Joubarbe toile d'araignée, Joubarbe aranéeuse (Sempervivum arachnoideum) et Joubarbe des toits (Sempervivum tectorum)
Publié le 25 Janvier 2023
Joubarbe toile d'araignée, Joubarbe-araignée, Joubarbe à toiles d'araignée, Joubarbe aranéeuse (Sempervivum arachnoideum)
Nous n’avons pas encore beaucoup parlé de plante « grasse » sur ce blog. C’est le moment de le faire. Les joubarbes sont des plantes grasses bien connues pour leur aspect original. Cette Joubarbe-araignée à l’inverse de la Joubarbe des toits est une joubarbe que vous ne verrez pas dans notre région mais en montagne ou très dispersée ailleurs comme visible sur la carte de répartition.
Roland
Nom scientifique : Sempervivum arachnoideum L., 1753
Autres noms communs : Voile de la mariée
Nom commun dialecte / allemand : Spinnweb-Hauswurz
Nom anglais : cobweb house-leek,
Date de l’observation: le 17 juillet dans le Cirque de Morgon, commune de Crots (Hautes Alpes)
Famille de plantes : les Crassulacées. Cette famille comprend 1500 espèces de par le monde, réparties en 40 genres.
Caractéristiques communes : le mot « crassus » signifie « épais » puisque leur particularité est d’avoir des feuilles et/ou des tiges épaisses dans lesquelles elles accumulent des réserves d’eau, de sels minéraux, des mucilages (glycoprotéines et polysaccharides comme le sedoheptulose) et des sucres. Les synonymes sont « plantes grasses, succulentes ou crassulescentes». Ces feuilles leur permettent d’être très bien adaptées aux milieux secs, très chauds ou très froids et de coloniser des milieux extrêmes où les autres plantes ne survivraient pas : déserts, sables, rochers,
Une forme sphérique ou épaisse réduit l’écart entre la surface et son volume. Ici pour les feuilles, la surface d’échange des feuilles semi-sphériques est bien plus petite que la surface, à volume égal, que celle des feuilles planes comme celles d’un chêne par exemple.
Les feuilles sont simples, sans stipules, peu découpées et leurs nervures peu apparentes.
Les fleurs sont de symétrie axiale avec des pétales libres ou soudés (genre Umbillicus) et de type 5 : 5 sépales 5 pétales, 10 ou 5n étamines. Il existe cependant de nombreuses autres variations. Les fleurs sont solitaires ou en inflorescences groupées.
L’ovaire possède des carpelles indépendants, chacun étant muni à la base d’une écaille nectarifère pour attirer les insectes. Les fruits sont des follicules, des fruits en forme de sacs, membraneux ou coriaces contenant 1 à plusieurs graines.
Certaines crassulacées ont des propriétés médicinales.
C’est une plante CAM
Vous trouverez dans la littérature que les Crassulacées sont des plantes CAM abréviation de Crassuleran Acid Metabolism., métabolisme acide de type des crassulacées.
La photosynthèse des plantes CAM est différente de la grande majorité des plantes. La paroi des feuilles est épaisse, couverte à l’extérieur d’une cuticule épaisse. Les petites ouvertures ou stomates qui permettent de capter le CO2 de l’air ne s’ouvrent que la nuit. Ce dispositif limite la déperdition d’eau, près de 5 fois moins que les autres plantes dont les stomates sont ouverts en journée.
Le CO2 capté dans l’air est incorporé sous forme d’acide malique dans l’eau des cellules des feuilles. La journée, le carbone contenu dans l’acide malique est libéré et passe dans le chloroplaste, la petite usine à chlorophylle de la cellule , siège de la photosynthèse. Le carbone du CO2 y est transformé en sucres grâce à l’énergie solaire.
D’autres familles de plantes comprennent des plantes CAM comme les orchidées épiphytes qui poussent sur les arbres.
Catégorie: plante vivace, succulente avec des feuilles épaisses remplies de réserves (suc) en écailles à la base.
Après une unique floraison, la tige concernée disparait mais elle laisse derrière elle des rejets qui vont fleurir à leur tour. Il peut à la longue se former un tapis de rosettes. Cette propriété est utilisée pour couvrir les toits végétalisés.
Hauteur: 5 à 15 cm
Tiges et racines: la tige est dressée et couverte d’écailles foliaires roses à rouges.
Feuilles : lancéolées, rassemblées en petites rosettes en forme de petits ’artichauts de 0.5 à 2 cm. Les feuilles sont insérées en hélice et forment une boule compacte plus ou moins ouverte. Ce système permet à la plante de se protéger au mieux tout en limitant les pertes en eau. Il optimise aussi l’énergie et la matière pour la construire. Les bords des feuilles sont ciliés et glanduleux. Curieusement les pointes sont reliées par des cils très fins et forment une véritable toile d’araignée sans araignées! La présence de poils sur les plantes de milieux ensoleillés et secs lui permet de se protéger de la virulence du soleil et de capter l’humidité.
Les pointes des feuilles sont souvent rouges. Le rouge est un autre système de protection contre le froid. Relisez l’article de notre collègue Etienne à ce sujet.
Rosettes et fleurs de Joubarbe toile d'araignée, Joubarbe-araignée, Joubarbe à toiles d'araignée, Joubarbe aranéeuse (Sempervivum arachnoideum)
Joubarbe-araignée, Joubarbe à toiles d'araignée, Joubarbe aranéeuse (Sempervivum arachnoideum)- Photo Bernard Weinzaepflen Anab
Répartition selon l'INPN de la Joubarbe toile d'araignée, Joubarbe-araignée, Joubarbe à toiles d'araignée, Joubarbe aranéeuse (Sempervivum arachnoideum)
Floraison: de juin à août
Fleurs: fleurs de couleur rose à carmin éclatant. Les fleurs de 1 à 2 cm de diamètre sont souvent groupées en épis au bout de courtes tiges couvertes d’écailles foliaires.
La corolle en étoile, à symétrie axiale a 6 à 12 pétales lancéolés marqués par une ligne médiane foncée. Ils sont deux fois plus longs que les sépales. Les étamines plus nombreuses, sont disposées sur un cercle et terminées par des anthères au pollen jaune.
Pollinisation : les étamines arrivent à maturité avant le pistil ce qui évite l’autofécondation. La plante produit du nectar avec ses écailles nectarifères et attire des insectes comme les hyménoptères : abeilles, bourdons.
Confusion : peut se confondre avec d’autres joubarbes. Mais cette Joubarbe aranéeuse est la seule à avoir des poils aussi fins.
La Joubarbe des toits, Seppervivum tectorum plus commune, n’a pas de soies et est bien plus grande. Sa tige atteint 50 cm et ses rosettes 5 à 8 cm de diamètre (contre moins de 2 cm).
Fruits : sont des follicules qui contiennent de minuscules graines. Celles-ci peuvent se développer sur des milieux presque sans humus comme une couche de lichens ou des petites fissures de rocher.
Habitat: cette joubarbe supporte bien les milieux, lumineux, très secs ou/et très froids. C’est une espèce des endroits rocheux, murs, rochers, pâturages, de préférence, acides et pauvres en calcaire. Elle est présente jusqu’à 3000 m, dans les Alpes, le Massif central et les Pyrénées.
Protection : plante protégée dans les régions Aquitaine, Centre et Limousin. Elle est classée critique dans la région Centre et est absente de notre région Grand-Est même s’il existe selon INPN, quelques observations sans doute anciennes.
Elle est classée Znieff dans les régions Midi-Pyrénées et Centre Val de Loire.
Utilisation horticole :
En raison de sa couleur et de sa facilité à se développer avec pas grand-chose, cette joubarbe fait la joie des amateurs de jardin et en particulier des fanatiques de plantes succulentes. Elle est utilisée par certains pour faire des parterres géométriques, colorés et artistiques en mélange avec d’autres espèces. Il existe plus de 3 000 cultivars de formes et couleurs variées de joubarbes chez les pépiniéristes.
Au temps des romains, le suc de joubarbe était utilisé pour lutter contre l’infestation des chenilles.
A prouver.
Utilisation alimentaire :
Aucune
Utilisation médicinale et toxicité :
Cette Joubarbe aranéeuse a dans la tradition médicinale différents usages :
elle était utilisée autrefois comme émollient, hémostatique, sédatif et liqueur ophtalmique. L’application de suc stopperait les saignements externes et du nez.
Les inflammations des oreilles et maux de dents pouvaient aussi être soulagés. Infusée dans du vinaigre, une lotion de joubarbe permettrait de se débarrasser des cors et verrues des pieds.
Wikiphyto ne cite pas cette plante. Vous devez donc être très méfiants et éviter son utilisation avant d’avoir reçu ou lu une preuve scientifique de ses propriétés.
Pour sa cousine la Joubarbe des toits, Seppervivum tectotum il existe aussi de nombreux usages traditionnels. La littérature est plus abondante et ses effets antimicrobiens ont été démontrés. Là aussi une grande vigilance s’impose.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Légende :on dit que la joubarbe est un porte bonheur et protège de la foudre. La tradition cite ce « sacré Charlemagne ». Il aurait fait planter la jourbarbe sur les toits pour chasser la foudre et les mauvais sortilèges des sorciers et sorcières. Le mot Joubarbe vient de « Jovis barba », la barbe de Jupiter, le dieu du ciel et de la foudre !
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Les joubarbes
Usages d’extraits de Sempervivum tectorum Joubarbe des toits
Sources bibliographiques voir index biodiversité