérir des territoires plus éloignés donc la propagation est plus vaste et comme l'animal prend plus de risque il peut mourir plus facilement et le parasite peut ainsi infecter les animaux qui se nourrissent des cadavres.
Quid chez l'être humain ?
Comme le précise l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), cette infection est fréquente en France. "Environ 50 % de la population adulte est infectée généralement sans symptômes apparents. On estime que 200 000 à 300 000 nouvelles infections surviennent chaque année. Chez les sujets en bonne santé, la toxoplasmose est le plus souvent bénigne. Les formes graves sont avant tout observées en cas d'infection d'une mère pendant sa grossesse et transmission secondaire à son fœtus (toxoplasmose congénitale) et chez les patients immunodéprimés".
Mais une curieuse étude, publiée sur PeerJ en mars dernier assure que l'infection par ce parasite des êtres humains entraîne une modification également. Et l'homme ou la femme qui a contracté la toxoplasmose deviendrait selon les chercheurs sexuellement plus attirant et auraient plus de partenaires sexuels... Tout ceci pour permettre au parasite de se propager plus facilement dans la population.
Même si les scientifiques restent prudents et encouragent les recherches sur ce sujet pour compléter leur postulat.
Mais finalement cela pourrait présenter quelques avantages d'être infecté par un agent pathogène quelques fois...